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Historiquement, le 1er mai, c'est la journée choisie par les travailleurs pour manifester et exprimer leurs revendications. Pour les partis politiques, c'est aussi le moment de réunir les militants et de prononcer ses discours. Un moment important dans le monde politique et syndical, surtout à quelques mois des élections communales et provinciales.
Le MR vante en Brabant wallon le succès des recettes libérales à tous les niveaux
Le Mouvement réformateur a profité de la Fête du Travail, qu'il célèbre depuis plusieurs années en Brabant wallon, pour défendre le bilan de sa participation au pouvoir à plusieurs niveaux, dont le fédéral et - depuis neuf mois - à la Région wallonne, à quelques encablures des élections communales d'octobre et à l'approche des élections générales de mai 2019.
"L'ADN du MR, c'est le développement économique et social. Au gouvernement fédéral comme au gouvernement wallon, nous redynamisons notre économie, pour améliorer le pouvoir d'achat, créer des emplois et ainsi sauvegarder notre sécurité sociale, nos soins de santé et nos pensions", a lancé le président des réformateurs, Olivier Chastel, devant un public de mandataires, de militants, de députés et de ministres rassemblés à Court-Saint-Etienne. "Nous sommes depuis quatre ans au travail, nous avons une vision très claire. Nous voulons un pays plus solide", a pour sa part affirmé le Premier ministre Charles Michel, rappelant que 180.000 emplois ont été créés depuis l'entrée en fonction, en octobre 2014, de son équipe de centre-droit rassemblant le MR, la N-VA, le CD&V et l'Open Vld - dont certains membres étaient présents à la fête du 1er mai libéral.
"Le gouvernement fédéral a enclenché la marche arrière du progrès. Qu'il parte!"
Dans ses réformes sorties à tour de bras, le gouvernement fédéral a enclenché la marche arrière du progrès jusque dans les matières éthiques. Il doit s'en aller, a affirmé mardi la présidente de la fédération bruxelloise du PS Laurette Onkelinx, devant les militants du parti réunis en rangs serrés à la Maison du peuple de Saint-Gilles.
Dans un monde qui bouge à une vitesse jamais rencontrée dans l'histoire, le gouvernement MR-N-VA est la parfaite illustration de la culpabilisation de la population, par les gouvernements de droite. Ceux-ci disent qu'il faut cesser avec la justice sociale, fiscale et environnementale qu'ils qualifient de privilèges. En attestent en Belgique, a dit la présidente du PS bruxellois, le nouveau régime des pensions qu'ils organisent et les cadeaux fiscaux qui "pleuvent pour les rentiers et les diamantaires". A l'entendre, le gouvernement est "l'adepte du modèle anglo-saxon à la Tatcher jusque dans le langage employé pour tromper la population". "Tax-shift que l'on peut traduire comme 15 milliards pompés en 5 ans dans la poche des travailleurs via le saut d'index et les taxes à la consommation pour alimenter le profit des entreprises; flexi-jobs avec en point d'orgue le contrat intérimaire à durée indéterminée; starters-jobs pour masquer la réduction du salaire minimum des jeunes, .... utilisons leur langage pour dire qu'on en a assez d'eux en deux mots simples: Get out Mister Michel et De Wever", a-t-elle ajouté.
Face à cela, le PS propose, selon Mme Onkelinx, un nouveau Pacte social avec globalisation des revenus et individualisation des droits, une réduction du temps de travail sans réduction des salaires, une nouvelle justice fiscale avec la taxation des grands patrimoines et des mesures fortes pour que les Régions deviennent les premières d'Europe sans gaz à effet de serre. Comme Philippe Van Muylder, le secrétaire de la régionale bruxelloise de la FGTB, dont le mandat arrive à échéance, Mme Onkelinx a enfin jugé que l'économie du numérique, bien régulée, pourrait être un progrès considérable pour notre bien-être. "Mais à l'heure actuelle, elle mange des emplois à la pelle grâce 'au laisser faire libéral' qui lui permet en outre de grignoter la protection de notre vie privée", a-t-elle encore dit.
