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Jérôme se prend de passion pour les potagers surélevés: il en construit 19 et cultive 600 kilos de légumes

Il y a quelques mois d’ici, ce jardinier n’avait encore jamais mis les mains dans la terre… Depuis le printemps, il a multiplié les constructions de bacs potager et s'est essayé à la culture de nombreux légumes, avec un succès qu'il n'avait pas imaginé. Sa passion ne cesse de croître et pourrait, à ce rythme, devenir le futur métier de Jérôme.

À 37 ans, cet habitant de Lanaye, dans la commune de Visé, s'est découvert une passion pour le potager. Il passe des heures à bricoler de nouveaux bacs surélevés afin de cultiver de plus en plus de légumes destinés avant tout à nourrir ses proches. À l’heure où la cueillette des potirons n'est pas encore terminée, il en est déjà à 600 kilos de légumes récoltés, fruit de son travail acharné ces derniers mois. Et son projet est en train de prendre de plus en plus d’ampleur, à tel point que le père de famille pense tout doucement à se reconvertir dans ce secteur.

“J’ai démarré un projet de potager surélevé au fond de mon jardin au mois de mars, nous a écrit Jérôme via le bouton orange Alertez-nous. J’y ai construit 3 bacs de 6m x 1,70m et 1 bac de 4m x 1,20m. Ils sont remplis avec du bois, de l’herbe, de la paille, du broyât, et je termine par du vieux compost, il n’y a donc pas de terre proprement dit. J’ai créé une page Facebook, et petit à petit, j’y ai ajouté des photos. J’ai été vite débordé de demande en légumes, ce qui m’a fait agrandir de 5 bacs supplémentaires".

Et ce n’est qu’un début ! Tout commence au printemps dernier, lorsque l’ouvrier dans l’aéronautique, se retrouve au chômage forcé puisque l’entreprise qui l’emploie est à l’arrêt suite au confinement. Il visionne alors de nombreuses vidéos de jardinage sur YouTube, ce qui lui donne envie de se lancer. Parmi les vidéos qu'il regarde chaque soir, il est interpellé par les images de potagers installés sur les toits de Paris. Cette idée est aussi alimentée par sa réflexion quant à notre manière de consommer. Pendant le confinement, on a eu envie de manger mieux. Les tomates de supermarché n’ont pas de goût, c’est rempli d’eau”, lance-t-il. Il a alors envie de produire lui-même ses légumes. Il a du temps devant lui, et l'espace suffisant dans son jardin pour se lancer.

Les 4 premiers potagers

Le jardinier en herbe met pratique son projet grâce aux matériaux qu'il peut récupérer dans un jardin en friche à côté de chez lui.

"Chez mon voisin, il y avait des tas de terreau vieux de 10 ans ainsi que du bois. Il m'a laissé me servir", raconte Jérôme. Nous sommes alors au printemps 2021 et le trentenaire se lance dans la construction des 4 premiers potagers surélevés.

"Les quatre premiers sont maçonnés car il s'agit de potagers prévus pour durer 'à vie'. J'en ai conçu trois de 5 mètres et demi de long et 1 mètre et demi de large. Ils font 80 cm de haut pour permettre un accès facile. Le 4e, un peu plus petit, fait 40 cm de haut et possède un toit pour que les tomates soient à l’abri des intempéries… Grâce à cela, je n'ai pas eu le mildiou", note Jérôme.

Pour remplir ses bacs, il utilise la technique de lasagnes, comme celles pratiquées en permaculture. Il s'agit de superposer les différentes couches de matériaux en décomposition sur lesquelles on plante directement. "J'ai utilisé tout ce que j’avais comme déchets organiques et j'y ai ajouté le vieux compost récupéré chez le voisin. J’ai tout paillé et j’ai planté des potimarrons, potirons, tomates, butternut, etc. Tout a super bien pris !", explique le jardinier.

Il ne met donc pas de terre à proprement parlé dans les 4 premiers potagers surélevés, privilégiant cette technique de la "butte vivante". Ce qui permet de ne pas devoir mettre de terre, c'est l'utilisation du "vieux compost" récupéré dans le jardin en friche à côté de chez lui. "Dès que j'ai mis un coup de pelle dedans pour remplir la première brouette, j'ai vu des dizaines de vers de terre", commente-t-il encore. La présence de vers de terre en dit long sur la richesse de cette terre que le jeune homme n'a qu'à ramasser pour mettre en place son projet. Cela demande beaucoup de travail, mais tout est à portée de main.

Très concrètement, il remplit d'abord ces 4 bacs de bois de récupération : buches et branches trouvées chez le voisin. Il y ajoute ensuite du broyat : il s'agit de branchages broyés en petits morceaux, "pour combler les trous entre les branches", explique-t-il. Il met ensuite de la paille, du foin et le compost. Il y met même directement ses déchets de cuisine, qu'il enterre. "Ça composte très rapidement", commente-t-il.

Tout cela lui prend "un temps fou", reconnait Jérôme, mais il ne regrette rien lorsque, quelques semaines plus tard, il compte 65 potirons en train de murir et plus de 160 courgettes !

 
©Le potager de Lanaye

Une page Facebook et un intérêt croissant pour son potager

Fier du beau potager en devenir qu'il construit, Jérôme créée une page Facebook et très rapidement, plusieurs personnes de son entourage et de son village lui demandent d'acheter des légumes. Dans un premier temps, il privilégie le troc : "J’ai demandé aux gens de me laisser leurs déchets de cuisine et ils venaient me les déposer. Je leur ai proposé de prendre des légumes en échange", raconte encore le jardinier.

