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Depuis le début de l’épidémie, la garde des enfants est devenue un casse-tête pour de nombreux ménages. L’année scolaire a été soudainement interrompue obligeant les parents à les garder à la maison. Et pour ceux qui espéraient pouvoir confier les plus petits à une baby-sitter, aux voisins ou aux grands-parents, c’est raté. Les contacts sociaux doivent être limités.
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"Quelles solutions s’offrent à nous? Nous travaillons tous les deux le samedi?", nous questionnent Elodie et Nicolas (prénoms d’emprunt car ils veulent garder l'anonymat), parents d’un garçon âgé de 10 ans.
Elodie travaille en tant que responsable de magasin, Nicolas œuvre au sein d’une usine de production. Toute l’année, ces jeunes parents sont amenés à travailler les week-ends. Une habitude s’est donc installée au sein de la famille. Le petit garçon passe tous ses samedis en compagnie de son grand-père.
Je ne peux pas le laisser seul. Il n’a que 10 ans
Depuis le début de la crise, pas question de se rendre chez Papi. La petite famille limite ses contacts en dehors du foyer. Jusqu’à présent, la garde n’avait posé aucun problème. Elodie étant au chômage temporaire après la fermeture du magasin, elle s’occupait de son garçonnet à la maison. Mais à partir de ce samedi 8 mai, les habitudes seront chamboulées.
Suite aux décisions du Conseil National de Sécurité, la boutique dans laquelle travaille Elodie rouvre ses portes le 11 mai. Responsable de magasin, la mère de famille fera quant à elle sa rentrée le samedi 9 mai afin de se préparer à l’arrivée des clients. Un problème se présente: avec deux parents au travail, qui va garder le petit garçon? "Légalement, je ne peux pas le laisser seul. Il n’a que 10 ans", nous souffle la mère de famille.
Des solutions ont été trouvées pour les parents dont la garde est impossible. Des écoles et des crèches accueillent les plus petits. Mais cet accueil n’est effectif que durant la semaine. A l'’heure actuelle, aucun moyen n’a été déployé pour des gardes d’enfants durant le week-end. "Et le problème va se répéter durant les prochains samedis où on va travailler", se désole Elodie. Avant d’ajouter: "Je suis sûre que l’on n’est pas les seuls. Je pense notamment aux mamans célibataires".
Pas de moyens mis en œuvre pour pallier cette "situation d'inconfort"
Les autorités sont bel et bien conscientes de cette problématique. "Bien sûr, c'est un vrai problème. Et malheureusement, nous sommes dans une période où nous n'avons pas des réponses directes à tout", nous concède Nicolas Parent, porte-parole de Bénédicte Linard, ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le gouvernement Wallonie-Bruxelles nous explique qu'aucun moyen n'a été mis en œuvre pour pallier "cette situation d'inconfort". "L'accueil des enfants dans les milieux scolaires et crèches est déjà très compliqué en semaine. La reprise du travail va augmenter le nombre d'enfants accueillis. On se focalise donc sur l'organisation de cet accueil durant la semaine. On imagine très mal une organisation comme celle-ci les week-ends", avoue Nicolas Parent.
Solution 1 : prévoir dans ses 4 invités, une personne capable de garder les enfants
Une solution réside peut-être dans le nouveau plan de déconfinement présenté ce mercredi par les autorités. A partir de dimanche prochain, chaque famille pourra accueillir jusqu'à 4 personnes, a annoncé Sophie Wilmès. "Parmi elles, on peut éventuellement envisager une personne capable de garder les enfants", souligne le porte-parole de la ministre de l'Enfance. Avant d'ajouter: "Cela reste un vrai casse-tête car si l'on fait ça, on limite forcément ses autres possibilités d'invitations".
Solution 2 : le congé parental Corona
Un congé parental spécial coronavirus a été mis en place par le gouvernement fédéral dans le but d'aider les parents qui ne peuvent faire garder leurs enfants. L'objectif est de permettre aux parents concernés de prendre ce congé avec effet rétroactif, entre le 1er mai et le 30 juin. L'accord doit encore être finalisé. Le congé parental Corona est établi à mi-temps ou à 1/5 temps pour les parents liés depuis au moins un mois à leur entreprise. Afin d’en bénéficier, entre le 1er mai et le 30 juin, ils doivent avoir au moins un enfant à charge de moins de 12 ans ou un enfant handicapé.
Pour Nicolas et Elodie, aucune de ces alternatives n'est cependant envisageable. Les jeunes parents se sont résignés. "Notre fils va aller chez son grand-père dès samedi. Je n’ai pas d’autres solutions mais bien sûr, je ne suis pas rassurée. Son grand-père a plus de 70 ans et est diabétique. Quand on lit que les enfants sont des porteurs sains et avec moi qui vais être en contact avec la clientèle, ce n’est pas rassurant", nous souffle-t-elle.
Eviter à tout prix les contacts avec les personnes à risques
De leur côté, les autorités demandent aux familles d'éviter à tout prix de faire garder les plus jeunes aux seniors. Ces derniers étant considérés comme des personnes à risque face à l'épidémie du coronavirus. "Il faut continuer de protéger le public à risque", rappelle Nicolas Parent.
Car les contacts entre les plus jeunes et les seniors ne sont pas encore autorisés. Bien que Conseil National de Sécurité a décidé d’assouplir les mesures en vigueur en rendant possibles de plus larges contacts sociaux, les autorités ont prévenu: le but n’est pas que les grands-parents s'occupent de leurs petits-enfants toute la journée.
"Une courte visite, en respectant les distances de sécurité, ce n'est pas la même chose que garder ses petits-enfants toute la journée. Il s'agit là d'une étape supplémentaire qui doit être envisagée d'une autre façon", a indiqué Erika Vlieghe, présidente du groupe d'experts pour la stratégie de déconfinement (GEES). Avant de conclure: “Nous rappelons l'avertissement selon lequel les personnes présentant un profil clair de risque ou celles de plus de 65 ans ne sont pas censées avoir de nombreux contacts ou des contacts très étroits avec de jeunes enfants".