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Les centres de distribution de Colruyt à Ghislenghien et Ollignies, dans le Hainaut, étaient toujours bloqués mercredi par les agriculteurs. La distribution des marchandises vers les magasins de la chaîne en est perturbée.
"Depuis mardi 18h00, des agriculteurs bloquent l'accès à nos centres de distribution d'Ollignies et de Ghislenghien. C'est de ces centres de distribution que partent les denrées alimentaires sèches, les eaux et les boissons à destination de nos magasins en Belgique", a spécifié mercredi le groupe Colruyt dans un communiqué. "Les activistes ne permettent pas aux camions d'entrer ou de sortir du site" mais le stock de ces produits "est actuellement suffisant dans nos magasins".
Le personnel prévu pendant la nuit de mardi à mercredi n'a pas pu travailler. "Notre priorité mardi soir était de préparer au maximum les jours à venir et autant de marchandises que possible avec l'équipe restante. De cette manière, tout est prêt pour que nous puissions livrer nos magasins dès que les sites seront à nouveau accessibles."
Les responsables de la chaîne n'ont toutefois "aucune idée de la durée de ces actions. Nous recevons différents signaux à ce sujet et la situation reste donc très imprévisible".
Le transport de marchandises est actuellement possible à partir du centre de distribution de Hal, depuis lequel les magasins ont été fournis en produits frais. Les livraisons accusent néanmoins des retards car les camions subissent les blocages installés sur les autoroutes.
Il est donc "inévitable que des produits manquent dans certains magasins" à un moment donné, a conclu le groupe. Ce dernier ne se risque pas à des prévisions plus précises, les stocks différant entre les magasins.
Eux sont capables de mettre le double, voire le triple
Frédéric, un agriculteur à Henchies qui bloque actuellement le site de Ghislenghien de Colruyt, s'est exprimé à notre micro: "On sait que le groupe Colruyt est un acteur majeur au niveau de la grande distribution. Mais il a une particularité, c'est que depuis quelques années, il investit massivement dans les terres agricoles. Alors il annonce à la population que c'est pour donner accès aux terres, à des jeunes qui ne sont pas nécessairement issus du milieu agricole. Sauf que c'est un faux accès parce que ça crée des faux indépendants qui sont sous la direction de Colruyt. Mais en attendant, cela met en difficulté nos jeunes au sein de nos fermes. Nous ne sommes plus que 12.000 agriculteurs en Wallonie. Aujourd'hui, ce qui se produit, c'est que les terres valent, c'est l'Office national des notaires qui le dit, en Hainaut 35 000 € l'hectare. Ça, c'est la moyenne. Eux sont capables de mettre le double, voire le triple. Ce qui fait que ça crée une démesure au sein de notre outil de travail qui est terriblement valorisé alors que son exploitation est très limitée. Les revenus sont extrêmement limitées et ne couvrent pas les frais de l'immobilisation en capital. Et donc, même s'ils annoncent que ça donne accès aux terres à des jeunes, nous, les 12 000 agriculteurs pour transmettre à nos enfants, c'est extrêmement compliqué et ça a un effet délétère sur notre faculté à transmettre. Donc voilà, ça on veut vraiment, vraiment le dénoncer."
Comeos appelle les agriculteurs à cesser les blocages
Comeos, la fédération du commerce et des services, appelle les agriculteurs à lever les blocages des centres de distribution des supermarchés. Mercredi matin, deux centres de distribution du groupe Colruyt sont toujours bloqués dans le Hainaut, tout comme la centrale logistique de Lidl à Marche-en-Famenne.
"Nous comprenons les inquiétudes des agriculteurs. Nous sommes leur plus grand soutien et nous vendons leurs produits", souligne le porte-parole de Comeos Hans Cardyn.
La fédération estime toutefois qu'avec ces blocages, les agriculteurs se tirent une balle dans le pied.
"Ces blocages engendrent un important gaspillage alimentaire. Il y a moins de fruits et légumes dans les magasins, qui sont pourtant les produits de ces agriculteurs. Leur signal a été donné, mais le gaspillage alimentaire doit cesser", a ajouté le porte-parole.

Les marchandises non livrées devront être jetées. Ce n'est pas du gaspillage, ça ?