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Dans le petit monde encore confidentiel de la “maison connectée” (on lui prédisait un avenir radieux il y a 10 ans, ce n’est pas vraiment le cas), on évoque souvent Amazon, Apple et Google. Avec Alexa et ses skills, HomeKit et Google Assistant + Home, ces trois géants américains du numérique ont la mainmise sur ces appareils qui tentent de rendre notre maison plus smart.
Mais ce serait oublier un acteur majeur de l’électronique grand public, N.1 mondial dans de nombreuses catégories: Samsung. Le mastodonte sud-coréen a racheté l’entreprise américaine SmartThings en 2014, au moment où tout le monde voyait dans la maison connectée un nouvel Eldorado numérique. Il n’en fut rien, il n’en est toujours rien. En 2015, Samsung avait promis, je m’en souviens très bien, que dès 2020, TOUS les appareils Samsung seraient connectés. La promesse n’est pas tenue: nous sommes en 2023 et, après quelques minutes passées sur le large catalogue en ligne du fabricant, il y a bien logiquement des références dans l’électroménager (frigos, hottes, tables de cuisson, etc) qui restent off line. Mais les choses ont tout de même évolué. Je me suis donc penché sur l’état de SmartThings...
Quel est le principe ?
Toujours le même: vous avez des appareils connectés dans votre maison, vous commencez par les relier au niveau logiciel à l’application SmartThings. Si ce sont des appareils Samsung, ça ira très vite et ce sera peut-être automatique. Pour les autres marques, il faudra autoriser l’appli à contrôler les appareils ; et ça passe, par exemple et dans mon cas, par une fenêtre de connexion Philips Hue (lampes), Arlo (caméras), Sonos (musique). Contrairement à Google Home, SmartThings n’a pas voulu se connecter à ma serrure Tedee (une petite entreprise polonaise). Ne blâmons pas Samsung, ce sont probablement les constructeurs tiers qui doivent rendre compatibles avec SmartThings leurs appareils. Heureusement, on tend vers une universalité des appareils connectés, notamment via le standard de connectivité Matter, qui se répand doucement... (il existe d'ailleurs un chargeur sans fil Samsung qui peut faire office de hub universel pour connecter des appareils Matter à SmartThings, voir photo ci-dessous). Une fois que tout est connecté, SmartThing peut donc allumer ou éteindre des lampes, jouer de la musique, regarder des flux de caméras.
Quels avantages ?
Rien d’intéressant jusqu’ici, puisque ce qu’on vient de dire, vous pouvez le faire, et avec davantage de facilité et d’options, via l’application Hue, Sonos ou Arlo, pour reprendre mes exemples. L’intérêt de SmartThings (ou de Google Home, Amazon Alexa, Apple HomeKit), c’est de centraliser le contrôle de la maison connectée, de le rendre accessible via un assistant vocal (Bixby dans le cas de Samsung) ou un appareil déporté (voir plus bas), et de créer des passerelles entre ces appareils via des routines et des scènes. On arrive donc à l’onglet “Automatisations” de l’application SmartThing. J’ai créé “Ambiance relax”, qui allume toutes les lampes d’une certaine manière, et lance une certaine playlist. Basique. “Vacances”, qui active un mode “absence”: les caméras surveillent, des lampes Hue s’allument pour simuler une présence le soir. Plus malin: on peut dans les routines, configurer des “si”, “alors”. Exemple: si ma caméra Arlo détecte un mouvement, alors toutes mes lampes Hue s’allument. C’est un simple exemple, il existe de très nombreuses possibilités et options, il faut prendre le temps de comprendre et de configurer (ce n’est pas évident pour tout le monde...).
La force de Samsung ?
Voilà pour l’idée, et ça fonctionne plutôt pas mal, même si ça demande certaines notions de logique et de créativité. L’avantage de Samsung réside dans son écosystème très complet d’appareils. Si vous ne possédez que du Samsung, ça fonctionnera forcément plus rapidement et plus simplement. C’est la technique Apple, finalement, en version étendue car le catalogue de Samsung va du climatiseur au téléviseur en passant par les smartphones et les fours.
