Partager:
Anwaar-ul-Haq Kakar a prêté serment lundi au Pakistan pour endosser officiellement le rôle de Premier ministre intérimaire et mener le pays jusqu'aux élections prévues dans quelques mois.
"Je m'efforcerai de préserver l'idéologie islamique qui est à la base de la création du Pakistan. Je ne laisserai pas mes intérêts personnels influencer ma conduite ou mes décisions officielles", a promis lors d'une cérémonie retransmies en directe à la télévision celui qui était jusqu'ici sénateur de la province du Baloutchistan.
Le nouveau chef de gouvernement par intérim a été investi par le président Arif Alvi le jour de la fête d'indépendance du pays, lundi après-midi en présence du Premier ministre sortant Shehbaz Sharif.
La première tâche de M. Kakar, 52 ans, consistera à choisir un cabinet pour diriger le pays à l'approche d'une période électorale qui pourrait durer des mois.
Le Parlement a été officiellement dissous la semaine dernière et des élections doivent avoir lieu dans les 90 jours, conformément à la Constitution, mais la diffusion le week-end dernier des données du dernier recensement pourrait les repousser.
Le gouvernement a indiqué que la commission électorale avait besoin de temps pour redessiner les limites des circonscriptions électorales, alors que les autorités tentent d'apporter de la stabilité face aux crises sécuritaire, économique et politique auxquelles est en proie le pays.
- Climat politique agité -
Le climat politique est agité depuis qu'Imran Khan a été démis de ses fonctions de Premier ministre par un vote de défiance en avril 2022. Le week-end dernier le très populaire septuagénaire a été condamné à trois ans de prison pour corruption et incarcéré. M. Khan, qui n'a pas non plus le droit de se présenter aux élections pendant cinq ans, a fait appel de sa condamnation.
M. Kakar "a une carrière politique limitée et ne pèse pas lourd dans la politique pakistanaise", avait souligné l'analyste politique Hasan Askari Rizvi, interrogé par l'AFP.
"Cela peut être un avantage car il n'a pas d'affiliation forte avec les principaux partis politiques", mais "l'inconvénient", selon l'analyste, "c'est qu'il pourrait avoir du mal à faire face aux problèmes auxquels il sera confronté, sans le soutien actif de l'establishment militaire".
"J'ai confiance dans la capacité du Premier ministre intérimaire à organiser des élections libres et équitables", avait déclaré le Premier ministre sortant, Shehbaz Sharif, dans un discours d'adieu à la nation, dimanche en fin de journée.
Le mois dernier, le Parlement a adopté à la hâte une loi donnant au gouvernement intérimaire plus de pouvoir pour négocier avec des organismes internationaux tels que le Fonds monétaire international. Un indice supplémentaire laissant présager qu'il pourrait rester en place pendant un certain temps.
Certains analystes pensent que ce délai pourrait donner du temps aux principaux partenaires de la coalition, à savoir la Pakistan Muslim League-Nawaz (PML-N) et le Pakistan Peoples Party (PPP), pour affûter une stratégie contre le parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).
Les Etats-Unis ont fait savoir mercredi qu'ils suivaient avec inquiétude la situation au Pakistan, craignant que des violences puissent éclater à l'approche des élections.
Au Pakistan, derrière toute élection se cache l'armée, qui a organisé au moins trois coups d'Etat réussis depuis que le pays a été forgé à partir de la partition de l'Inde en 1947.
M. Khan a bénéficié d'un véritable soutien populaire lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2018, mais les experts estiment que ce n'était qu'avec la bénédiction des puissants généraux du pays, avec lesquels il se serait brouillé dans les mois qui ont précédé son éviction.