A la place du "néolibéralisme dur", le PS propose en 2019 un "nouveau pacte social"
Le président du parti socialiste Elio Di Rupo a proposé mardi la mise en place en 2019 d'un "nouveau pacte social" appelé à remplacer le programme "destructeur" de l'actuel gouvernement fédéral "MR N-VA" à l'origine d'une "politique durement néolibérale".
"Le combat sera implacable", a prédit M. Di Rupo à l'aube de deux importantes échéances électorales, communales, en octobre, et législatives en mai 2019. A l'entendre, le choix aura même été rarement aussi "clair" entre le "camp du progrès", socialiste, et celui du MR, "Monde des Riches" qui engendre "Misère et Régression".
Parti à la "reconquête" après les "difficultés" qui ont miné le parti (les affaires), le PS entend convaincre les citoyens qu'il faut "imposer notre présence à la table des différents gouvernements".Pour ce faire, Elio Di Rupo promet "un pacte social qui réparera tout ce qui a été détruit par le MR et la N-VA". Des propositions de loi ont été déposées au parlement, traduisant à ce stade 60% des engagements pris lors du chantier des idées du parti. Parmi celles-ci, il en est une qui traduit une revendication de la FGTB, présente, avec la Mutualité socialiste Solidaris au parc communal de Baudour, où Elio Di Rupo prend traditionnellement la parole. Elle vise à fixer le salaire horaire minimum à 14 euros au lieu des 9,5 euros actuels.
Hedebouw rend hommage aux travailleurs de Lidl et vise la pension à points de Bacquelaine
Le député fédéral et porte-parole national du PTB Raoul Hedebouw a profité du 1er mai pour rendre au hommage aux travailleurs de Lidl en grève, mais aussi dénoncer le projet de pension à points du ministre Daniel Bacquelaine.
Devant un petit demi-millier de personnes rassemblées place Saint-Paul à Liège pour le 1er mai syndical, le député a jugé que le combat mené par les travailleurs de Lidl incarnait à lui seul le débat de société sur les conditions de travail de l'avenir. "Les travailleurs de Lidl sont soumis à une flexibilité à outrance, sans bénéficier de contrats à temps plein!", a-t-il dénoncé. Pour lui, la mobilisation actuelle des travailleurs de Lidl, mais aussi des fonctionnaires fédéraux en grève lundi, ainsi que la mobilisation chez Bpost face aux plans d'externalisation commencent à faire réfléchir au sein du gouvernement. "Le printemps social arrive!", a-t-il prédit. "Là haut, ils commencent à avoir peur. Ils ont la trouille! Et celui qui a le plus la trouille, c'est (le ministre fédéral des Pensions) Daniel Bacquelaine", lequel ne fait que reporter de mois en mois la présentation de son projet de loi pour l'introduction de la pension à points, a raillé le PTBiste.
Annoncé d'abord pour fin 2017, le dépôt du texte ne cesse d'être repoussé. Dans une récente interview, M. Bacquelaine jugeait même que son vote n'était pas indispensable avant la fin de la législature actuelle, a souligné Raoul Hedebouw.Pour lui, ce nouveau régime va mener à un montant de pensions très aléatoire pour les travailleurs, alors qu'il est possible de préserver le modèle de pensions actuel, notamment en taxant les riches, a-t-il défendu.
Sans citer nommément le PS, le Liégeois a aussi décoché mardi une nouvelle flèche à la "gauche traditionnelle" qui pointe régulièrement son attitude ambivalente face à l'exercice du pouvoir."Pendant 25 ans, ils (le PS, ndlr) ont voté toutes les mesures de droite, en nous disant qu'il n'y avait pas d'alternative. Que sans eux, ce serait pire. Mais est-ce que c'est prendre ses responsabilités que de voter la chasse aux sorcières? De privatiser la CGER et du Crédit Communal? Ou de voter le blocage salarial?", a-t-il attaqué. Pour Raoul Hedebouw, les vrais changements viendront plutôt des combats menés par les travailleurs dans les entreprises, par les citoyens dans les quartiers, par les artistes, ainsi que par le travail des délégués syndicaux.
