Partager:
Le panorama du village de Thulin risque de changer, au grand désarroi de certains habitants. Une éolienne géante de 200 mètres pourrait être construite pour alimenter une entreprise. Sébastien, attaché à la tranquillité de son village, nous fait part, via le bouton orange Alertez-nous, de la lutte qu'il mène contre ce projet.
Sébastien habite le village de Thulin depuis plus de 10 ans maintenant. Il a choisi de s’y installer pour fuir la frénésie de la ville. "Quand je suis venu visiter l'endroit en 2007, je suis sorti de ma voiture et j'ai entendu les petits oiseaux, le calme, la nature…", nous raconte-t-il. Aujourd'hui, Sébastien est inquiet pour son petit havre de paix. L'usine installée à proximité souhaite construire une éolienne de 200 mètres.
C'est l'usine Carthuplas, spécialisée dans l’injection de matières plastiques, qui est à l'origine de ce projet. "J'ai découvert, il y a seulement trois semaines maintenant, ce projet d'éolienne au fond de la rue", s'étonne Sébastien. Celui-ci vise à alléger la facture énergétique de l'entreprise.
Une zone protégée
Le Thulinois reproche à cette éolienne sa taille: "C'est deux fois la taille de l'Atomium. Ce sera la troisième plus grande éolienne de Belgique !", fait-il remarquer. Mais il pointe également son emplacement. Elle devrait être construite au bord d’une zone protégée Natura 2000. L’étude d’incidence indique que la faune se compose de 67 espèces nichant dans un rayon de 500 mètres. Certaines de ces espèces sont d’ailleurs protégées. "Les gens sont inquiets pour la nature environnante, pour les risques de feu, puisque des éoliennes ont pris feu en France, alors qu'il y a des zones boisées juste en dessous", rapporte Sébastien.
Personne, dans mon entourage, n'était au courant de ce projet.
Il s'est étonné que ce projet, pour le moins conséquent, n'ait pas fait beaucoup de bruit dans la commune : "Personne, dans mon entourage, n'était au courant de ce projet. La communication était très limite", regrette l'alerteur. Il admet qu'une réunion d'information a eu lieu en 2018, mais ajoute : "Sur une entité de 6.800 habitants, il y avait 11 citoyens qui s'y sont rendus".
Déterminé à faire connaître le projet, Sébastien décide de lancer une pétition s'y opposant. Celle-ci a récolté plus d'une centaine de signatures. La pétition appelle également les signataires à envoyer par mail, une réclamation individuelle à la commune.
Les images d'illustration sont des simulations fournies par CSD Ingénieurs
L'entreprise justifie le projet
Carthuplas est une industrie dont la consommation en électricité est importante. La crise énergétique et la guerre en Ukraine pèsent sur les factures de l'entreprise : "Les prix de 2022 étaient en moyenne trois fois et demi supérieurs à 2021", nous explique Marleen Lammerant, responsable du projet au sein de Carthuplas. L'éolienne permettrait de couvrir 80% de la consommation d'électricité de l'usine : "Ce n'est même pas suffisant", fait-elle remarquer. L'entreprise espère ainsi se rapprocher de l'autoconsommation en circuit court.
Ils nous ont dit qu'une seule éolienne ne serait possible, mais plus grande
La taille de l'éolienne est justifiée par les besoins énergétiques de l'entreprise. Elle n'était pourant pas censée être aussi grande : "On avait envisagé quatre plus petites éoliennes mais vu les différentes implantations possibles et après l'étude d'incidence, ils nous ont dit qu'une seule éolienne ne serait possible, mais plus grande". C'était notamment sa position, au bord d'une zone Natura 2000 qui explique ce choix : "Comme le bas de la pale est à 62 mètres, ça laisse plus d'espace pour les oiseaux et les chauves-souris. C'est une mesure d'atténuation", justifie Marleen Lammerant. Une mare écologique est aussi prévue, suite à l'étude d'incidence. Elle devrait permettre aux oiseaux de trouver un nouveau lieu de refuge.
Pour l'industrie, qui emploie une trentaine de personnes, cette installation est essentielle. Elle craint que l'instruction n'ait pas une issue positive. "Ça serait quand même compliqué pour l'avenir", s'inquiète Marleen Lammerant. Elle dit ne pas avoir eu connaissance de la pétition.
Rien n'est encore fait
Éric Thiebaut, bourgmestre d'Hensies, commune dont fait partie Thulin, précise que rien est encore fait. L'enquête publique désormais terminée, la commune attend le rapport de la région wallonne. "On est dans l'instruction du dossier. On attend le rapport de synthèse de l'étude d'incidence", explique-t-il. Eric Thiebaut assure que tous les avis seront pris en compte : "On a reçu des réclamations et des considérations de riverains, la pétition et 28 courriers. (...) Il y a de gens à qui ce projet ne plait pas. Il faut le prendre en compte".
En ce qui concerne la communication liée au projet, "on a fait l’enquête conformément aux dispositions légales", précise le bourgmestre. Des toutes-boîtes ont été distribués, des affiches collées, bien que Sébastien affirme ne pas en avoir vu.
Ce n'est que dans plusieurs semaines que la Région wallonne donnera ses conclusions sur le projet et tranchera sur la construction, ou non, de cette éolienne à Thulin
Ben oui, c'est comme ça partout depuis des années et y en a qui découvre seulement le massacre des paysages par les éoliennes.
Eros