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"J'ai déjà eu peur à plusieurs reprises": Benoît Martin, directeur de la prison de Jamioulx, nous ouvre les portes de sa prison

Alors que les prisons sont en grève, Benoît Martin, l'un des directeurs de la prison de Jamioulx, nous ouvre les portes de son établissement pénitantiaire. Plongée au coeur de l'univers carcéral. 

 

Ancien banquier, Benoît Martin, est devenu l'un des sept directeurs de la prison de Jamioulx. Il va nous guider dans les couloirs de l'établissement pénitentiaire. Une prison implantée au cœur des bois. Une prison construite pour 385 détenus hommes, mais qui accueille actuellement 400 détenus répartis en neuf sections. 

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Aménagement des cellules

Dans les longs couloirs, toutes les portes sont fermées. Derrière chacune de ces portes, se trouve une cellule dont la taille varie d'une section à une autre. À titre d'exemple, une cellule double mesure entre 12 et 14 mètres carrés. Dans les cellules, on découvre un coin évier, mais a aussi un coin toilette que les détenus dissimulent souvent par des draps pour avoir un peu d'intimité. Les détenus ont le droit de décorer leur cellule : "On va au-delà de la cellule dans la loi, on parle d'espace de séjour", explique Benoît Martin. "C'est la touche personnelle des détenus qui n'ont pas la garantie d'être là pendant longtemps, car parfois, ils peuvent être transférés vers une autre prison et il y a aussi des mesures de libération de sorties" poursuit le directeur.

Dans le couloir, au-dessus de chaque porte de cellule, on aperçoit une lampe rouge qui sert à alerter le personnel s'il y a un problème, un malaise ou une demande particulière : "Le surveillant, qui est dans la section, va voir ce qu'il se passe" explique Benoit Martin

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Les cachots 

Loin des cellules aménagées par les détenus, a prison de Jamioulx dispose aussi de quatre cachots et de deux cellules d'isolement : "Les cellules d'isolement concernent davantage l'annexe psychiatrique" précise le directeur.

Les cachots sont composés d'un lit qui est ancré au sol et d'une toilette. "Il y a une double porte aussi qui permet, en cas vraiment de détenus problématiques qui pourraient porter atteinte à l'intégrité d'agents ou du personnel, la possibilité de discuter, mais portes avec une porte intermédiaire", ajoute-t-il.

Un moment privilégié

En dehors des visites classiques, les détenus ont l'occasion de passer des moments privilégiés avec un proche, à l'écart des autres détenus, durant 1h30 lors des visites hors surveillance (VHS). Ils ont également le droit de sortir de leurs cellules deux fois par jour en semaine et une fois par jour le week-end. 

Deux sections permettent aussi aux prisonniers de circuler "librement" durant la journée : la section semi-ouverte et la section ouverte. En fonction de là où ils se trouvent, les détenus ont le droit, tout en respectant certaines règles, de pouvoir rendre visite à un autre détenu et de jouer à certains jeux de table. 

Les soins de santé

Au fond d'un couloir, se trouve une infirmerie. "Nous sommes tenus, par la loi de principe, à prodiguer tous les soins identiques aux soins que les détenus peuvent avoir à l'extérieur", explique le directeur. On retrouve dans cette infirmerie un cabinet de consultation avec une chaise de dentiste. Des soins dentaires pourront ainsi être dispensés par des professionnels indépendants qui viennent de l'extérieur. 

Si les infirmiers estiment qu'ils ne savent pas pratiquer certains soins dans la prison, les détenus, accompagnés de la police, pourront se rendre dans un hôpital.

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Les formations 

En prison, les détenus peuvent se former : "Il y a un catalogue de formations possibles" avance Benoît Martin. Certains pourront apprendre à lire ou à écrire, mais d'autres pourront découvrir un métier. Par exemple, le chef René s'occupe de la formation en petite restauration qui a lieu deux fois par semaine pendant un cycle de douze semaines : "C'est une formation qui est certifiée, qui permet aux détenus en réinsertion, par exemple, de travailler dans un snack", explique le chef. 

Certains détenus travaillent également pour leur section. Ils vont s'occuper du nettoyage, de la distribution du repas avec l'accompagnement d'un membre du personnel. "C'est un travail rémunéré cinq jours sur sept", explique Benoît Martin.

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Le tabac en prison, c'est un des nerfs de la guerre

Dans une armoire se trouve des boîtes de cigarettes appartenant aux détenus. "Le tabac en prison, c'est un des nerfs de la guerre. C'est une ressource vitale et une source qui permet de diminuer la tension", dévoile le directeur. Il insiste néanmoins sur le fait qu'il y a des psychologues, des assistants sociaux, les infirmiers et le personne qui sont à l'écoute des détenus, mais il avoue que cela ne remplace pas le tabac en prison. 

Les cigarettes sont distribuées par le personnel : matin, midi et soir. "Il faut savoir que le tabac n'est pas gratuit, il est acheté par les détenus", révèle le directeur. En plus de pouvoir apaiser certains détenus, les cigarettes servent également de monnaie d'échange en prison. 

Les différentes infractions

En prison, certains détenus sont en possession de stupéfiants et de téléphones portables. Benoît Martin explique que ce n'est un secret pour personne et qu'il s'agit d'une infraction pénale : "Le détenu, s'il est objectivé, qu'il était bien en possession (de stupéfiants), va être sanctionné au sein de la prison avec potentiellement des poursuites à l'extérieur sur le plan pénal."

Concernant le téléphone, le directeur va simplement le garder et le donner lors de la libération du détenu. "La police peut demander à le prendre aussi pour des investigations", ajoute-t-il.

J'ai déjà eu peur à plusieurs reprises

Même si les détenus ne portent pas de combinaisons orange comme dans les films américains, Benoît Martin avoue qu'il y a effectivement des bandes au sein de la prison.

Il confie avoir déjà eu peur à plusieurs reprises : "Ils sont deux ou trois en quatre cinq ans d'expérience à avoir réveillé chez moi la crainte d'un passage à l'acte, en tout cas vis-à-vis d'autres personnes", confie le directeur.

 

Retrouvez l'interview complète de Benoît Martin dans l'émission "Ils mériteraient d'être dans le journal sur RTL Play. 

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