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Films 3D au cinéma: pourquoi les lunettes sont-elles devenues payantes dans de nombreux complexes?

Des lunettes 3D au cinéma à présent payantes. Voilà une réalité dans de nombreux complexes cinématographiques. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Beaucoup s’interrogent suite à ce changement de fonctionnement. Est-ce une manière de demander plus d’argent aux clients? Risque-t-on de faire plus de gaspillage? Les technologies ont tout simplement changé, et de telles adaptations sont plus saines en termes d’hygiène et de qualité notamment selon les responsables de cinémas.

Les nouvelles technologies permettent depuis plusieurs années de visionner des films en trois dimensions. Le portefeuille pourrait émettre quelques réclamations, puisque les lunettes 3D, nécessaires pour regarder de tels films, sont devenues payantes dans de nombreux cinémas. Pourquoi? Une personne nous a contactés via le bouton orange Alertez-vous pour nous faire part de cette question après avoir été fort surpris de devoir acquérir des lunettes 3D, lorsqu’il s’est présenté au guichet de son cinéma. "J’ai acheté des tickets pour un film en 3D au Kinepolis. J’ai déjà dû payer 18 euros. Et là, quand je suis arrivé au cinéma, on m’a proposé d’acheter des lunettes 3D, pour le film. Je devais en acheter, c’est scandaleux."

Pousse-t-on à l’achat de lunettes 3D?

Si des lunettes adaptées sont évidemment nécessaires pour visionner des films en trois dimensions, il peut s’avérer étonnant qu’un système de location de lunettes ne soit pas ou plus mis en place. Par exemple, dans les parcs d’attraction, qui proposent parfois de tels types de divertissements, il est souvent de coutume de redéposer les lunettes dans un bac, à la sortie de la salle. Cette pratique s’est également un temps généralisée dans de nombreux complexes cinématographiques. Mais c’est aujourd’hui de moins en moins le cas. Les lunettes sont devenues payantes.

Nous avons contacté la porte-parole de Kinepolis, Anneleen Van Troos. Elle explique ce changement récent dans les salles de cinéma. "Avant, les lunettes, on les donnait en prêt, on devait les nettoyer, maintenant elles sont en vente. Il s’agit d’un nouveau système, qu’on a introduit depuis février 2019. On a tout simplement changé de partenaire, de technologie." Kinepolis travaillait déjà avec ce partenaire dans d’autres pays, mais ce n’était pas encore le cas en Belgique. C’est maintenant chose faite. "Le principe est donc simple: vous achetez des lunettes 3D à 1 euro. Et vous pouvez les réutiliser."

C’est beaucoup mieux en termes de propreté et d’hygiène

Anneleen Van Troos veut que les choses soient bien claires: il ne faut évidemment pas acheter à chaque fois une nouvelle paire de lunettes. Il suffit de la reprendre avec soi lors de la prochaine séance de cinéma. "Seules les salles Imax à Bruxelles n’ont pas encore la même technologie", précise-t-elle. "Là, on procède encore selon l’ancien système, avec des lunettes en prêt."

La tendance semble être identique dans d’autres complexes. C’est notamment le cas dans les cinémas Imagix, et ce depuis longtemps. "Chez nous, on n’a jamais vraiment loué de lunettes", explique Jan Staelens, le directeur général d’Imagix Mons et Tournai. "On en a toujours vendu, parce que c’est important que les gens aient leurs propres lunettes." La raison est purement pratique selon lui: "Devoir garder et nettoyer les lunettes chaque fois après le film, ça on n’a jamais fait. On les a toujours vendues, c’est beaucoup mieux en termes de propreté et d’hygiène."

La justification est plus ou moins identique pour les cinémas UGC. "Avant, on distribuait des lunettes aux gens, puis on les récupérait, mais depuis environ huit ans, on ne le fait plus", confirme Didier Delronche, responsable communication chez UGC Belgique. "Il fallait à chaque fois nettoyer les lunettes, et au niveau de l’hygiène, ce n’était pas l’idéal." La raison du changement est là aussi liée à la technologie. "Dans le passé, il s’agissait de lunettes dites actives, avec des batteries. Elles étaient plus lourdes, et moins confortables." Il était donc logique de les récupérer à la sortie de la salle, puisqu’elles coûtaient assez cher. Mais depuis lors, les technologies ont évolué. "Maintenant on est passé à des lunettes de type passif. Elles sont en fait plus petites et plus légères. La technologie s’est améliorée." Plus besoin donc de batterie, les verres des lunettes font tout le travail.


