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Prépondérance de l'exploitation sexuelle dans la traite des humains en France

Une étude fondée sur le suivi d'une vingtaine d'associations met en lumière la prépondérance de l'exploitation sexuelle dans la traite des êtres humains en France et la surreprésentation des femmes parmi les victimes, selon des données publiées mercredi.

L'enquête réalisée par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) et l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) montre que sur 1.857 victimes de traite des êtres humains suivies par les 24 associations ayant répondu à l'étude, 74% étaient victimes d'exploitation sexuelle.

Parmi les autres, 15% ont subi des faits d'exploitation par le travail, principalement dans le cadre domestique, 7% ont été exploitées pour commettre des délits et 2% pour de la mendicité forcée. Pour 2% des victimes, la forme d'exploitation n'a pas été identifiée.

Sur l'ensemble des victimes prises en charge par les associations (dont la Cimade, la Croix Rouge, l'Armée du Salut), 85% sont des femmes.

Si les victimes accompagnées par les associations sont originaires de 70 pays, cinq nationalités concentrent 80% des victimes: Nigeria, Roumanie, Maroc, Algérie et Bulgarie.

Selon la Miprof et l'ONDRP, l'enquête confirme "l'ampleur de l'activité des réseaux nigérians de traite prostitutionnelle en France". Seul 1% des victimes d'exploitation sexuelle sont originaires de France.

La traite des êtres humains par les réseaux de l'Europe de l'Est et du Sud est davantage diversifiée même si l'exploitation sexuelle reste prédominante. Contraindre à commettre des délits et la mendicité forcée constituent les autres volets de leur activité criminelle.

L'enquête met en lumière "l'emprise" des exploiteurs sur les victimes. Le transfert vers la France ou le lieu d'exploitation, comme l'hébergement, sont majoritairement organisés par l'exploiteur ou un intermédiaire.

L'exploitation par le travail (esclavage, servitude, travail ou services forcés) concerne très majoritairement les femmes (94%) dans un cadre domestique. Hors de ce cadre, les hommes sont plus représentés (68%) notamment dans les travaux agricoles, le bâtiment, la restauration, le commerce...

L'étude relève l'augmentation du nombre de mineurs suivis pour mendicité forcée, souvent des garçons et parfois très jeunes (moins de 10 ans).

Les victimes suivies "ne peuvent pas être considérées comme un échantillon représentatif de l'ensemble des victimes présentes sur le territoire français", préviennent toutefois l'ONDRP et la Miprof.

Elles soulignent notamment que les activités des associations ayant répondu peuvent entraîner une "surreprésentation" des victimes d'exploitation sexuelle.

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