Tomates, potimarrons, potirons, butternuts, courgettes, haricots, radis, poireaux… il cultive tout ce qu'il peut et tombe rapidement à court de place, d'autant que la demande augmente pour bénéficier de ses légumes grâce à la notoriété qu'il acquiert dans son village, à Lanaye, mais aussi sur Facebook où sa page attire aujourd'hui plus de 1700 abonnés. Parmi eux, bon nombre de clients potentiels pour ses légumes.

5 bacs supplémentaires

Jérôme décide alors de construire 5 bacs de plus pour répondre à la demande. Il les fabrique en bois mais face au coût élevé des matières premières et notamment du bois, il doit diminuer un peu la hauteur. Il fabrique des potagers de 40 cm de haut, mais avec la possibilité de les rehausser par la suite. Il les remplit de restes végétaux (par exemple, les plants de haricots en fin de saison), de paille, et de terre végétale. Cette fois, comme il est à court de vieux terreau du voisin, il commande de la terre enrichie en compost pour les remplir.

Il y ajoute ensuite des vers de terre :  "Je les recueille dans les autres bacs et je les ajoute aux nouveaux afin qu'ils fassent de l'humus". Les vers de terre assurent la fertilité du potager. Ils recyclent les matières organiques et labourent sans cesse la terre. Là où il y a des vers, c'est que la terre est de bonne qualité.


©Le potager de Lanaye
 
©Le potager de Lanaye
 
©Le potager de Lanaye

Une cagnotte participative pour aller plus loin

Pour donner un coup de pouce à son projet, Jérôme lance alors une cagnotte sur la plate-forme participative Miimosa. Il y inscrit plusieurs objectifs/étapes afin de permettre de financer l'agrandissement de sa "micro-ferme". Les personnes qui apportent une contribution financière reçoivent en retour un panier de légumes du potager de Lanaye. Cette cagnotte lui a déjà permis de fabriquer 10 bacs en bois supplémentaire, courant septembre. Les contributeurs ont pu venir visiter le potager de Jérôme le week-end dernier, lors d'une journée de rencontre. Prochains objectifs : il veut installer une serre, puis 10 bacs potager de plus.

Jérôme a jusqu'à présent privilégié l'échange et s'est constitué une clientèle potentielle : "Je ne vends pas grand-chose pour le moment, j’essaye de récupérer mes graines, d'échanger, de parler avec les gens, de me faire connaitre. J’ai envie que les gens mangent bien", lance-t-il avec optimisme.

Des projets mais pas trop vite

Le Lanayen adore d'ailleurs voir ses deux petits garçons dévorer ses légumes tout juste cueillis dans le potager. Il envisage un jour d'arrêter de travailler pour faire de sa passion son métier, mais il ne veut pas brûler les étapes. Il pourrait déjà vendre ses paniers de légumes mais tant que tout n'est pas en place, il n'y pense pas trop. Le jardinier construit d'abord sa micro-ferme grâce aux contributeurs, étape par étape.

"Je ne veux pas tout de suite arrêter de travailler. Je veux d’abord passer à 4/5e ou à mi-temps. Je préfère perdre 500 euros mais m’occuper de mon potager et voir mes enfants grandir", explique le jeune papa. D'ici le printemps prochain, il compte construire 10 bacs supplémentaires pour arriver à 30. Il aimerait aussi installer une serra afin d'y faire pousser des légumes ayant besoin de davantage de chaleur comme les poivrons et les piments.

Il aimerait également acheter des coureurs indiens. Il s'agit d'une espèce de canards particulièrement friands de limaces, souvent ennemis du potager. "Ils vont pouvoir passer entre les bacs mais pas aller dans les bacs. Ils vont ainsi réguler la population autour des bacs et j’en aurai d’office moins", précise-t-il.

Pourquoi des potagers surélevés ?

Pour qu'ils ne fassent pas trop dégâts aux plantations, il compte également rehausser tous les bacs potagers de 40 à 60 cm de haut. Le fait de surélever ses potagers comporte de sérieux avantages.

"Premier avantage contre mal de dos, c’est la raison principale. Il ne faut plus se baisser autant. Ça permet de travailler plus précisément aussi. Et puis ça évite la pousse d'adventices (NDL, souvent appelées mauvaises herbes). Sur chaque bac, je fais un paillage avec du pellet de lin et cette fine couche en plus d'un arrosage va créer une croute qui permet d'évite la pousse des adventices", précise le jardinier.

Enfin, ces potagers en hauteur permettent bien moins aux limaces d'arriver jusqu'aux légumes. La saison prochaine, les canards l'y aideront encore plus.

De beaux projets attendent encore Jérôme pour les mois à venir, et face à tout le travail déjà accompli, Jérôme se réjouit de sa récolte : alors que la saison des courges et potirons n'est pas encore terminée, il en est à plus 600 kilos de légumes produits dans ses potagers surélevés. Sur sa page Facebook et grâce à la cagnotte participative, il a aussi reçu de très nombreux encouragements.

"Tout le monde veut mes légumes, parfois, je ne connais même pas les gens. Je ne pensais pas avoir tant de monde qui adhère. Les gens posent plein de questions, j’explique le projet et direct ils adhèrent et ils donnent plus parce qu'ils se rendent compte du travail qui a été accompli. C’est pour ça que j’ai fait la cagnotte. Et derrière, je suis honnête, je fais des 'live' sur Facebook pour montrer aux gens ce que j’avais fait de l’argent qui a été investi", conclut le jardinier.


©Le potager de Lanaye
 
©Le potager de Lanaye

 

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