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"Je suis dégoûtée par l’enseignement": à 24 ans, Marine cumule déjà 34 certificats de chômage, aucun emploi stable comme institutrice maternelle

Marine nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour témoigner de son désarroi. Cette institutrice maternelle de 24 ans ne trouve pas de place pour cette nouvelle rentrée académique. Elle épluche pourtant quotidiennement les annonces. Si pendant ses études, on parlait beaucoup de pénurie d’enseignants dans le fondamental, aujourd’hui la situation semble progressivement se résorber. Et l’évolution démographique risque encore de rendre les choses plus compliquées dans les années à venir.

"Je suis diplômée en tant qu’institutrice maternelle depuis septembre 2021. On n’arrête pas d’entendre aux infos que c’est un métier en pénurie. Pouvez-vous donc m’expliquer comment cela se fait qu’il y autant d’institutrices en maternelle et primaire qui cherchent du travail ?", nous demande Marine via le bouton orange Alertez-nous.

Comment voulez-vous que les jeunes d’aujourd’hui puissent se projeter dans leur vie personnelle ?

Tous les jours, c’est la même routine pour cette enseignante de 24 ans. Elle épluche quotidiennement les annonces d’offres d’emplois à la recherche d’un poste à pourvoir pour cette nouvelle rentrée académique. "Depuis 2 mois, je n’ai rien. Je suis au chômage. J’ai déjà fait de nombreux remplacements dans des écoles mais on ne me propose que des petits remplacements de deux semaines, pas plus", déplore la jeune femme. Pas de quoi payer un loyer ! A 24 ans, Marine est contrainte de vivre chez ses parents. "Comment voulez-vous que les jeunes d’aujourd’hui puissent se projeter dans leur vie personnelle avec des remplacements d’une voire deux semaines ?", lance-t-elle.

En juin 2022, elle avait déjà cumulé 34 certificats de chômage (C4). "Quand on voit le nombre de personnes qui cherchent et que certains ça fait 10 ans et ils n’ont toujours pas de poste fixe, ça décourage vraiment…", glisse Marine.


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Même constat chez Safia, 27 ans, également institutrice en maternelle. Elle enchaîne les contrats temporaires, dans différentes écoles en Wallonie et à Bruxelles depuis qu’elle est diplômée en septembre 2020. "J’avoue qu’il y a des jours où je me dis que je vais aller faire un autre boulot qui est en lien avec l’enfance", confie l’enseignante.

"Je suis vraiment dégoûtée par l’enseignement, renchérit Marine. Je cherche en tant qu’extra-scolaire, j’hésite même à aller en crèche."

Pas de pénurie en maternelle

Chez nous, les responsables du recrutement sont les Pouvoirs Organisateurs (PO) des écoles. Le plus grand, c’est Wallonie Bruxelles Enseignement (WBE). Il représente 325 écoles. Son constat : aucune pénurie, chez les instituteurs en maternelle. "Pour la première fois en trois ans, nous ne sommes pas en situation de tension, et ce toutes fonctions et zones confondue", nous dit Géraldine Kamps, porte-parole de Wallonie Bruxelles Enseignement. "On avait fait un état des besoins des établissements et on a pu répondre à leurs demandes déjà à 80% pour la fin juin. Et durant les deux mois d’été, on a procédé à la suite des désignations pour avoir des équipes complètes", poursuit-elle.

2.500 instituteurs ont ainsi été désignés. Pour le reste : patience, car les demandes de remplacement arrivent dès la rentrée entamée.


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Même conseil chez FELSI, une fédération de pouvoirs organisateurs. Elle représente 15 écoles de l’enseignement libre non confessionnel. Là aussi, tous les postes sont remplis. Mais la tâche n’a pas été si simple, cette année. Les enseignants ont en effet de plus en plus tendance à faire "leur marché" parmi les différentes propositions. "Certaines directions avaient fait une promesse d’engagement au mois de juin en ayant rencontré différents candidats. Et c’est arrivé quand même quelques fois cette année que le candidat appelle la direction – au mieux au mois de juin, au pire deux semaines avant la rentrée – pour dire qu’il avait changé d’avis", informe Hélène Gutt, conseillère pédagogique pour l’enseignement fondamental ordinaire à la Fédération des Etablissements Libres Subventionnés Indépendants (FELSI).


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Pour elle, la pénurie existe. Mais elle concerne surtout les remplacements en cours d’année. "Il va y avoir des congés de maternité qui vont se profiler, des congés de maladie, un professeur qui se blesse le premier jour de la rentrée… Ce sont des choses qui arrivent donc les jeunes enseignants ne doivent pas désespérer", rassure Hélène Gutt.

Notre interlocutrice note cependant une évolution au niveau de la situation démographique. Il y a en effet moins d’enfants qu’avant. "On observe une baisse de la poussée démographique, pointe-t-elle. On voit que les inscriptions dans les classes de maternelle commencent à diminuer."

Si, pour le moment, on n’en est pas encore à fermer des classes, la situation risque d’évoluer dans le futur. "Ça va se sentir dans les années à venir", conclut la conseillère pédagogique chez FELSI.

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