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"Ça devient impossible de se faire soigner": les factures d'ambulances du père de Nathalie ont triplé en quelques mois, comment l'expliquer ?

Après une amputation et une hospitalisation pour Covid, Alfred est désormais alité. Sa fille Nathalie s'assure quotidiennement qu'il prenne ses médicaments et qu'il puisse bénéficier des soins qui lui sont indispensables. Ainsi, plusieurs fois par mois, les trajets vers l'hôpital se succèdent afin qu'Alfred soit transfusé. Ces trajets doivent s'effectuer obligatoirement en ambulance. "Je dois le sortir du lit, le mettre sur sa chaise roulante. Quand les ambulanciers arrivent, ils le mettent sur le brancard", raconte Nathalie. 

Mais tout cela a un coût. D'autant plus que la mutualité de la famille a récemment revu ses conditions de prise en charge. Ces trajets non-urgents en ambulance ne sont plus conventionnés depuis plusieurs mois. Et la facture peut grimper jusqu’à 3.000€ par mois pour Nathalie. "Je me sens désemparée. J'ai envie de me battre, mais je me bats contre un mur", souffle-t-elle. 

Jusqu'en juillet 2022, les factures étaient de 182€. Fin juillet, la Mutualité chrétienne met fin à ses conventions avec les sociétés d'ambulance pour les transports non-urgents. Les factures atteignent désormais près de 970€ (avant le remboursement de la mutuelle). Nathalie assure ne pas avoir été tenue au courant de ce changement majeur de la part de sa mutualité . "Avec la crise actuelle, ça devient impossible de se faire soigner", accuse l'habitante de Houffalize (en province du Luxembourg) via le bouton orange Alertez-nous.

Tous nos frais augmentent et explosent

Comment expliquer une telle augmentation ? D'une part, les sociétés de transport ont revu leurs tarifs à la hausse. Il y quelques mois, la société qui véhicule le père de Nathalie a augmenté ses prix de 20%. "Tous nos frais augmentent et explosent. Le Covid ne nous a pas aidés non plus", justifie Andrea Barreto, gérante de la société Paramedical Team. La responsable nous assure que le prix maximum fixé par la Région wallonne n'est cependant pas atteint. "Chaque année exceptionnellement, on augmenté nos prix, mais c'est dû à la situation exceptionnelle que nous connaissons actuellement", affirme Andrea Barreto. 

Fin d'une convention : plus de tiers payant

D'autre part, la Mutualité Chrétienne a mis fin à ses conventions avec les sociétés d'ambulance concernant le transport non-urgent des patients. En fait, lorsqu'une convention est établie entre une mutualité et une société d'ambulance, les patients ne doivent débourser que la partie "tiers payant", la mutualité se charge de verser le reste de la facture aux sociétés. Mais la fin de la convention entraîne la fin du tiers payant. Les patients doivent désormais régler l'intégralité de la facture. La mutuelle n'intervient qu'après, sous la forme d'un remboursement. Un inconvénient autant pour les patients que pour le secteur ambulancier qui fait face à de nombreuses factures impayées. Le tiers payant lui permettait ses revenus.

La Mutualité Chrétienne revient sur les raisons de la fin de cette convention. "On regrette cette décision, mais aujourd'hui, la pression est forte sur les mutualités. Nous avons des moyens financiers qui diminuent par rapport à nos dépenses", justifie son directeur Frédéric Etienne. Avant de préciser: "Ça demande beaucoup d'énergie de rencontrer les transporteurs, de discuter des prix. Et s'ajoutent le fait que les transporteurs demandent légitimement une augmentation des tarifs qui avaient été négociés compte tenu de la crise énergétique. Tous ces éléments expliquent le fait que l'on ne peut plus maintenir ces dispositifs de conventionnement".


Le directeur affirme que malgré la hausse des factures, les mutualités n'ont pas diminué les montants de leur remboursement. "Le patient qui se présente à la Mutualité avec sa facture sera remboursé. On veille à ce que les remboursements soient réalisés dans les meilleurs délais", insiste-t-il.

Revoir la législation ? 

Frédéric Etienne estime que les autorités publiques doivent désormais agir pour venir en aide au secteur. Selon lui, des réflexions doivent être menées autour du barème des prix "jugés trop bas" par le directeur et sur le mode de calcul des kilomètres. Car aujourd'hui, la réglementation autorise les transporteurs privés de facturer les kilomètres au départ de la base des ambulances sans que le patient ne soit nécessairement à bord. Ce qui peut expliquer des factures parfois exorbitantes. 

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