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Arrivés à un âge proche de la majorité, la plupart des jeunes adultes n'attendent qu'une chose : pouvoir prendre le volant, et devenir autonomes dans leurs déplacements. Seulement, avant cette terre promise, de nombreux nids de poules et ornières se dressent sur le chemin de nos jeunes. Permis de conduire théorique, examen de perception des risques, heures d'auto-école, et enfin permis de conduire pratique ; la route est longue vers l'obtention de la petite carte rosée.
Pour Céline, jeune fille liégeoise, ce chemin commence difficilement : elle a raté ses trois premières tentatives au permis théorique, malgré une étude acharnée. Pour Aline, sa maman, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, ce n'est pas le problème : "Rater, ça arrive", explique-t-elle. Pour elle, c'est le système post-examen qui est totalement à revoir.
Ça n'est fait que pour ramener encore plus d'argent !
"Comment comprendre ses erreurs si on ne peut pas les voir ?"
"Comment est-ce possible, en 2022, de ne pas pouvoir voir ses fautes pour se corriger ?", s'insurge-t-elle. "Ma fille a toujours réussi ses secondaires sans accroches, et quand elle sort du centre d'examen, elle perd toute sa confiance en elle, et ne comprend pas ce qu'elle doit faire pour réussir !", nous explique la maman de Céline, qui repassera très prochainement son permis théorique pour la quatrième fois.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé : après une première tentative du côté du centre d'Auto Sécurité de Tihange, Céline change de ville et tente de le passer, à Couillet, dans un centre AIBV, autre organisme qui délivre des permis de conduire. "On nous avait dit que les questions étaient posées différemment, que le système n'était pas le même. Mais après l'examen, le constat, lui, était le même : impossible de voir les erreurs que ma fille avait faites".
Après deux échecs, il est obligatoire de suivre une formation de 12 heures au sein d'une école de conduite agréée et de présenter un certificat de formation pour présenter l'examen théorique une nouvelle fois. Ce qu'a donc fait Céline. "Des cours barbants, et qui ne l'ont pas aidé plus que ça", selon la maman. "Et à deux reprises, nous lui avons acheté un logiciel qui génère des questionnaires sur Internet, de manière à simuler un examen".
Nous ne pouvons pas exclure des fuites
Mais le résultat est le même, Céline échoue une troisième fois à son examen, toujours sans pouvoir consulter ses réponses. "Quel est le but recherché en ne donnant pas la possibilité à l'élève de revoir et comprendre ses erreurs, si ce n'est finalement que récolter un maximum d'argent ?", s'interroge Aline. "Parce qu'en comptant toutes les dépenses, on en est déjà à plus de 215 euros. Comment vont les gens qui n'ont pas les moyens ?"
"Évaluer et pas former"
Contacté par la rédaction de RTL Info, Auto Sécurité a tenu à apporter quelques précisions sur le sujet épineux du permis de conduire théorique et plus particulièrement sur le fait de ne pas laisser voir le correctif aux élèves. "Il a été convenu, avec notre Autorité de tutelle, de supprimer la diffusion du correctif délivré à l'issue de l'examen, au profit d’un résumé des thématiques à revoir en fonction des fautes commises, ceci dans un objectif d’amélioration de l’apprentissage", explique Pierre-Laurent Fassin, porte-parole.
Car, comme le précise le porte-parole, le rôle d’Auto Sécurité est "d’évaluer et non de former". "Si le candidat a la possibilité de voir un correctif, nous ne pouvons pas exclure des fuites. Il faut bien se rendre compte que le nombre de questions est par ailleurs limité", précise-t-il.
Depuis 2018, les modalités pour l’examen théorique ont été modifiées avec la réintroduction de la "faute grave". En 2019, un an après sa mise en place, le SPW Mobilité a mesuré l’impact de cette réforme et il en ressort que l’examen est devenu plus sélectif. Il faut, en moyenne, deux tentatives pour réussir l’examen.
20 % doivent s’y prendre à 3 reprises et seulement 13 % doivent s’y reprendre à 4 reprises. Certains cas sont pourtant extrêmes. 5 candidats ont dû s’y reprendre respectivement à 16, 17, 18, 19 et 20 fois pour obtenir le Saint-Graal !
Des résultats en baisse depuis la réforme
Toujours selon le SPW Mobilité, le taux de réussite à l’examen théorique s’élevait en moyenne à 28.50 % en 2018 alors qu’il était de 38.32 % en 2017. Cette différence s’explique par les nouvelles modalités, qui font que depuis la réforme, une faute grave équivaut à 5 points de pénalité là où elle n’en valait qu’un seul avant la réforme. Autrement dit, le candidat qui commet 2 fautes graves est automatiquement mis en échec puisque le score minimum à obtenir pour réussir l’examen théorique est de 41 points sur 50. Ces chiffres peuvent donc expliquer les difficultés qu’a Céline à obtenir son permis théorique.
En 2020, sur 146.123 examens passés en Wallonie, 45,5 % ont été concluants. Un total bien inférieur au permis pratique, qui a été réussi dans 61 % des cas pour 48.002 tentatives.