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L'ONU et Médecins du Monde redoutent une famine "imminente" à Gaza: "C'est une quête sans cesse pour trouver à manger"

Plus d'un million de gazaouis sont confrontés à la faim, selon l'ONU. 

De retour d'une mission dans la bande de Gaza, la responsable du pôle Moyen-Orient de Médecins du Monde, Louise Bichet, décrit le quotidien de la population en "quête sans cesse pour trouver à manger, pour trouver de l'eau potable".

"Rien n'est accessible", raconte-elle. "Il n'y a plus de magasins à proprement parler. Les rues sont occupées, tout l'espace public en fait est occupé par des tentes avec des familles qui sont là". Les enfants sont "en état de stress permanent", ajoute Louise Bichet, appelant à un cessez-le-feu pour que "l'aide humanitaire dans son ensemble puisse atteindre la population".

L'ONU, elle aussi, une situation "catastrophique". Un habitant sur deux dans la bande de Gaza connaît une situation alimentaire catastrophique, en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici le mois de mai en l'absence de mesures "urgentes", ont prévenu lundi les agences spécialisées de l'ONU.

Une situation "catastrophique"

Plus de 1,1 million de Gazaouis sont confrontés à "une situation de faim catastrophique", proche de la famine, "le nombre le plus élevé jamais enregistré" par l'ONU, qui se base sur le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié lundi.

Dans le dernier rapport IPC publié en décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) considéraient la famine comme "probable" d'ici la fin mai dans le nord de la bande de Gaza. Elles estiment désormais qu'elle y surviendra "à n'importe quel moment entre maintenant et mai" si rien n'est fait pour l'empêcher.

Le constat est particulièrement critique pour les habitants du nord de la bande de Gaza. "Sans changements dans l'accès à l'aide humanitaire, la famine arrive", prévient la directrice générale adjointe de la FAO, Berth Bechdol, dans un entretien à l'AFP.   

Les critères de l'ONU pour déclarer une famine à Gaza

La famine est définie par l'IPC comme "un état de privation alimentaire extrême".  Les Nations unies redoutent une famine "imminente" dans le nord de Gaza, difficilement accessible, où vivent actuellement environ 300.000 personnes. 

L'aide par voie terrestre, très insuffisante face aux besoins immense, entre principalement dans la bande de Gaza depuis l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, après avoir été inspectée par Israël. Mais le volume d'aide arrivant ainsi ne suffit pas à répondre aux besoins de la population, d'où les appels pour ouvrir d'autres voies, donnant sur le nord du territoire, et différentes initiatives comme l'envoi de navires chargés de vivres depuis Chypre.

  • La classification en état de "famine" représente la phase de sévérité la plus élevée de l'échelle IPC d'insécurité alimentaire aiguë, qui en compte cinq: phase 1 ("minimale"), phase 2 ("stress"), phase 3 ("crise"), phase 4 ("urgence"), et enfin phase 5 ("catastrophe/famine").
  • La phase 5 est atteinte lorsqu'un territoire remplit ces trois critères:
    - au moins 20% des foyers sont confrontés à un manque extrême de nourriture
    - au moins 30% des enfants souffrent de malnutrition aiguë
    - au moins deux personnes sur 10.000 ou au moins quatre enfants de moins de cinq ans sur 10.000 meurent chaque jour d'inanition ou en raison d'une interaction malnutrition/maladie.
  • Concernant ce troisième critère, la mortalité "accélère, mais les chiffres disponibles sont limités, comme c'est souvent le cas dans les zones en guerre", selon le PAM. Toutefois, "attendre une confirmation qu'une famine est en cours (...) pour prendre des mesures radicales est indéfendable", estime l'IPC dans son rapport.

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