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"As-tu besoin d’aide?": Claudia Maraite, la Liégeoise de 55 ans poignardée en Allemagne, aurait voulu assister son meurtrier

Claudia Maraite a quitté sa voiture précipitamment pour s’approcher d’un homme ensanglanté sur le trottoir. Elle lui a proposé son aide. C’était le tueur. Le drame aurait-il pu être évité?

C’est un habitant de l’immeuble en face de l’hôtel Mönchhof à Bad Honningen qui a témoigné hier devant le Tribunal de Coblence. Il a expliqué qu’au moment des faits, attiré par des cris, il était à sa fenêtre.

Il dit avoir vu une voiture s’arrêter, une femme en sortir et foncer vers un lieu en dehors de son champ de vision. Mais il a clairement entendu : "Brauchst Du Hilfe ?" ("As-tu besoin d’aide ?"). Quand la femme est réapparue, elle traversait la rue et courrait vers l’hôtel en se tenant le cou. Elle venait d’être poignardée. La blessure (section de la carotide) allait s’avérer mortelle.

Cette scène, le témoin l’a filmée. Depuis le début de l’enquête, la famille de Claudia se doutait que cette mère de famille s’était retrouvée volontairement près du tueur puisque Claudia ne présentait aucune trace de lutte. "Tous ceux qui ont connu Claudia savent que ce scénario était possible : il est à présent confirmé. Elle est d’abord intervenue pour porter secours à celui qui allait la tuer", explique un membre de la famille.

C’est l’information la plus importante de cette première des quatre audiences du procès devant le Tribunal de Coblence. Le tueur, Steven Reichstein, un Allemand de 38 ans, chef de chantier actif en Suisse, était alors en état de délire mental. Il s’était d’ailleurs auto-mutilé, se coupant les veines des poignets.

"J'ai entendu des voix"

Ce jeudi, devant le Tribunal, l’accusé est apparu marqué. Extrait de l’établissement psychiatrique fermé dans lequel il est soigné, il a répondu aux questions du Président. "J’ai entendu des voix qui m’ont donné l’ordre de tuer deux personnes. Je les ai entendues depuis le vendredi. Elles sont devenues de plus en plus pressantes. C’était même, le samedi, devenu un ordre sans quoi ce sont eux qui allaient m’avoir". Des voix inconnues, dit-il, une masculine, une féminine. Avec deux couteaux pris dans la cuisine, il a poignardé le premier, qui est parvenu à s’enfuir. Puis il a poignardé la seconde, Claudia Maraite, dans les circonstances évoquées. Sa première victime a été entendue comme témoin ce jeudi. A la fin de sa déposition, Steven Reichstein, a demandé la parole : "Je ne savais pas qu’arrêter de boire allait avoir de telles conséquences. Je voudrais m’excuser pour ce que j’ai fait. Je ne peux pas effacer ce que je vous ai fait, à vous et aux autres personnes. Je ne peux pas porter votre peine et votre souffrance. J’en suis désolé".

Le sevrage alcoolique non contrôlé après une longue période de consommation massive (deux bouteilles de vodka par jour depuis au moins un an) est à l’origine du drame. "Les symptômes aigus de sevrage (dont les délires et les hallucinations) peuvent apparaître chez 50 % de patients dans les 10 heures après la dernière prise d’alcool, et ils peuvent se majorer jusqu'à la 72ème heure pour diminuer progressivement et disparaître entre le troisième et cinquième jour" a expliqué l’expert psychiatre interrogé par la famille.

"Le patient a disparu"

L’autre information porte sur la période qui a précédé le drame : la police et les services de secours étaient auprès du tueur une demi-heure plus tôt. Ils n’ont rien vu d’anormal, ni les policiers, ni les secouristes. Les premiers ont vite quitté les lieux tandis que les seconds ont bien dû constater que "le patient a disparu". Quand les policiers et les secouristes l’ont retrouvé, à 350 m du domicile, le drame était consommé. Alors que les policiers qui avaient vu l’accusé dans la maison procédaient à son arrestation sans le reconnaître, l’intervention des secouristes- si rapide vu la proximité- n’a pu sauver Claudia Maraite.

L’audience de ce vendredi portera sur les auditions comme témoins des membres de la famille, de la compagne et de l’ex-épouse du tueur. La troisième audience sera consacrée aux expertises psychiatriques commandées par le Tribunal.

 

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