Partager:
Les bureaux de vote ont rouvert samedi en République tchèque, au dernier jour du second tour de l'élection présidentielle pour laquelle le général à la retraite de l'Otan Petr Pavel reste favori face à l'ancien Premier ministre milliardaire Andrej Babis.
Les analystes prévoient un taux de participation élevé pour ce vote, après une campagne électorale particulièrement virulente.
M. Pavel, un ancien parachutiste, arrivait en tête des derniers sondages d'opinion, avec 58% à 59% des intentions de vote, contre 41% à 42% pour son rival.
"Très franchement, si les sondages sont bien faits, je pense qu'il sera difficile pour Babis de remonter", a dit à l'AFP Tomas Lebeda, analyste de l'Université Palacky.
Le vainqueur remplacera Milos Zeman, un homme politique controversé, qui a entretenu des liens étroits avec Moscou avant de faire volte-face au moment de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
Dans la petite ville de Dobrichovice, au sud-ouest de Prague, par un temps couvert et frais samedi matin, l'électrice Irena Cihelkova explique à l'AFP que le nouveau président devra surtout bien représenter le pays.
"Il devrait être ouvert et amical, ce qui est un atout pour le pays, et ne pas créer de problèmes à l'étranger comme d'autres hommes d'Etat tchèques", estime-t-elle.
En votant vendredi dans le village de Cernoucek, dans le nord, l'ancien général a déclaré qu'il voulait être "un président digne" d'un pays membre de l'UE et de l'Otan, comptant 10,5 millions d'habitants.
"Je ne vais pas lancer de promesses en l'air mais je décrirai la réalité telle qu'elle est", a-t-il ajouté.
M. Babis, 68 ans, dont la richesse et les soucis judiciaires ont fait un personnage clivant, a qualifié le vote de "référendum sur Babis", en déposant son bulletin à Pruhonice, au sud de Prague.
Au premier tour, pendant lequel huit candidats avaient été en lice, M. Pavel avait devancé M. Babis, obtenant 35,4% des suffrages contre 35%. Et il a depuis bénéficié du report des voix de certains concurrents éliminés.
M. Babis peut compter sur un soutien stable des électeurs de son mouvement populiste de centre gauche ANO mais, selon des experts, il a découragé des électeurs avec des diatribes chaotiques pendant les débats.
La campagne entre les deux tours a été âpre, avec une vague de désinformation ayant largement pris pour cible M. Pavel, et des menaces de mort ayant visé M. Babis et sa famille.
Dans un canular lancé sur internet, puis relayé par SMS, on affirmait même que Petr Pavel était mort.
Bien que son rôle soit essentiellement honorifique en République tchèque, le chef de l'Etat nomme le gouvernement, choisit le gouverneur de la banque centrale et les juges constitutionnels, et assure le commandement suprême des forces armées.
- Ancien para contre milliardaire -
Petr Pavel, 61 ans, est un héros de la guerre en ex-Yougoslavie au cours de laquelle il a notamment aidé à libérer des soldats français. Il est ensuite devenu chef de l'état-major tchèque et de celui du comité militaire de l'Otan.
Les deux rivaux avaient été membres du Parti communiste dans les années 1980, lorsque la Tchécoslovaquie était sous la tutelle politique de Moscou.
Andrej Babis, propriétaire du groupe agroalimentaire, chimique et médiatique Agrofert, est la cinquième fortune tchèque, selon le magazine Forbes.
Premier ministre de 2017 à 2021, il a créé la controverse la semaine dernière en déclarant qu'il n'enverrait pas de troupes tchèques si d'autres Etats membres de l'Otan, la Pologne ou les Pays baltes, étaient attaqués.
Des propos sur lesquels il est revenu par la suite mais qui ont suscité des critiques dans la région.
L'analyste politique indépendant Jan Kubacek a estimé que l'élection n'entraînerait pas de changement dans la politique étrangère tchèque, quel que soit le vainqueur.
"La République tchèque restera pro-occidentale", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les bureaux de vote doivent fermer à 14H00 (13H00 GMT). Les résultats sont attendus peu après.