Partager:
13 ans, est-ce un âge suffisant pour avoir un libre accès à un smartphone sans aucun contrôle ? Si l'on en croit la législation, c'est le cas. Mais pour Cédric, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, il n'en est rien. Ce père de famille s'offusque que le contrôle parental imposé à son fils a été récemment levé sans son autorisation. Témoignage.
L'an dernier, Cédric et sa compagne offraient à leur fils Maxime, son premier téléphone. Avec un tel cadeau, ils souhaitaient notamment offrir plus d'autonomie au jeune homme. Rapidement, ils ont installé le contrôle parental sur son téléphone. Le but : de vérifier les applications installées et limiter le temps passé sur son écran.
Temps maximal configuré dépassé
Pour cela, le père de famille opte pour un service proposé par Google, qu'il considère comme "très pratique". Mais il y a quelques jours, il constate que le temps maximal configuré est dépassé. Il peine à comprendre. "Je me rends compte que toutes les limites ont été désactivées et que je n’ai plus d’accès parental", souligne Cédric.
Pour comprendre, il s'adresse à son fils. "À notre grande surprise, il nous dit qu'il a reçu un message de Google lui disant qu'à partir de 13 ans, il pouvait lui-même décider si ses parents pouvaient garder le contrôle. En tout bon ado qui se respecte, il a donc annulé le contrôle parental", constate Cédric.
Une situation qui l'interpelle. "Je trouve scandaleux de ne pas passer par les parents pour désactiver le contrôle parental dans un monde où on ne cesse de répéter que l'addiction aux écrans commence de plus en plus jeune", dénonce l'habitant d'Erbisoeul.
Il n'a pas encore la maturité pour faire des choix
Selon lui, 13 ans est un âge trop jeune pour avoir le contrôle absolu sur sa manière de gérer un téléphone. "Il n'a pas encore la maturité pour savoir quels choix faire. À 13 ans, ils doivent encore être accompagnés", estime Cédric.
Suite à cela, le père de famille tente d'engager la discussion avec son fils afin de lui faire comprendre son point de vue. Maxime comprend les revendications de ses parents et les accepte. "On a finalement repris le contrôle en imposant nos propres règles et en surpassant la loi. On ne s'est pas senti soutenu par cette loi en tant que parents", regrette Cédric.
En effet, après des recherches, Cédric comprend que cet âge a été fixé par les autorités belges. Pour fixer l'âge de la "majorité numérique", l'Union européenne émet des recommandations, mais chaque pays est libre d'opter pour l'âge minimal. C'est pour cela qu'en Belgique, l'âge requis pour gérer son propre compte Google est de 13 ans tandis qu'il est de 15 ans en France.
Comme nous l'explique Mathieu Michel, secrétaire d'État à la Digitalisation, la majorité numérique a été prévue dans le règlement de protection des données publié en 2018. "On se rend compte que les jeunes sont confrontés aux outils numériques assez tôt donc il y a eu la volonté de les responsabiliser par rapport à ça. La majorité numérique ne dispense cependant pas le jeune d'être éduqué par ses parents. La majorité numérique ne veut pourtant pas dire qu'à 13 ans, un jeune devient majeur", insiste-t-il.
Je plaide pour davantage de cours de citoyenneté digitale
Aujourd'hui, l'âge de la majorité numérique n'est pas remis en question. Cependant, pour le secrétaire d'Etat, des moyens doivent être développés afin de permettre d'offrir une éducation numérique aux jeunes adolescents. "Je plaide pour que l'on développe davantage les cours de citoyenneté digitale. Le problème est peut-être moins la notion de l'âge en question que la façon dont on considère qu'aujourd'hui, peu importe notre âge, nous sommes confrontés à un monde digital qui a un certain nombre de vertus, mais qui peut aussi souffrir d'un certain nombre de menaces", souligne Mathieu Michel.
Pour le psychologue Pascal Minotte, chercheur au Centre de référence en santé mentale (CRéSaM), 13 ans est un âge "approprié" pour atteindre cette majorité numérique. "Au début de l'adolescence, l'enfant va devoir apprendre à se débrouiller sur Internet, sur les médias sociaux, mais aussi dans la vie en général. Ça me semble être un âge relativement adapté. Mais ça ne veut pas dire que les parents ne doivent pas être présents, fixer des limites à travers d'autres façons que celles du contrôle parental", éclaire le professionnel.
Selon lui, il est essentiel pour les parents d'accompagner leur enfant vers cette autonomie numérique. Et cela devrait passer davantage par un dialogue que par des dispositifs tels que le contrôle parental.
La meilleure garantie est d'entretenir un dialogue ouvert
"Il est normal que les parents soient effrayés à l'idée que de jeunes adolescents se débrouillent avec leur smartphone, PC ou tablette. La meilleure garantie est d'entretenir un dialogue ouvert et bienveillant. C'est ainsi que l'enfant va pouvoir se confier à ses parents s'il rencontre des difficultés, s'il fait face à du harcèlement, s'il voit des images négatives", explique Pascal Minotte.
Des limites plutôt qu'un contrôle strict
En dialoguant avec de jeunes adolescents sur leurs usages numériques, on leur permet de se confier en cas de difficulté rencontrée. "Avec un contrôle parental trop intrusif, le risque est que l'adolescent ne vienne pas parler de ses difficultés rencontrées à ses parents parce qu'il aura déjà enfreint l'interdit en allant sur les réseaux sociaux. Un dialogue bienveillant est toujours préférable pour permettre à l'enfant de venir parler s'il rencontre une situation problématique", assure le psychologue.
Le spécialiste conseille davantage le recours à des limites. "Par exemple, placer un couvre-feu, c'est-à-dire une heure à laquelle l'adolescent doit dormir. Ça peut être des moments où l'on n'utilise pas le GSM, par exemple à table", indique-t-il.
D'autres pays vont plus loin. Récemment, une ville irlandaise a décidé d'interdire les smartphones aux enfants âgés de moins de 13 ans. À la maison comme à l'école, pas question d'avoir accès au GSM si cet âge n'est pas atteint. Une manière d'endiguer les effets néfastes que provoquent les écrans et l'usage des réseaux sociaux sur de jeunes enfants.
ca ne m etonne pas ses gens prennetnt le controle sur les parents par raport a leurs enfants
dominique decarnoncle