Du gaspillage inutile?

Si tous affirment que ces lunettes peuvent être réutilisées, cela amène toutefois la question du gaspillage occasionné par ces nouvelles manières de fonctionner. "Ces lunettes sont soi-disant réutilisables, mais dans les faits, elles partiront systématiquement à la poubelle", déplore notre alerteur. Sans aller jusque là, il est en tout cas facile d’oublier, de perdre, de casser ou de jeter par inadvertance sa paire de lunettes. Il ne restera donc plus qu’à en racheter une nouvelle lors du prochain passage au cinéma. Pourquoi alors ces établissements ne continuent-ils pas à prêter ces lunettes, au lieu de les vendre? On l’a compris, une des justifications, c’est une hygiène plus saine, mais ce n’est pas uniquement cela qui est pris en compte.

"On a constaté que quand les gens savent que le matériel n’est pas à eux, ils n’y font pas attention", affirme Jan Staelens, d’Imagix. "De nombreux clients oubliaient de rendre leurs lunettes, ou marchaient dessus. Là c’était vraiment du gaspillage. Ici, il y en a moins. Le gaspillage reste un risque, mais ça arrive dans une minorité de cas." Et en ce qui concerne les oublis, il en existe, mais il y en a peu. "Les gens savent souvent à l’avance qu’ils viennent voir un film 3D, et donc ils n’oublient pas leur matériel."

On risquerait de donner des lunettes en mauvais état 

Peu de craintes de gaspillage également du côté d’UGC Belgique. "On ne voit pas les gens jeter leurs lunettes en sortant de la salle, on n’en retrouve pas dans nos poubelles", affirme Didier Delronche, le porte-parole. "Et à partir du moment où les gens achètent du matériel, on les voit revenir avec les mêmes lunettes ensuite. Bien entendu, tout dépend de la manière dont ils en font usage." La question de la qualité du matériel est également un argument supplémentaire qu’il soulève, en faveur de la vente des lunettes. "Si on les reprenait à chaque fois, on risquerait de donner des lunettes en mauvais état aux clients suivants."


Les cinémas misent donc sur le soin que les clients doivent avoir vis-à-vis de leurs lunettes. "On encourage les gens à les réutiliser", insiste Anneleen Van Troos, la porte-parole de Kinepolis. "Il ne suffit finalement d’acheter ses lunettes qu'une seule fois. Pour nous, ce système, c’est la référence sur le marché en termes de qualité."


"Ce sont des lunettes qui sont propres au cinéma"

Mais ce n’est pas pour autant que tous ces arguments vont convaincre notre alerteur. "Cela fait des années que l'on nous prévient à la fin du film que ces lunettes ne sont pas utilisables ailleurs", s’exclame-t-il. Vrai ou faux? Tout dépend des cinémas. "Ce sont en effet des lunettes qui sont propres au cinéma. Il existe plusieurs marques, et donc, c’est spécifique au cinéma", justifie Jan Staelens, des complexes Imagix. Toutefois, si les lunettes des clients sont adaptées à la technologie en question, cela ne devrait pas poser problème, ils peuvent venir avec les leurs. C’est d’ailleurs également le cas du côté des cinémas UGC: "On n’interdit pas aux clients de venir avec des lunettes qui viennent d’ailleurs, mais il faut que la technologie soit compatible", assure Didier Delronche. "Les lunettes RealD peuvent être utilisés dans nos cinémas même si les clients ne les ont pas achetées chez nous", ajoute Anneleen Van Troos, la porte-parole de Kinepolis.

De manière générale, le prix des lunettes dans les cinémas que nous avons contactés varie entre 1 et 2 euros. A cela s’ajoutera aussi un petit supplément (souvent entre 1€ et 1,50€), étant donné qu’un film en 3D est plus cher qu’un film en deux dimensions. La porte-parole de Kinepolis, tient d’ailleurs à préciser que les clients auront toujours le choix: "Ils ne sont évidemment pas obligés d’aller à une séance en 3D, il y a toujours aussi la diffusion classique."

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