Accueil Actu Belgique Société

Comprendre la situation intenable des producteurs laitiers: voici pourquoi Marc doit vendre son lait 4 fois moins cher qu'en supermarché

20% des agriculteurs belges se trouvent sous le seuil de pauvreté avec des revenus qui ne dépassent pas les 1.366 euros mensuels. Parmi les plus impactés, figurent les producteurs de lait qui le vendent moins cher que le prix de revient. En quelques dizaines d'années, leur nombre a chuté en Belgique.

Depuis 35 ans, Marc Flemal, producteur laitier, se lève tous les matins à 6h pour effectuer le même rituel: nourrir le bétail. Il ne prend jamais de vacances. Et certains mois, il est privé de salaire. "L'industriel vient chercher notre lait tous les 3 jours et c'est seulement à la fin du mois qu'il nous dit combien il va nous payer, explique le producteur laitier. On n'a rien à dire là-dessus. On est obligés de vendre au prix où on veut bien l'acheter".

Aujourd'hui, Marc vend son lait entre 30 et 40 centimes le litre. C'est 3 à 4 fois moins cher que le prix en supermarché. "Alors, à 30 centimes, on est en-dessous du seuil de rentabilité. Là, financièrement, on ne s'en sort plus", dénonce Marc.

Pourquoi le lait est-il vendu si peu cher? Selon l'association Oxfam, c'est parce que l'offre a largement dépassé la demande en Europe. Comment? Toujours d'après Oxfam, l'Union Européenne, afin d'être moderne et compétitive, "a encouragé les agriculteurs à développer leur capacité de production moyennant des investissements très couteux". C'est ainsi que l'offre a largement dépassé la demande européenne et que "le lait est donc acheté à un prix dérisoire", écrit Oxfam. Dans ce schéma, les grands producteurs ont donc été favorisés, et les plus petits producteurs, eux, ont d'autant plus de mal à suivre.

Avec des charges administratives et des contraintes toujours plus importantes, la profession de producteur laitier pourrait, selon Marc, disparaître. C'est déjà le cas dans certains villages voisins. Il y a 30 ans, ils étaient 40 dans la commune d'Incourt. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 4. 

Comment la 6e génération s'en sortira-t-elle? Pour que l'histoire se perpétue, Marc n'a pas eu le choix. Avec sa fille, il a ouvert une crèmerie. Afin que ses produits soient vendus au juste prix. "Nos parents essaient que mon frère et moi ayons un salaire correct tous les mois, mais eux ne peuvent pas se le garantir", explique Laura, la fille de Marc. 

Cette jeune femme n'a d'ailleurs pas le choix. Pour garantir sa sécurité financière, elle assume aussi la profession de professeure de néerlandais. "Le jeudi après-midi, je viens pour donner des cours de néerlandais en primaires. Les enfants savent que je fais du beurre le matin et certains sont même mes clients le mercredi après-midi et le week-end", explique-t-elle.

En Belgique, 20% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Le nombre d'agriculteurs en difficulté augmente chaque année, tous comme les accidents et les suicides.
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

3 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Exactement, et nous aurons définitivement perdu notre capacité de production ( souveraineté alimentaire)

  • Avec un gouvernement de voleur qui touche 10000 euro par mois en costard rien à payer.ils savent meme pas le prix du lait ou du fromage.force au agriculteur .bloquer toute la Belgique jusqu au dernier centime .ne faite plus confiance au politique c est des bons narrateur et les plus grand voleurs

  • Et quand il n'y aura plus que quelques grands producteurs, ils vont imposer leurs prix aux consommateurs qu'i n'auront plus d'alternative. Absolument honteux de voir le (petit) producteur recevoir 30 centimes le litre de lait alors que le consommateur paie quasi 2 euros le litre, alors que ce produit n'est que peu transformé !

    Alain T.
     Répondre