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Rémunération des enseignants: les syndicats claquent la porte des négociations sur le "pacte"

Après une heure de réunion, les syndicats enseignants ont quitté lundi la table des négociations sur la partie "pacte" de la hausse des rémunérations des enseignants, qui prévoit de nouvelles missions, dénonçant "un alourdissement de la charge de travail".

"Les organisations FSU, Unsa Education, SGEN-CFDT, Snalc et Sud Education ont quitté aujourd'hui (lundi) la réunion consacrée au pacte", écrit l'intersyndicale dans un communiqué commun. Les syndicats disent exiger "une revalorisation ambitieuse et sans contreparties pour tous les personnels".

Il s'agissait de la deuxième réunion sur la partie "pacte", qui prévoit notamment de nouvelles missions pour les enseignants. Les syndicats FO et CGT avaient déjà quitté les négociations en janvier. Parmi les tâches supplémentaires envisagées figurent des missions "liées aux remplacements de courte durée", ou d'autres "d'orientation et d'accompagnement des élèves".

Critiqué par les syndicats lors de la première réunion, le ministère a avancé lundi une modulation du "pacte" avec trois unités de 1.250 euros, pouvant aller jusqu'à un "pacte" à 3.750 euros brut d'augmentation par an. Mais il devra comporter obligatoirement certaines missions telles que le remplacement de courte durée dans le second degré et des heures d'approfondissement et de soutien en maths et français pour les élèves de 6e dans le premier degré, dans le cadre de la réforme récente du collège, précise-t-on rue de Grenelle.

"Les enseignants ne veulent pas travailler plus. Les heures qu'ils passent actuellement au travail explosent déjà. Nous ne pouvons pas leur demander de contreparties et surtout pas dans le cadre de cette usine à gaz", s'agace Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

- "travailler plus pour gagner plus" -

Pour Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, "les propositions sur le pacte, c'est comme sur les retraites, ça induit une augmentation du travail, sans tenir compte du travail réel déjà réalisé et du vécu au travail".

Les concertations sur les hausses de rémunérations des enseignants promises par le président Emmanuel Macron ont repris en janvier, après une première phase à l'automne. Deux réunions ont eu lieu en janvier et février sur la partie "socle" (inconditionnelle) des hausses, en parallèle aux réunions sur la partie "pacte" (liée à de nouvelles missions), la plus contestée par les syndicats.

"Ce n'est pas anodin que tous les syndicats quittent cette réunion. Nous n'avons jamais eu d'illusion sur ce +pacte+ mais la charge de travail supplémentaire qui est proposée est beaucoup trop lourde, c'est non", affirme Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Selon le communiqué publié lundi, les syndicats disent avoir "confirmation que le pacte est un instrument qui ne répond en rien aux attentes des collègues et aux besoins de l'école". Aucune réponse n'est apportée sur la question des inégalités salariales femmes/hommes: le pacte va même aggraver ces inégalités, c'est inacceptable!", déplorent-ils.

"C'est du +travailler plus pour gagner plus+, mais ça risque de se faire au détriment du travailler mieux dans les établissements et de dégrader les conditions d'enseignement pour les élèves", ajoute Gilles Langlois, secrétaire national du SE-Unsa.

La réunion de conclusion de ces concertations sur la revalorisation du métier d'enseignant était prévue le 13 mars. Ce calendrier va être décalé, sans date précise à ce stade. Le ministère dit "ne pas désespérer d'arriver à des améliorations", rappelant qu'il souhaite "une concertation avec la plus forte adhésion possible et pas un accord signé".

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