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Signé Giltay: Emmanuel Macron endosse sa tenue de chef de guerre

Emmanuel Macron a décidé de ré-endosser sa tenue de chef de guerre. C'est un grand classique de la politique française. Quand l'économie va mal, et c'est le cas, le Président se replie sur l'international. Et quoi de plus important qu'une guerre qui, en plus, est aux portes de l'Europe.

Le Président va expliquer aux chefs de parti que la guerre a remis au premier plan les questions de souveraineté, de défense et d'énergie. Un débat aura d'ailleurs lieu les 12 et 13 mars à l'Assemblée nationale et au Sénat sur le pacte de sécurité conclu avec Kiev. Les échanges promettent d'être vifs. D'autant que mardi, lors de son déplacement à Prague, Emmanuel Macron a assumé sa proposition d'envoyer des troupes au sol, fustigeant l'esprit de défaite qui rôde.

Il a ainsi appelé ses partenaires européens à ne pas être lâches face à une Russie devenue inarrêtable. Il visait plus particulièrement le chancelier allemand, qui avait très mal pris la semaine dernière la proposition française. Depuis, le scandale des écoutes d'un briefing militaire allemand a révélé que le sujet était sur la table, y compris à Berlin. Si l'on envoie aux Ukrainiens des armes sophistiquées comme des missiles à longue portée, il faudra au minimum des instructeurs pour former les soldats ukrainiens.

On connaît la stratégie de Macron. Elle répond à celle de Poutine, qui n'exclut rien, y compris l'usage de l'arme nucléaire. L'idée, c'est de ne rien exclure non plus, pour ne pas se mettre en position de faiblesse. De surcroît, le fait d'être revenu sur le sujet à Prague avait une forte valeur symbolique. En 1938, les Français et les Anglais avaient abandonné les tchèques lors des accords de Munich passés avec Hitler. Depuis, en France, l'adjectif munichois est devenu synonyme de lâcheté.

Macron ne sera donc pas munichois, comme le furent Édouard Daladier et Neville Chamberlain, d'ici qu'ils se prennent pour le général de Gaulle ou Churchill, il n'y a qu'un pas. On peut aussi imaginer qu'il cherchera à mettre dans les cordes le Rassemblement national de Marine Le Pen, dont le père Jean-Marie était un grand admirateur du maréchal Pétain et de Léon Degrelle. Le président va donc se donner le bon rôle en focalisant l'attention des Français sur l'Ukraine, et pas sur les 20 milliards d'économies réclamées par son ministre des Finances. Mais en bon chef de guerre, Macron dira sûrement "l'intendance suivra".

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