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Rennes "ville morte": rocade paralysée contre la réforme des retraites

"Une manifestation qui fait chier personne, ça ne sert à rien": avec des kilomètres de voitures et de camions à l'arrêt total dans les deux sens, les manifestants qui bloquaient lundi matin la rocade sud de Rennes contre la réforme des retraites semblent avoir atteint leur objectif.

Une cinquantaine d'entre eux avaient investi ce tronçon du périphérique rennais à l'aube pour y installer des points de blocage dans le cadre d'une opération "ville morte" lancée sur les réseaux sociaux.

Après avoir été délogés une première fois par les forces de l'ordre, ils ont monté un nouveau barrage environ trois kilomètres plus loin. Des palettes de bois, des branches mortes et quelques panneaux de signalisation s'y consumaient lentement en travers de la 2x2 voies, produisant une épaisse fumée noire.

Aucun drapeau ou signe de reconnaissance n'était visible parmi les manifestants, pour la plupart des jeunes gens parmi lesquels circulent quelques hommes plus expérimentés arborant des gilets jaunes.

Sont-ils présents à l'appel d'un mouvement syndical, d'une organisation quelconque ? "On représente le peuple !", rétorque l'un d'eux, qui ne veut pas donner son nom.

"90% des voitures nous comprennent", affirme-t-il, tandis que ses camarades laissent brièvement passer des véhicules au compte-gouttes, quelques-uns les saluant par des coups de klaxon en signe d'encouragement.

- "Pression sur les patrons" -

Ce type de blocage "permet de parler avec les gens, d'expliquer pourquoi on fait ça, et aussi de montrer le mécontentement de la rue en France et au niveau international", disent Erwann et Florian, deux étudiants rennais en informatique respectivement âgés de 22 et 21 ans.

"Et puis ça dérange plus le gouvernement que de déambuler en ville. Ca a un impact sur l'économie. Il faut mettre la pression sur les patrons et l'économie pour obtenir le retrait de cette réforme des retraites, c'est ce que nous disent les syndicats", dit Erwann, tandis qu'un manifestant creuse à l'aide d'un piquet le bitume ramolli par les flammes pour faire une tranchée dans la chaussée.

Les deux jeunes assurent que "même s'il y en a toujours qui sont énervés d'être bloqués", la plupart des gens à qui ils ont parlé "comprennent" leur mouvement.

C'est le cas de ce patron de PME souhaitant rester anonyme, qui discute aimablement avec les manifestants qui le bloquent.

"Je les soutiens!", lance-t-il à l'AFP. "Nos anciens se sont battus pour qu'on ne soit pas comme eux. Mon père a travaillé toute sa vie dans le bâtiment, il touche 748 euros de retraite. Je ne veux pas que mes enfants connaissent la même chose", insiste-t-il.

Peu après 10H00, un petit groupe de policiers en tenue anti-émeute faisait les sommations d'usage avant de tirer quelques grenades lacrymogènes pour disperser cet "attroupement illégal" et déblayer le barrage. Selon la préfecture, la circulation avait repris progressivement en fin de matinée.

- "Méthodes plus dures" -

A Brest, une cinquantaine de militants de l'intersyndicale bloquaient depuis 06H00 les accès à la chaufferie urbaine où sont incinérés les déchets ménagers de la métropole finistérienne. Les barrages de palettes et de pneus enflammés perturbaient également la circulation sur un axe important de la ville.

"On se rend compte que faire le tour de la mairie, ça ne sert à rien, alors on va adopter des méthodes plus dures et on verra", lance Lionel Le Roy, 49 ans, représentant du personnel aux services de la voirie de Brest Métropole.

"Les manifestations syndicales traditionnelles ça n’a rien donné. Il y a eu 2 ou 3 millions de personnes dans les rues, on ne nous a pas écoutés", déplore-t-il.

Pour Régis Omnes, élu du syndicat FO Métallurgie, "le gouvernement s'est tiré une balle dans le pied avec le 49-3". "Même les non grévistes prennent ça comme un défi", estime-t-il.

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