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Les Verts allemands, en perte de vitesse dans les sondages, ont demandé samedi que l'Union européenne revoie sa copie au sujet de son projet de réforme de l'asile, pourtant validé par la coalition dont ils sont membres.
Lors d'un mini-congrès à Bad-Vilbel (Hesse), le bureau du parti écologiste a demandé dans une motion à ce que des "améliorations" soient apportées à ce projet d'accord, qui doit encore passer par le Parlement européen.
L'Allemagne avait bel et bien donné son aval le 9 juin à ce texte qui prévoit notamment la mise en place de centres aux frontières extérieures de l'UE pour certains migrants, dont les familles avec enfants. C'est ce point en particulier qui hérisse les écologistes, craignant une remise en cause du droit d'asile.
Le texte a aussi mis en porte-à-faux la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, qui ne s'était pas démarquée du texte adopté à Luxembourg par les ministres de l'Intérieur.
- "Déchirement" -
Samedi devant les militants écologistes, l'ancienne candidate à la chancellerie a reconnu que ce projet n'était "pas super" et avait constitué pour elle aussi un "déchirement".
Pour le co-président des Jeunes verts, Timon Dzienus, "l'opposition est encore plus grande qu'au moment de Lützerath", village de l'ouest de l'Allemagne évacué pour permettre l'extension d'une mine à ciel ouvert malgré la mobilisation de militants écologistes.
En interne, des cadres s'inquiètent, selon la presse allemande, d'une vague de départs parmi les 120.000 militants du parti, tombé à 14% dans les intentions de vote après avoir cru conquérir la chancellerie en 2021.
Mais un éventuel blocage total du projet d'accord risquait fort d'ouvrir une crise au sein de la coalition, le SPD d'Olaf Scholz le soutenant lui totalement.
"Cela fait certainement de nombreuses années que la situation n'a pas été aussi dangereuse pour le parti" écologiste, résume la chaîne d'information NTV.
Les "Grünen" sont en particulier distancés par le parti d'extrême droite AfD, qui a trouvé dans son opposition à la politique climatique un nouveau carburant à son essor et est crédité, avec environ 20%, d'intentions de vote sans précédent.
Le parti Vert paye au prix fort sa participation au gouvernement depuis 2021, au côté des sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et des libéraux du FDP.
La cohabitation avec ces derniers, hérauts de la rigueur budgétaire et défenseurs acharnés de l'automobile allemande, est très délicate.
- Bouc-émissaire -
Une personnalité en particulier suscite le rejet dans l'opinion : le vice-chancelier écologiste et ministre du Climat, Robert Habeck.
Bouc-émissaire de l'extrême droite et du quotidien populaire Bild, le plus lu d'Allemagne, il est accusé de vouloir rogner les libertés des Allemands au nom de la lutte contre le réchauffement.
Ce philosophe de formation, candidat potentiel à la chancellerie en 2025, est critiqué pour avoir tenté d'imposer dès janvier prochain à toute nouvelle chaudière de fonctionner avec au moins 65% d'énergie renouvelable.
La mesure a suscité une telle levée de boucliers dans un contexte d'inflation et de récession que le numéro 2 du gouvernement, sous pression de ses partenaires libéraux, a dû revoir ses ambitions à la baisse.
Difficile à digérer pour des Verts qui ont dû avaler de nombreuses couleuvres ces dernières années, du réarmement allemand à la réouverture de centrales à charbon, en passant par la prolongation de centrales nucléaires.
"Il est très décevant pour les Verts de constater qu'ils ne parviennent guère à traduire concrètement leurs propres convictions, précisément au moment où la crise climatique s'aggrave" et qu'une jeune génération de militants multiplie les actions coup de poing, confirme à l'AFP la politologue Ursula Münch.
"Le problème, c'est que trois partenaires aux idées très différentes doivent travailler ensemble, et ce à une époque de crises existentielles", résume-t-elle.