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De plus en plus de femmes sans domicile fixe: pourquoi ont-elles plus de mal à pousser les portes des centres d'hébergement?

L’invité de 7h50 au micro d'Antonio Solimando ce matin sur Bel RTL était Ariane Dierickx, directrice de l'ASBL L'Ilot à l’occasion de la Journée mondiale du droit des femmes. Elle a notamment expliqué pourquoi, aujourd’hui, il y a quasiment autant d’homme que de femmes sans domicile fixe.

"La pauvreté concerne davantage les femmes que les hommes. 23% d'écart salarial, c'est toujours une réalité aujourd'hui. C'est plus difficile évidemment quand les revenus sont faibles. Ils sont faibles tout au long de la vie jusqu'à la pension. Là aussi, il y a encore un écart très important de plus de 20% entre les femmes et les hommes. Les femmes sont beaucoup plus souvent aussi à la tête de familles monoparentales : plus de 90% des familles monoparentales, ce sont des mères monoparentales en réalité. Et si on ajoute à cette situation de pauvreté individuelle plusieurs crises qui se sont succédées ces dernières années, on voit très bien qu'en réalité, le filet de sécurité qu'il y avait autour des personnes jusqu'il y a encore quelques années, il est de plus en plus fragile et le point de basculement est plus rapide et le risque de sans-abrisme a largement augmenté et concerne évidemment les populations les plus faibles".

Le nombre de femmes sans-abri a augmenté et un autre problème se pose : celui de leur accueil dans les centres d'hébergement de jour et de nuit. Les femmes sans-abris ont du mal à pousser les portes de ces centres.

"Notre secteur est mal adapté aux profils des femmes qui fréquentent nos services, a-t-elle poursuivi. D'une part, parce que les infrastructures ont, au départ, été pensées pour des hommes et donc il est difficile d'aménager les lieux avec peu de moyens - c'est la réalité de notre secteur, pour qu'on puisse accueillir à la fois les femmes et les hommes. On sait aussi que les espaces sont exigus, que la promiscuité est importante et les femmes qui sont dans ce secteur, elles ont souvent vécu des situations de violence très importantes et elles ont besoin d'être dans des lieux où elles vont pouvoir être en sécurité. Elles ne sont pas rassurées et en général, lorsqu'elles poussent les portes, elles y restent peu. Avant d'arriver en rue, il faut vraiment qu'elles n'aient plus d'autres solutions. Elles vont éviter la rue et donc nos services le plus longtemps possible".

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