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La rédaction du Journal du dimanche a reconduit sa grève mercredi pour protester contre l'arrivée à sa tête de Geoffroy Lejeune (ex-Valeurs actuelles), sur fond de possibles avancées concernant un accord pour garantir son indépendance éditoriale, une de ses exigences.
La poursuite de ce mouvement, entamé il y a trois semaines, a été votée "à 94%, lors d'un scrutin à bulletin secret" (89 pour, 6 contre, 7 blancs et nuls), a indiqué sur Twitter la Société des journalistes (SDJ) de l'hebdomadaire dans la matinée.
Quelques heures plus tard, la SDJ du JDD et celle de Paris Match, autre propriété de Lagardère, ont annoncé avoir mandaté l'avocat Me Jean-Pierre Mignard "pour les accompagner dans l'élaboration d'un accord qui fixera des garde-fous permettant de garantir l'indépendance juridique et éditoriale des rédactions du groupe".
"La direction nous dit qu'elle est ouverte pour discuter de ce projet de charte éditoriale", l'autre revendication des grévistes opposés à la nomination de Geoffroy Lejeune, a expliqué à l'AFP l'un d'entre eux. L'avocat sollicité doit ainsi les "conseiller" dans sa rédaction.
Faut-il y voir un premier pas vers une résolution de la crise, débutée le 22 juin ? "Il n'y a rien de tangible", prévient le journaliste du JDD, soulignant que la mise en retrait de l'ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles reste une priorité.
Contactée par l'AFP, la direction de Lagardère n'a pas souhaité réagir.
Pour l'heure, le groupe reste sur ses positions. Il ne reviendra pas sur la nomination comme directeur de la rédaction de Geoffroy Lejeune, soutien du candidat d'extrême droite Eric Zemmour à la présidentielle de 2022.
"Les journalistes du JDD se sont rendus mardi matin devant le siège d'Hachette, pendant le comité de groupe de Lagardère. Malgré leur mobilisation, une nouvelle fois, la direction n'a pas donné suite à ces demandes", a rappelé la SDJ.
La grève a empêché la parution de trois numéros, du jamais vu dans l'histoire du journal. Et celui du 16 juillet est compromis, selon une journaliste interrogée mardi par l'AFP.
Lagardère doit passer sous le contrôle de Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré, régulièrement accusé d'ingérence dans les médias qu'il contrôle.
Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a qualifié dimanche l'homme d'affaires de "personnage manifestement très proche de l'extrême droite la plus radicale", s'attirant les foudres des médias de la galaxie Bolloré.
Dans ce contexte, le sénateur PS David Assouline a déposé mercredi une proposition de loi, soutenue par le groupe socialiste, visant à garantir "l'indépendance des rédactions".
Selon le texte proposé, les journalistes devront valider à la majorité qualifiée la nomination du directeur de la rédaction, avec un taux de participation d'au moins 50%.
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