Autre appareil essentiel: la Galaxy Watch. C’est la montre connectée de Samsung, qui permet de contrôler des appareils reliés à SmartThings depuis votre poignet. J’ai fait le test: ça fonctionne, et la montre joue son rôle d’appareil déporté permettant de gérer une “maison Samsung”. Mais ça n’est pas l’expérience la plus fluide et intuitive qui soit, et j’ai de meilleurs souvenirs avec Google Assistant sur une Fitbit Sense. De plus, j’ai observé des déconnexions récurrentes et des messages du style: “Impossible de se connecter à l’interrupteur”. Mais en théorie, c’est un bel outil, et vous pouvez même streamer au poignet la caméra de surveillance de votre jardin. On ne voit pas grand-chose, mais ça a le mérite d’exister !
Impossible d’éviter Bixby, l’assistant vocal de Samsung, que l’on peut lancer depuis un smartphone, une tablette ou une montre Samsung. On le sait, même les géants du logiciel Google et Amazon ont du mal à imposer largement l’utilisation de ”Alexa” et “Ok Google”, car, et je peux en témoigner, c’est encore loin d’être parfait et souvent plus irritant que pratique. Dès lors, le sud-coréen, avec son approche différente, plus robotique et exhaustive que conversationnelle, peine encore davantage à me convaincre:
Mais, restons objectif, pour ceux qui se sont habitués à utiliser Bixby, c’est une porte d’entrée supplémentaire pour la maison connectée SmartThings de Samsung. Vous pouvez donc dire “Bixby, allume les lumières du salon” ou “Montre moi Devant la maison” (une caméra de surveillance), même si pour cette dernière, il faut encore valider avant de voir le flux, ce qui limite le gain de l’assistant vocal (un bon widget Arlo sur l’écran d’accueil sera plus rapide).
Une application SmartThings très complète, mais austère
Revenons tout de même un instant SmartThings. Un gouffre sépare la manière dont Google (via l’application Home) et Samsung envisagent la maison connectée. L’approche sud-coréenne est plus encyclopédique, et l’ouverture de l’application en découragera plus d’un, à cause de l’austérité de l’interface, et de l’exhaustivité des menus. On comprend très vite qu’on peut faire beaucoup de choses avec beaucoup d’appareils, même ceux qu’on ne possédera jamais (un frigo ou un four très haut de gamme avec caméra intégrée, par exemple). Au démarrage, l’application vous montre un tas de possibilités, même si vous ne possédez que deux ampoules et une caméra. C’est assez vite décourageant, surtout si on compare à la méthode “soft” de Google, dont l’apparence est moins austère et ne vous bombarde pas de “tout ce qu’il est possible de faire”.
Conclusions
La maison Samsung est une réalité, depuis que SmartThings est intégré, un peu plus chaque année, dans l’énorme catalogue des appareils Samsung, de la buanderie à la cuisine, en passant par votre poche et la TV du salon. Est-elle plus facile à configurer et contrôler que la maison Google ou Amazon (pour ceux qui ont donc pris la peine de relier les objets connectés de la maison à la plateforme/application Google Home ou Alexa) ? La réponse est non, clairement. Google et Amazon ont plus d’expérience et de recul, sur un public européen et américain, ce qui les rend plus intuitifs que la solution sud-coréenne.
Mais, avantage de taille pour Samsung: le nombre d’appareils Samsung (donc naturellement compatibles avec la maison SmartThings) est potentiellement très important si vous choisissez souvent cette marque. Allons plus loin: aucune autre entreprise au monde n'a un tel catalogue d'appareils connectés pour les particuliers. Ce qui permet à l’écosystème Samsung de s’installer, naturellement à nouveau, dans votre maison. Si votre smartwatch, votre téléphone, votre ordinateur, votre télévision et vos électroménagers sont signés Samsung, alors vous avez tout intérêt à vous plonger dans l’utilisation de SmartThings et de Bixby !