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L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mercredi à jeudi un texte décrié des députés macronistes visant à rendre obligatoire les drapeaux français et européen au fronton des mairies de plus de 1.500 habitants, un usage déjà répandu.
Au terme d'un examen tendu, la proposition de loi a été soutenue par 130 voix contre 109 en première lecture et doit désormais être examinée par le Sénat.
Des amendements ont assoupli le texte initial, en permettant que les drapeaux puissent être hissés à proximité des mairies ou sur leurs toits et surtout en exemptant les communes de moins de 1.500 habitants de l'obligation de pavoisement, pour des raisons financières.
"L'exemption concerne 70% des communes de France", a dénoncé le député LR Philippe Gosselin, "ça n'a pas de sens" dans une "République une et indivisible".
"Soit (le drapeau européen) c'est important, c'est un symbole et on l'affiche partout" soit non, a critiqué l'écologiste Jérémie Iordanoff, en annonçant une abstention sur l'ensemble du texte.
Les députés ont voté un amendement pour garantir dans toutes les mairies cette fois la présence du portrait officiel du président de la République, un usage lui aussi répandu. Puis deux autres pour apposer la devise Liberté, Egalité, Fraternité sur leurs façades (amendement Léaument, LFI) ou afficher la déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen à l'intérieur (Gosselin, LR).
La proposition de loi, portée par le groupe macroniste Renaissance, avait été volontairement inscrite à l'agenda mardi, jour de l'anniversaire de la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, considérée comme un texte fondateur de la construction européenne, mais les débats tendus ont débordé sur la soirée de mercredi.
A un an des élections européennes, le rapporteur Renaissance Mathieu Lefèvre assume le caractère clivant de sa proposition à "portée symbolique".
"Ceux qui ont du mal à masquer leur malaise devant le drapeau étoilé ont tout autant de mal à masquer leurs rêves de Frexit déguisé, rouge pour les uns et brun pour les autres", a-t-il attaqué, ciblant les députés insoumis et RN.
La secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, Laurence Boone, a renchéri en pointant les "deux extrêmes de cet hémicycle".
Insoumis et communistes ont raillé "la tentative de diversion" du camp présidentiel pour essayer de tourner la page de la réforme des retraites, par une mesure "sans aucune utilité pratique".
Au RN, le député Jean-Philippe Tanguy a lancé une attaque frontale contre le drapeau étoilé, qui ne porte selon lui "aucun symbole". "Il n'y a que trois couleurs face auxquelles les Français s'inclinent", a-t-il jugé, "le bleu, le blanc et le rouge".