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Quelques perturbations sont à signaler dans les principaux supermarchés du pays en raison du mouvement de grogne du secteur agricole, mais l'impact de ces manifestations sur les rayons des magasins reste actuellement limité, signalent mercredi les grands groupes de distribution.
Le groupe Colruyt est principalement touché depuis mardi soir, après le blocage de deux centres de distribution, à Ghislenghien et Ollignies, dans le Hainaut. Ces entrepôts comprennent des aliments secs, eaux et boissons. Les camions ne peuvent entrer ou sortir. Des retards ont également été signalés au centre de distribution de Hal en raison des actions menées sur les autoroutes aux abords du lieu.
Dans les supermarchés du groupe Colruyt, l'impact de ces blocages ne sera toutefois pas perceptible dans l'immédiat. Les magasins disposent de stocks importants de produits ayant une longue durée de conservation, précise le distributeur. Toutefois, la livraison de produits frais peut être retardée, menant à de potentiels manques dans certains magasins.
Chez Delhaize, le centre de distribution de Ninove, qui conserve des aliments secs et des boissons, est actuellement bloqué. Là encore, le groupe signale que les perturbations dans les magasins restent limitées. Carrefour, pour sa part, indique ne faire face à aucun problème dans ses magasins.
Un centre de distribution de la chaîne de supermarchés Lidl, à Marche-en-Famenne, fait toujours l'objet d'un blocage des agriculteurs. Cela a un impact sur la distribution aux supermarchés de la région, mais sans poser de problème pour les autres sites belges. Enfin, du côté d'Albert Heijn, si les livraisons peuvent connaître des retards en raison des actions sur les autoroutes, aucun impact important n'est signalé. "Mais cela varie d'un endroit à l'autre", précise le groupe.
Eux sont capables de mettre le double, voire le triple
Frédéric, un agriculteur à Henchies qui bloque actuellement le site de Ghislenghien de Colruyt, s'est exprimé à notre micro: "On sait que le groupe Colruyt est un acteur majeur au niveau de la grande distribution. Mais il a une particularité, c'est que depuis quelques années, il investit massivement dans les terres agricoles. Alors il annonce à la population que c'est pour donner accès aux terres, à des jeunes qui ne sont pas nécessairement issus du milieu agricole. Sauf que c'est un faux accès parce que ça crée des faux indépendants qui sont sous la direction de Colruyt. Mais en attendant, cela met en difficulté nos jeunes au sein de nos fermes. Nous ne sommes plus que 12.000 agriculteurs en Wallonie. Aujourd'hui, ce qui se produit, c'est que les terres valent, c'est l'Office national des notaires qui le dit, en Hainaut 35 000 € l'hectare. Ça, c'est la moyenne. Eux sont capables de mettre le double, voire le triple. Ce qui fait que ça crée une démesure au sein de notre outil de travail qui est terriblement valorisé alors que son exploitation est très limitée. Les revenus sont extrêmement limitées et ne couvrent pas les frais de l'immobilisation en capital. Et donc, même s'ils annoncent que ça donne accès aux terres à des jeunes, nous, les 12 000 agriculteurs pour transmettre à nos enfants, c'est extrêmement compliqué et ça a un effet délétère sur notre faculté à transmettre. Donc voilà, ça on veut vraiment, vraiment le dénoncer."
Comeos appelle les agriculteurs à cesser les blocages
Comeos, la fédération du commerce et des services, appelle les agriculteurs à lever les blocages des centres de distribution des supermarchés. Mercredi matin, deux centres de distribution du groupe Colruyt sont toujours bloqués dans le Hainaut, tout comme la centrale logistique de Lidl à Marche-en-Famenne.
"Nous comprenons les inquiétudes des agriculteurs. Nous sommes leur plus grand soutien et nous vendons leurs produits", souligne le porte-parole de Comeos Hans Cardyn.
La fédération estime toutefois qu'avec ces blocages, les agriculteurs se tirent une balle dans le pied.
"Ces blocages engendrent un important gaspillage alimentaire. Il y a moins de fruits et légumes dans les magasins, qui sont pourtant les produits de ces agriculteurs. Leur signal a été donné, mais le gaspillage alimentaire doit cesser", a ajouté le porte-parole.
Les blocages ont par ailleurs perturbé l'approvisionnement d'un supermarché Aldi à Bastogne.
Aldi est confronté à des perturbations importantes en raison d'un blocage persistant au centre de distribution de Villeroux, à Vaux-sur-Sûre.

Les marchandises non livrées devront être jetées. Ce n'est pas du gaspillage, ça ?