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300.000 euros de déficit annuel: le gouffre abyssal qui se cache derrière les piscines publiques

En Fédération Wallonie-Bruxelles, on compte une piscine pour 40 000 habitants. Mais comment expliquer ce manque de bassins dans le sud du pays ? 

Nager n'est pas toujours une chose facile à réaliser en Belgique, et spécifiquement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Actuellement, on compte une piscine pour +/- 40.000 habitants en FWB. À titre de comparaison, la France compte une piscine pour 17.000 habitants. 

Parmi les piscines recensées, faut-il encore qu'elles soient ouvertes. Sur les 114 piscines publiques en FWB, 22 sont actuellement en travaux. C'est le cas des deux piscines de la ville de Namur. Yvon est un pratiquant régulier et il regrette cette situation. 

Nombre de piscines par habitants en Fédération Wallonie Bruxelles

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"Ça donne une très mauvaise impression (qu’il n’y ait pas de piscine à Namur, la capitale de la Wallonie, ndlr) notamment pour tout ce qui va être de l'éducation de nos enfants puisque les enfants, en primaire, doivent pouvoir apprendre à nager", pointe ce grand-père à notre micro.

À 66 ans, ce retraité est un grand passionné de natation, une activité qu'il aimait pratiquer "durant les heures creuses". Mais depuis que les deux piscines de sa ville sont hors service, il doit renoncer à son activité favorite. "Il y a une autre solution : ce sont des privés qui ouvrent leurs installations, mais à quel coût ?"

Pour Yvon, "cette situation aurait pu être anticipée. Quand on voit la taille de la ville de Namur, je crois qu'un peu de prévisions et un échelonnement de travaux… Même si à l'heure actuelle, ce sont des problèmes techniques, on pourrait quand même trouver une solution."

En déficit malgré l'affluence

Les conséquences de ces fermetures à travers toute la province sont que les établissements qui sont toujours ouverts sont pleins à craquer. "On considère qu'on pourrait remplir deux fois notre piscine", confie Denis Mélot, le directeur de la piscine de Waremme. La clientèle regroupe tous les domaines : "Ça va de l'armée aux écoles, aux particuliers, aux cours de natation, les cours d'aquagym, les clubs de plongée, les clubs de compétition de natation, etc."

Malgré cette affluence maximale, les piscines restent non-rentables. "Le problème, c'est que ce sont des outils qui coûtent très cher à la construction, mais aussi, et surtout, au fonctionnement. On considère que ça coûte 300 000 euros de déficit par an. Dès lors, il n'est pas étonnant qu'aucune commune ne veuille se lancer dans la construction de nouvelles piscines avec ce déficit structurel annuel que cela représente", détaille Serge Mathonet, le directeur de l'Association Interfédérale du Sport Francophone.

C'est bien là tout le nœud de ce problème. Les piscines coûtent très cher et ne peuvent ouvrir que grâce aux subventions publiques. 

Yvon, lui, estime que c'est surtout "une question de priorité et je crois que justement, la natation, c'est très bon pour la santé". "C'est bon pour la sécurité des gens, mais ça fait aussi partie de l'éducation qu'on doit donner à nos enfants", conclut ce sauveteur breveté. 

Des exceptions existent

Heureusement, ce sombre bilan financier n'est pas le lot de toutes les piscines. Celle de Mouscron, par exemple, a récemment fait des investissements à hauteur de 16 millions d'euros. "Nous sommes en construction d'un nouveau bassin" confirme Thibaut Duval, le directeur de la piscine mouscronnoise. "Ce nouveau bassin de 25 mètres et six couloirs va nous servir pour l'apprentissage."

"Il faut savoir proposer du sportif, mais aussi du savoir-nager en accueillant les écoles. Également en accueillant du public qui, lui, est demandeur de diversité et de ludique. Il a besoin de s'amuser quand il vient à la piscine."

La Wallonie investit dans ses piscines

Lancé en 2015, le "Plan Piscines" a pour but de rénover le parc des piscines publiques wallonnes. Cela passe par une vision plus écologique en réduisant au maximum les consommations énergétiques et en favorisant l'utilisation de sources d'énergies renouvelables.

Le projet total a été doté d'un montant global de 110 millions d'euros, se décomposant en 55 millions d'euros de subsides et 55 millions de prêts à taux 0 %. 26 piscines wallonnes se sont partagé cette enveloppe.

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