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Jair Bolsonaro devra témoigner sous dix jours dans l'affaire des émeutes du 8 janvier, a ordonné un juge de la Cour suprême fédérale, resserrant l'étau sur l'ancien président brésilien d'extrême droite, sous le coup de cinq enquêtes des hauts magistrats.
"Jair Messias Bolsonaro devra être auditionné par la police fédérale dans un délai maximum de dix jours", dit la décision du magistrat Alexandre de Moraes.
La police fédérale n'a pas indiqué dans l'immédiat quelle serait la date de la convocation de l'ancien président.
L'enquête sur le rôle présumé dans les émeutes de Jair Bolsonaro, qui se trouvait le 8 janvier à Orlando, aux Etats-Unis, avait été déclenchée dès le 13 janvier par Alexandre de Moraes.
Le 8 janvier, des milliers d'individus refusant la défaite de l'ex-président d'extrême droite avaient pris d'assaut le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême, une semaine après l'investiture du chef de l'Etat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Les assaillants avaient facilement franchi le cordon de sécurité pour tout saccager sur leur passage, y compris des oeuvres d'art d'une valeur inestimable.
L'ancien président nie avoir eu un quelconque rôle dans les émeutes qui avaient vu plus de 1.800 personnes être arrêtées.
Mais le parquet se réfère notamment à une vidéo postée le 10 janvier, deux jours après les émeutes, par Jair Bolsonaro, contestant les résultats de l'élection de Lula.
Bolsonaro s'était dit "revigoré" le 30 mars à son retour au Brésil après un séjour de trois mois aux Etats-Unis, mais il savait qu'il s'exposait à des poursuites judiciaires avec une éventuelle inéligibilité et un possible emprisonnement.
Cette nouvelle annonce intervient une semaine après une premier témoignage de l'ancien président devant la police à Brasilia dans l'affaire des bijoux offerts par le gouvernement saoudien et entrés illégalement au Brésil.
- "coup d'État" -
Jair Bolsonaro avait déjà passé le 5 avril environ trois heures au siège de la police dans la capitale et avait quitté les lieux sans faire de déclaration à la presse.
Une source proche de l'ancien président avait indiqué à l'AFP que M. Bolsonaro avait nié devant les enquêteurs avoir commis un quelconque délit et qu'il n'avait eu connaissance des bijoux saisis qu'en décembre 2022.
Elle a également expliqué que les efforts déployés par la suite pour rendre les bijoux visaient à éviter les "vexations diplomatiques", compte tenu de la possibilité que ces cadeaux de grande valeur de l'Etat saoudien soient finalement vendus aux enchères.
C'était la première fois que M. Bolsonaro se présentait devant la police en tant qu'ex-président, près d'une semaine après son retour au Brésil.
L'affaire des émeutes l'oppose, elle, directement à son rival Lula. Le président du Brésil s'était dit "certain" début février que Jair Bolsonaro était le cerveau derrière l'attaque le 8 janvier des institutions nationales à Brasilia, et qu'il cherchait ainsi à réaliser un "coup d'Etat".
"Aujourd'hui, je suis conscient et je le dis haut et fort : ce citoyen a préparé le coup d'État", avait déclaré Lula dans une interview accordée à la chaîne de télévision locale RedeTV!.
Lula a remporté le scrutin d'octobre d'une courte marge, avec 50,9% des voix, contre 49,1% pour le sortant.
Les violences à Brasilia ont rappelé l'invasion du Capitole deux ans plus tôt aux Etats-Unis, par des partisans de Donald Trump refusant d'accepter sa défaite face au président américain actuel Joe Biden.
Bolsonaro, qui a perdu son immunité, est également sous le coup de pas moins de 16 enquêtes du Tribunal supérieur électoral (TSE).
Il pourrait être condamné à huit ans d'inéligibilité, ce qui l'empêcherait de se présenter à la présidentielle de 2026.