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La liste des enquêtes visant la Macronie s'allonge: des investigations viennent d'être lancées pour déterminer si le microparti du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a bénéficié de dons illégaux lors de sa campagne pour la primaire de la droite en 2016, ce dont ce dernier se défend.
La Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire parisienne doit établir si des dons illégaux ont été faits à ce microparti intitulé "Avec BLM", qui avait récolté deux millions d'euros pour la primaire de la droite de 2016 selon le site Mediapart.
Cette enquête préliminaire a été révélée par Mediapart et confirmée par une source proche du dossier à l'AFP.
Les investigations ont été lancées le 2 juin pour "participation au financement d'un parti politique par une personne morale par dons ou fourniture d'avantages à un prix inférieur à ceux habituellement pratiqués" et pour "acceptation par le parti politique de ces mêmes avantages", a précisé le parquet de Paris.
Ces infractions sont passibles de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.
Bruno Le Maire a rejeté ces accusations.
Le ministre est "surpris" de la saisine de la justice par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, a indiqué son entourage à l'AFP.
"La CNCCFP avait en effet validé les comptes de l'association BLM sans réserve par courrier en date du 21 novembre 2022", lequel indique, toujours selon la même source, que les comptes "ne laissent apparaître ni périmètre incomplet ni incohérence manifeste".
Lors de la primaire de la droite en 2016, Bruno Le Maire était arrivé en cinquième position avec 2,4% des voix. Un échec cuisant.
Malgré des appels aux dons, il avait par la suite eu du mal à éponger ses dettes pour ce microparti, mis en sommeil après les échéances électorales.
- Deux factures "annulées" -
Des factures de prestataires non réglées sont dans le viseur des enquêteurs. Mediapart précise que, sur "plus d'une dizaine" de prestataires non payés, les plus grosses dettes annulées émanent de deux spécialistes de la communication politique: Experian (avec une facture de 24.990 euros non réglée) et Catch Digital Strategy (9.000 euros).
Interrogé par la CNCCFP, dans des observations consultables en ligne, le microparti avait notamment justifié ces dettes annulées par le dépassement du "délai de prescription légal" de cinq ans.
"Sur deux factures, la CNCCFP a demandé des informations complémentaires, qui lui ont été fournies. Ces deux factures faisaient l'objet d'un différend avec les prestataires. En l'absence de retour de leur part, ces deux factures ont été annulées à l'issue de la période de prescription, conformément aux règles comptables", a encore expliqué l'entourage de Bruno Le Maire à l'AFP.
Avec cette enquête, c'est un nouveau membre du gouvernement qui est confronté à des démêlés judiciaires. Plusieurs figures proches du président, du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler au garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti en passant par le ministre des Armées Sébastien Lecornu ou François Bayrou, sont mis en cause dans d'autres dossiers pénaux.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt sera notamment jugé du 27 au 30 novembre prochains pour favoritisme, soupçonné d'avoir arrangé l'attribution d'un marché public daté de 2009-2010 au groupe de traitement de l'eau Saur lorsqu'il était maire d'Annonay (Ardèche).
Les comptes de campagnes électorales du président Emmanuel Macron lui-même intéressent aussi la justice: deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet national financier (PNF) sur des soupçons de financement illégal de ces campagnes et sur les liens entre des proches du président et des membres du cabinet de conseil McKinsey, qui auraient pu oeuvrer gratuitement lors de la campagne présidentielle de 2017.
Une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée est également en cours au PNF depuis fin mars.
Après la seconde victoire d'Emmanuel Macron, Bruno Le Maire a été reconduit en mai 2022 à la tête de Bercy, qu'il a dirigé pendant le premier mandat de l'actuel chef de l'Etat.
A 54 ans, il est l'un des ministres ayant l'une des plus grandes longévités au ministère de l'Economie et des Finances sous la Ve République. Il fut également secrétaire d'Etat aux affaires européennes (2008-2009) et ministre de l'Agriculture (2009-2012).