Accueil Actu Belgique Société

"Plus de places, c'est bien mais...": le gouvernement valide une série de mesures pour faire face à la crise de l'accueil des demandeurs d'asile

Le gouvernement réuni en comité restreint a bouclé jeudi peu avant 1h ses discussions sur la crise de l'accueil des demandeurs d'asile et des réformes en lien avec ce thème. Il a validé une série de mesures.

Dans le dossier de la crise de l'accueil des demandeurs d'asile, un mandat est donné à Nicole de Moor, la secrétaire d'Etat à l'Asile, de créer 2.000 places supplémentaires structurelles en plus des 8.000 déjà activées ces derniers mois. Quelque 2.000 places seront par ailleurs libérées. Ces nouvelles places doivent éviter des situations comme celles vécues dernièrement rue des Palais et devant le Petit Château à Bruxelles.  

Marie Doutrepont, avocate membre du Progress Lawyers Network, se dit satisfaite de la prise de conscience du gouvernement par rapport à cette crise. "Ce problème est enfin appréhendé tel qu'il est", dit-elle. "Comme un problème d'Etat de droit, de droits fondamentaux, et pas juste une question d'asile. Je salue la mobilisation des citoyens et avocats engagés qui ont permis d'arriver à ça. Par contre, je pense que ça ne résoudra pas la crise de l'accueil. Plus de places, c'est très bien mais il n'y a toujours aucune réponse par rapport aux 2400 personnes toujours à la rue. On parle de régler la situation à l'hiver prochain, mais que fait-on d'ici là? Ce sont des plans à moyen terme."

 

Des conteneurs pouvant accueillir 700 personnes

Différentes mesures sont citées, comme l'augmentation des subsides et l'amélioration des Initiatives Locales d'Accueil (ILA), la sortie de 1.500 personnes en "long séjour" du réseau d'accueil, la création d'un village d'unités de logement (soit des "conteneurs" pouvant abriter environ 700 personnes, sans doute dans le Brabant Flamand) avec l'aide de crédits européens et la prolongation de la convention avec la Région bruxelloise, a indiqué une source gouvernementale.  

Il y a également le souhait de libérer des places en centres d'acceuil en accélérant les procédures de demandes d'asile et en obligeant ceux qui ont reçu un avis négatif à quitter le centre dans les 30 jours.

Invité dans le Bel RTL Matin, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne indiquait : "En plus des 35 000 places que la Belgique possède et des 65 000 places pour les Ukrainiens, nous allons faire encore plus d'efforts". Avant d'ajouter: "En même temps, on a décidé de fermer le robinet, donc d'expulser plus facilement les demandeurs d'asile qui sont déboutés".

Un "pool d'escorteurs"

Le dispositif sera soumis à une évaluation régulière, avec "l'objectif que tous les demandeurs puissent voir leur droit à l'accueil respecté avant l'hiver 23-24", précisait cette même source. Des mesures visent aussi la procédure d'asile. Une décision négative signifiera dorénavant directement la fin de l'accueil dans un délai de 30 jours et limitera l'impact que peut avoir actuellement l'accumulation de recours en justice sur la saturation des centres.

Actuellement, quelques 1.000 personnes sont concernées. Un meilleur suivi des retours sera exécuté via l'introduction d'un "devoir de coopération" avec les coachs prévus à cet effet. Le non-respect de cette obligation pourra être sanctionné par la mise en œuvre plus rapide d'une procédure de retour forcé. Pour accélérer les expulsions forcées, le "pool" d'escorteurs sera élargi de façon à ce que cette opération puisse être exercée par du personnel de l'Office des étrangers en plus de la police et du personnel de Frontex. La directive de Dublin sera appliquée de façon plus stricte pour favoriser le retour d'un demandeur vers l'Etat membre par lequel il est arrivé dans l'UE.    

Lutter contre le phénomène des "bébés papier"

Plusieurs mesures seront prises en matière de regroupement familial, dont, par exemple, une procédure en vue d'évaluer la prise en charge effective des enfants. Le regroupement familial avec des enfants belges sera possible pour le parent qui s'occupe effectivement de l'enfant au quotidien. Il ne suffira donc plus d'être le parent de l'enfant, et ce afin de lutter contre le phénomène des "bébés papier".  

A côté des mesures accueil, quatre textes ont été adoptés en première lecture. Ils prévoient un nouveau droit de séjour pour les apatrides (de 5 ans dans un premier temps et éventuellement illimité ensuite) et des droits au regroupement familial similaires à ceux des réfugiés, un nouveau droit de séjour pour les parents d'enfants reconnus réfugiés (par exemple des filles risquant des mutilations génitales), l'amélioration de la protection des femmes migrantes victimes de violence conjugale (protection contre la perte de séjour), l'inscription dans la loi du caractère public des rapports de l'organe de contrôle des expulsions forcées et enfin, pour bétonner un acquis de l'accord de gouvernement, l'inscription dans la loi de l'interdiction de l'enfermement d'enfants dans des centres fermés.  

Aucune régularisation de demandeur d'asile n'est prévue dans l'accord. Cette question avait suscité de vives tensions au sein de la Vivaldi durant l'été 2021.   La crise de l'accueil a valu à l'Etat belge plusieurs milliers de condamnations en justice assorties d'astreintes.

Dans la majorité, Ecolo s'est réjoui des nouvelles mesures. "Après le relogement des occupants du village de tentes en face du Petit Château, nous disposons enfin de perspectives claires en matière de rétablissement de l'Etat de droit. Nous veillerons à ce qu'elles soient effectivement concrétisées", a souligné le vice-Premier ministre Georges Gilkinet. "Et nous nous réjouissons des autres avancées obtenues en matière de protection des candidats à l'asile, notamment les femmes victimes de violence conjugale ou de mutilation génitale, les apatrides et les enfants. On n'enferme pas un enfant. Ce sera désormais inscrit dans la loi".

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

9 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Et qui vas payer ces places d'accueil,comme toujours tout sur le dos des contribuables

    Alain Schmit
     Répondre
  • non il ne faut pas ouvrir +++ justement plus il y aura de ++ plus il y aura de nouveaux venus . il faut reguler cela . etre plus rapide et surtout renvoyer ceux qui n on pas droit

    dominique decarnoncle
     Répondre
  • A lire cet article, on a l'impression que ca y est, le problème de la migration est réglé. Mais non, rien n'est réglé ! Le volume des arrivées va continuer à augmenter, et le budget pour réaliser toutes ces belles promesses, on le trouve où ??

    Albert M'Fi
     Répondre
  • et nous pauvre couillons de belge on paye pour tous cela

    Yvon Paquet
     Répondre
  • encore faut-il se mettre d'accord sur la définition du mot (enfant) dans la novlangue le mineur non accompagné est un enfant et donc n'est pas expulsable mais dans la réalité ce sont en grande majorité des hommes noir sans papier :-/

    gregory potriquet
     Répondre
Plus de commentaires