Son discours s'est déroulé sans incident. L'an dernier, au même endroit, il avait essuyé un coup de couteau dans la cuisse porté par un déséquilibré.
Le secrétaire général de la FGTB tire à boulets rouges sur l'exécutif de Charles Michel
Le secrétaire général de la FGTB Robert Vertenueil a vertement critiqué, lundi dans son discours du 1er mai, la "politique rétrograde" menée par le gouvernement fédéral. "Je prends la parole aujourd'hui au nom de ces milliers de travailleurs qui subissent durement les mesures injustes et dogmatiques de ce gouvernement des riches", a-t-il déclaré devant des militants du syndicat socialiste et des personnalités politiques de gauche rassemblés à Namur.
M. Vertenueil a notamment estimé que l'équipe de Charles Michel, "à la solde du capital et des grosses fortunes", s'employait à détruire les pensions des travailleurs. "Si Daniel Bacquelaine (le ministre des Pensions, ndlr) pense que je dis des bêtises, qu'il accepte de venir en débattre avec moi", a-t-il lancé. Au-delà des pensions, tous les pans de la vie active sont matraqués, a estimé le secrétaire général du syndicat socialiste. "Il nous faudra peut-être une génération pour réparer la casse sociale organisée par ce gouvernement", a-t-il averti, avant d'appeler les militants à continuer à défendre la sécurité sociale, mais aussi les services publics. "Un service public doit être performant et pas rentable. C'est précisément cela qui fait la différence entre le public et le privé", a-t-il rappelé au gouvernement, qu'il accuse de tenter "d'étouffer les services et les entreprises publics" afin de préparer des arguments qui conduiront à leur privatisation.
Lors de son intervention, M. Vertenueil s'est enfin inquiété d'un affaiblissement de la démocratie en Belgique. "Le gouvernement des droites, s'alignant ainsi sur une tendance qu'on peut remarquer un peu partout en Europe, s'attaque petit à petit, insidieusement, à des fondements de notre démocratie", a-t-il dénoncé. "À ce gouvernement de nantis, je lui adresse un message très clair. S'il continue à s'attaquer à nos pensions et aux droits des travailleurs, il nous trouvera toujours sur son chemin. Il n'y a pas de résignation. Il n'y aura pas d'essoufflement", a martelé Robert Vertenueil.
Ecolo profite du 1er mai pour appeler à des emplois de qualité
Augmentation des burn-outs, du travail intérimaire et des contrats journaliers, hausse du nombre de travailleurs dépendant du système maladie-invalidité et des accidents de travail, persistance du déséquilibre salarial entre femmes et homme... :"derrière le discours triomphaliste de la majorité fédérale sur la création d'emplois se cache une dégradation de leur qualité qui interpelle fortement les écologistes", ont-ils indiqué mardi, à l'occasion du 1er mai.
"La personne humaine ne se réduit pas à son statut de travailleur et à sa capacité à contribuer à l'économie. Il est urgent de travailler sur l'amélioration des conditions de travail, sur le partage du travail disponible et sur la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle", ont pour leur part souligné Zakia Khattabi et Patrick Dupriez, les coprésidents d'Ecolo. Les écologistes ont dès lors déposé 5 propositions de loi, visant à améliorer la qualité de l'emploi. Parmi celles-ci la possibilité d'un congé parental à 1/10e temps, la formation en tant que droit personnel du travailleur ainsi que le développement du plan Tandem, permettant aux travailleurs, à partir de 55 ans, de passer à mi-temps tout en conservant leurs droits à la pension et en étant remplacés par de jeunes travailleurs durant le temps libéré.
Ecolo plaide également pour accorder le droit à un changement de fonction pour les travailleurs âgés et pour créer les conditions permettant aux entreprises qui le souhaitent de passer à un régime de 4 jours de travail par semaine. "L'objectif, c'est de créer pour chacun.e les conditions d'une vie digne et de s'épanouir personnellement, nous voulons des emplois, oui, mais des emplois de qualité, notamment pour les femmes, les jeunes et les travailleurs âgés!", ont conclu les coprésidents d'Ecolo.