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Torture d'un détenu à la prison d'Anvers: la cellule de l'homme maltraité avait fait l'objet de trois signalements de sévices

Le personnel de la maison d'arrêt d'Anvers a reçu trois signalements faisant état de sévices dans la cellule où un prisonnier a été torturé et violé par ses codétenus. Ces signalements ont été adressés à différents agents entre le dimanche 10 mars, en soirée, et le mardi 12 mars vers midi, avant que la direction n'en soit elle-même informée, ressort-il d'une enquête interne de l'administration pénitentiaire, citée par le SPF Justice.

La Direction générale Établissements pénitentiaires revient sur les circonstances des faits qui se sont "principalement déroulés lors de deux grèves de 24 heures consécutives à la prison d'Anvers, du dimanche 10 mars à 22 heures au mardi 12 mars à 22 heures".    

Durant ces deux jours d'action, le personnel était logiquement en sous-effectif. Le nombre minimum d'agents requis pendant une journée de grève n'était même pas respecté. Lundi, l'équipe du matin n'était composée que de 10 agents pénitentiaires (soit 7% de l'effectif normal) et pour l'ensemble de la journée un total de 35 agents étaient présents (26%) pour 718 détenus, dont 68 dormaient sur des matelas posés au sol. Mardi, il y avait 47 agents au total (34%), détaille la DG.  

Pour une journée classique au sein de la prison anversoise, 136 agents (surveillance et technique) sont nécessaires. Dès la première nuit, celle de dimanche à lundi, il y a eu des troubles dans une cellule à minuit, ce qui constitue le premier signalement transmis aux agents. Le lundi à 17 heures, un appel téléphonique a été reçu concernant la victime.

Enfin, mardi, un codétenu a signalé, pendant la distribution du repas de midi, qu'il se passait quelque chose avec un autre détenu. Quelques heures plus tard, la cheffe d'établissement a été directement informée de faits très graves qui s'étaient déroulés dans une cellule. Elle s'est rendue dans la cellule en question et a trouvé la victime.  

 "La charge de travail et le fait que les auteurs ont entrepris toutes les actions possibles afin de cacher les faits ont conduit à ce que ces signaux n'aient pas reçu suffisamment d'attention", avance la DG. "Dans de tels moments, le personnel pénitentiaire se concentre sur les tâches les plus élémentaires (distribution des repas et consultation médicale)."    

La Direction assure vouloir "tirer des leçons" de ces faits de violence. "Nous déplorons profondément les souffrances subies par le détenu concerné. Nous reconnaissons également que ces terribles événements ont eu un impact majeur sur les membres du personnel qui s'investissent quotidiennement avec cœur et âme."  

Les conclusions de cette enquête interne préliminaire seront communiquées au juge d'instruction. Cinq prisonniers ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête judiciaire. Trois d'entre eux sont suspectés de tentative d'assassinat, viol avec la circonstance aggravante de torture et de traitement dégradant sur un codétenu âgé de 41 ans.

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