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20 tonnes de poissons anderlechtois par an: et si on oubliait le saumon atlantique ?

Construire une serre en toiture pour réduire les émissions de CO2 des bâtiments, c'est un projet d'étude européen mené chez nous. Utile pour économiser l’énergie c’est aussi un moyen de produire une alimentation en ville. Verra-t-on demain les serres se multiplier sur les toits des villes pour nourrir les citadins ? 

Cédric Mosbeux est le propriétaire d’un restaurant bruxellois. Depuis quelque mois il a supprimé le saumon écossais de sa carte. Ce poisson star est remplacé par de la truite fumée élevée à Bruxelles.  

On a un poisson qu’on trace de A à Z

"Ce saumon qui traverse des centaines, voire des milliers de km pour arriver jusqu’ici, puis qui doit encore être traité dans des conditions qui ne sont pas toujours optimales. Alors qu’ici on a un poisson qu’on trace de A à Z. La vision long terme nous plaisait bien et surtout l’accent local du produit", confie le restaurateur.

Cette truite, Cédric l’achète à 3 kilomètres de son restaurant. Elle grandit sur les toits des abattoirs d’Anderlecht.   

Plus qu’un élevage de poisson, il s'agit d'une ferme aquaponique. Deborah Lozano nous fait découvrir ce lieu. "On a une capacité de 20 tonnes par an", précise la responsable communication de cette ferme. "Notre projet c’était de démontrer que c’était possible de produire différents types d’aliments dans la ville, notamment des crustacés et des poissons. Et le système aquaponique qu’on a mis en place au sein de la ferme nous permet de produire ça", poursuit-elle.

Le caca des poissons est utilisé comme engrais naturel pour nos plants

A côté des bassins d’élevage se dresse une serre de 2 mille mètres carrés où poussent aromates et légumes. 2 productions alimentaires qui fonctionnent en symbiose.  

"On produit en hydroponie, donc ce n’est pas dans un sol conventionnel, ce n’est pas dans un champ, dans un jardin. On a besoin d’un substrat. L’eau de la pisciculture est utilisée comme substrat pour nos plants. Dans cette eau, il y a un mélange d’eau de pisciculture et des effluents, donc du caca des poissons qu’on utilise comme engrais naturel pour nos plants", explique Deborah Lozano. 

Aujourd’hui, le soleil suffit pour amener la serre à une température idéale pour la pousse des tomates. S’il fait trop froid, la ferme peut compter sur le système de chauffage du bâtiment en dessous. "La serre est alimentée par de l’eau chaude qui monte jusqu’à 70 degrés. Et cette eau est chauffée par un système de pompe à chaleur qui est intégrée au bâtiment", indique la responsable communication.

Produire en serre en toiture coûte très cher

Traquer les économies d’énergie pour limiter les coûts, c’est ce qu’étudie Haïssam Jijakli, professeur en agriculture urbaine à l’Université de Liège.

Sur les toits de l’université de Gembloux, il a participé à la construction d’une serre dont l’architecture permet à elle seule d’économiser 14% d’énergie. Elle sera bientôt connectée au système de refroidissement des laboratoires. Des machines qui émettent de la chaleur dans l’atmosphère. "De cette façon-là, on sera à l’équilibre au niveau énergétique. Lorsque la serre fonctionne, elle n’a pas besoin d’énergie supplémentaire, juste celle qui vient du bâtiment et qui existe déjà".

Malgré les économies d’énergie, produire en serre en toiture coûte très cher. Cela signifie qu’on ne peut pas faire pousser n’importe quoi. Ici on teste l’armoise, une plante utilisée dans l’industrie pharmaceutique.  

Un modèle exporté en France

"Si l’on travaille sur cette plante, c’est parce qu’elle a une très haute valeur ajoutée, donc elle peut convenir à des espaces restreints, comme on en trouve en ville", souligne encore le professeur.

Aujourd’hui en Belgique, les entrepreneurs qui se lancent dans la production sous serre, en toiture, cherchent encore la meilleure formule pour assurer leur rentabilité. La ferme des abattoirs d’Anderlecht exporte son modèle en France. Un projet en construction qui ne sera pas implanté en toiture : les truites françaises nageront bientôt sur le plancher des vaches.  
 

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