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Le président Volodymyr Zelensky s'est rendu jeudi près du front dans le Sud de l'Ukraine, demandant des missiles et des avions aux Européens, son armée annonçant elle par erreur un retrait russe d'une ville de l'autre côté du fleuve Dniepr, dans la même zone.
Dans l'Est du pays, à Bakhmout, où se concentre depuis des mois l'essentiel des combats, l'armée ukrainienne a assuré observer un "épuisement" des forces russes et entendre s'en servir pour lancer "très bientôt" une contre-offensive.
M. Zelensky, qui s'est rendu mercredi près de Bakhmout est apparu jeudi près de Kherson, une ville dont les Russes se sont retirés en novembre 2022 pour se replier de l'autre côté du fleuve Dniepr, frontière naturelle entre les deux armées.
Quelques heures après son déplacement, le ministère ukrainien de la Défense a annoncé que les forces russes s'étaient retirées mercredi de leurs positions à Nova Kakhovka, ville de 45.000 habitants avant la guerre à l'est de Kherson, et où se trouve notamment un barrage hydroélectrique.
Une information ensuite démentie par l'état-major ukrainien, qui a reconnu une erreur.
"Les occupants se trouvent encore temporairement à Nova Kakhovka. L'information sur le supposé retrait de l'ennemi de cette localité a été rendue publique à la suite d'une utilisation incorrecte des données disponibles", a-t-il indiqué.
La fausse annonce a aussi immédiatement été démentie par l'occupation russe dans cette région dont Moscou a revendiqué l'annexion.
"Je déclare officiellement que tout le personnel militaire russe à Nova Kakhovka, ainsi que dans d'autres endroits sur la rive gauche du Dniepr, reste sur ses positions", a écrit sur Telegram Vladimir Saldo, un responsable prorusse local.
Des témoins à Nova Kakhovka contactés par l'AFP ont également affirmé que les troupes russes étaient toujours sur place.
- Missiles et avions -
Le président Zelensky, en déplacement dans la région jeudi, a en particulier fait une apparition à Possad-Pokrovské, une localité qui a subi d'importantes destructions et a été aux mains de l'armée russe jusqu'à son retrait à l'automne.
M. Zelensky a également visité une station électrique endommagée pendant la vague de frappes contre les installations énergétiques ukrainiennes tout au long de l'hiver.
Selon la présidence, ce séjour était axé sur la reconstruction dans la région de Kherson.
Le président a ensuite appelé, via visioconférence depuis un train, les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles, pour leur demander des missiles à longue portée et des avions de combat.
Il a en outre demandé l'adoption de nouvelles sanctions contre la Russie, des avancées sur l'adhésion de son pays à l'UE et des progrès sur son plan de paix, selon un responsable européen.
Beaucoup de pays occidentaux sont réticents à livrer des armes à Kiev, de peur de provoquer une escalade du conflit en permettant à l'Ukraine de frapper le territoire de la Russie.
Certains pays européens ont toutefois annoncé être prêts à fournir à l'Ukraine des avions de combat de fabrication soviétique. Quatre MIG-29 ont été livrés jeudi à l'Ukraine, a annoncé le ministère slovaque de la Défense. La Pologne a également promis de fournir 4 MIG-29.
Les Européens ont aussi approuvé lundi l'allocation de 2 milliards d'euros pour financer des achats communs de munitions d'artillerie dont l'Ukraine a désespérément besoin pour contrer l'offensive des troupes russes dans l'Est.
- Appel Xi-Zelensky ? -
C'est sur le front Est que se concentrent depuis des mois l'essentiel des combats et notamment à Bakhmout, une ville devenue le théâtre de destructions massives et de lourdes pertes dans les deux camps.
Malgré une lente progression, les forces russes n'ont toujours pas conquis la ville, se heurtant à une forte résistance.
"L'agresseur ne désespère pas de prendre Bakhmout à tout prix, malgré les pertes en hommes et en matériel", a commenté sur Telegram le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky.
Les troupes russes à Bakhmout, dont les paramilitaires du groupe Wagner, "s'épuisent", a-t-il ajouté en assurant que "très bientôt, nous tirerons parti de cette opportunité".
Les déplacements de M. Zelensky près de Bakhmout mercredi et près de Kherson jeudi interviennent juste après un sommet entre Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping à Moscou, où ils ont affiché leur alliance face aux Occidentaux.
Le président russe a prudemment appuyé le plan chinois destiné à régler le conflit en Ukraine, tout en accusant Kiev de le rejeter.
Selon des informations de presse, Xi Jinping pourrait désormais parler au téléphone avec Volodymyr Zelensky, ce qui constituerait une première depuis le début de l'invasion russe que Pékin n'a ni condamnée publiquement, ni soutenue ouvertement.