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Le gouvernement souhaite prolonger de 10 ans la vie de deux réacteurs nucléaires, qui auraient dû être fermés initialement en 2024.
Cette prolongation est au coeur de négociations depuis le mois de mars entre le gouvernement et Engie. "Ce que je peux vous dire c’est que nous progressons en ce moment, le travail est constructif et nous espérons rapidement arriver à des conclusions", indique Thierry Saegeman.
Quelle est la teneur de ces négociations? D'abord, l'association à 50/50 entre le gouvernement et Engie pour la gestion de ces réacteurs nucléaires, qui est le "premier accord" qui a été conclu. Aussi, des mesures concernant la facture pour la gestion des déchets, la participation de l’État dans les centrales prolongées mais aussi pour la disponibilité des centrales nucléaires après 2025 vont être fixées dans cet accord. Elles ont été prédites dans une lettre d'intention signée pour l'accompagnement de la prolongation du nucléaire
Néanmoins, une deadline pour la fin de ces accords n’a toujours pas été annoncée: "C’est très difficile pour moi de m’engager sur une date", poursuit le CEO d'Engie qui espère néanmoins aboutir à des conclusions "très rapidement".
Ce dossier long et "complexe" selon Thierry Saegeman: "Nous parlons ici sur de l’engagement sur du très long terme, 10 ans de production nucléaire…" D'où l'intérêt de trouver un accord bon et juste.
"15 milliards d'euros de côté pour sortir du nucléaire"
Dans ce dossier du nucléaire se trouvent également quelques soucis de surcoût pour Engie. Ils concernent les provisions nucléaires, soit l’argent qu’il est demandé de mettre de côté pour financer le démantèlement des réacteurs. Le patron d’Engie confirme: "Nous avons déjà mis de côté 15 milliards d’euros pour financer la sortie du nucléaire. Aujourd’hui on nous demande de rajouter 3,3 milliards d’euros ce qui est trois fois plus que ce que nous avions calculé nous-mêmes et sur des bases que nous ne trouvons justifiées".
C’est une commission de l’État qui propose ces montants: "Ce qui coince c’est que ces rajouts de coûts qui concernent la question des gestions des déchets futurs, des coûts pour une opération que nous ne maîtrisons pas, nous n’avons aucun levier sur comment les déchets nucléaires seront traités à l’avenir puisque c’est une mission de l’État."
Les taxes sur les surprofits dérangent également le groupe Engie, qui vient pourtant de faire 5 milliards d’euros de bénéfices nets. "Ce qu’on taxe, c’est la production nucléaire et cette année on va réaliser sur le nucléaire un bénéfice de 2 milliards, on doit payer 1,3 milliard d’euros de taxe et mettre de côté 3,3 milliards d’euros de provision nucléaire, c’est-à-dire qu’on pousse cette activité pour la 7ème fois en 8 ans à perte", analyse Thierry Saegeman. "Si en taxant cette production nucléaire et en rajoutant des provisions, on mène cette activité à perte, quel est l’intérêt de continuer à produire de l’électricité avec les centrales nucléaires?"
Le tarif social étendu
Le tarif social qui a été étendu va permettre de faire une ristourne de sur la facture 980 euros par an à 940 000 ménages l’année prochaine, financés par la taxe nucléaire de un milliard d’euros.
Mais est-ce suffisant? "Nous sommes très conscients que tous nos clients souffrent de l’augmentation des prix. Mais certains profits de la production nucléaire doivent aussi servir pour investir, dans une prolongation nucléaire mais aussi pour accélérer la transition énergétique vers le renouvelable", conclue le CEO d'Engie.