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Troisième l'an dernier, Valentin Madouas revient plein d'envie et d'ambition dimanche sur le Tour des Flandres qui le fait rêver depuis toujours et dont il adore l'ambiance "complètement dingue".
"Je ne viens pas pour faire moins bien que l'année dernière", a prévenu le coureur breton de Groupama-FDJ vendredi lors d'un point-presse, prolongé par un entretien à l'AFP.
Devant un tel exposé, certains crieraient à l'inconscience, vu les ogres au départ dimanche à Bruges comme Wout Van Aert, Tadej Pogacar ou Mathieu van der Poel. Mais pour Madouas, 26 ans, c'est seulement le corollaire logique d'une progression continue depuis ses débuts, en parallèle à des études d'ingénieur.
"J'arrive dans mes meilleures années, dit-il. Je me sens plus fort. J'ai encore franchi un cap sur la régularité. J'ai de l'expérience désormais et la confiance commence à arriver."
Depuis sa troisième place sur le "Ronde", le Finistérien a multiplié les coups d'éclat avec notamment un Tour de France étincelant, conclu à la onzième place dans un rôle de Saint-Bernard pour David Gaudu.
Son début de saison 2023 est tout aussi solide avec une deuxième place aux Stade Bianche.
Reste à transformer l'essai.
"Je sais qu'il me manque encore une belle victoire, convient-il. J'ai beaucoup de places d'honneur. Je suis quasiment sur tous les classiques dans les 10 premiers à la pédale. Maintenant c'est à moi de concrétiser et de tenter des choses, peut-être en prenant le risque de louper un podium pour aller chercher une belle victoire."
Le Tour des Flandres serait l'endroit parfait.
- Son père "n'aimait pas du tout" -
Le Brestois n'y a "pas d'attache particulière" et son père Laurent, huit participations au Tour de France dans les années 1990, ne l'a jamais amené sur les monts pavés.
"Il n'aimait pas du tout. Il faut dire qu'on n'a pas du tout le même gabarit. Il faisait mon poids mais avec dix centimètres de plus. C'était un pur grimpeur", se marre le fils.
Mais lui a toujours été attiré par les Flandres et son ambiance si particulière. "C'est vraiment une course hyper particulière. On sent une ferveur extraordinaire. La télé flamande est en direct trois jours avant la course", s'enthousiasme-t-il.
Ses deux premières participations, à l'ère du Covid, ont eu lieu sans public. Lors de sa troisième, en 2022, il a découvert "une ambiance complètement dingue" avec "les visages des spectateurs à ras le pavé". "On parle d'un million de personnes sur le parcours. Ça ne m'étonnerait pas tellement il y en a de partout."
Alors devenir le quatrième Français à gagner le "Ronde" après Louison Bobet (1955), Jean Forestier (1956) et Jacky Durand (1992) serait "extraordinaire, forcément".
- "Avoir bac+5, ça aide sur le CV " -
"Je sais ce que ça coûte une victoire sur le Tour des Flandres. C'était déjà énorme de monter sur le podium. J'ai été surpris des retombées. Il ne peut rien y avoir de plus beau que de gagner un Monument face aux meilleurs."
Il sait évidemment qu'il n'est pas favori numéro un. "Les trois (Van Aert, Pogacar, Van der Poel) sont un petit peu plus forts et donc il va falloir courir plus juste qu'eux."
Mais "la condition est bonne" et "tous les voyants sont au vert", ajoute Madouas qui, vu la météo épouvantable, s'est contenté d'une séance de home-trainer avec son équipe vendredi.
Et si ça ne veut pas sourire dimanche, il reviendra, tranquillement. Déjà qu'il n'est "pas stressé du tout" de nature, il avance désormais aussi "libéré d'un poids énorme mentalement" après avoir bouclé ses études à l'Ecole d'ingénieurs des hautes technologies et du numérique de Brest (ISEN).
"Le fait d'avoir un bac+5 ça aide sur le CV. Je sais que j'ai un bagage qui me permettra de pouvoir faire presque tout ce que je veux, souffle-t-il. J'aurais peut-être pu gagner un an ou deux en termes de maturité physique sans le temps consacré aux études. Mais je ne suis même pas sûr. Et je pense que mes meilleures années, je pourrai les tenir plus longtemps que certains."