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"J’ai dû laisser la poussette pour aller aider mon petit chien": la promenade en famille de Jessica vire au cauchemar après l'attaque de 2 bergers allemands

Il y a deux mois, le chien de Jessica est mort après avoir été attaqué en pleine rue à Libramont-Chevigny par deux bergers allemands. La jeune femme a décidé de porter plainte. Que risquent les propriétaires des chiens agresseurs? 

Le 26 juillet dernier vers 19h, Jessica a vécu une expérience traumatisante. Alors qu’elle se promenait dans les rues de Remagne (Libramont-Chevigny), elle a soudainement vu son chien se faire violemment attaquer par deux autres chiens sortis de leur propriété. En état de choc, elle a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous pour raconter son histoire et sensibiliser les propriétaires de chiens "agressifs".  

"Ce soir-là, je me promenais avec mon compagnon, mon bébé de 2 mois, ma soeur, et nos deux chiens (un Yorkshire et un American Staff), dans le village de Remagne, où nous habitons. Soudainement, deux bergers allemands sont apparus de nulle part. Ils se sont rué depuis leur propre maison sur la voie publique et se sont attaqués à mon petit yorkshire", raconte-t-elle. Jessica et ses proches se sont retrouvés dans une situation angoissante en tentant de sauver leur chien.  

Mon petit chien se faisait mordre des deux côtés

"Le temps de réagir, il y a eu 2-3 secondes. On a commencé à hurler. J’ai dû laisser la poussette, pour aller aider mon petit chien qui se faisait mordre des deux côtés. Ils avaient des colliers donc il y avait moyen de les retenir. La propriétaire est arrivée après avoir entendu des hurlements. Elle a essayé de retenir ses chiens, mais en vain. On était trois, la propriétaire, mon compagnon et moi, à essayer de retenir les deux chiens. C’était quasi impossible. Mon petit chien a réussi à se débattre et à passer sous les fils barbelés d’un champ que nous longions. Ma petite sœur a pu aller le récupérer. Pendant ce temps-là, la poussette avec notre bébé partait elle vers le champ… J’ai dû crier 'Attention à la poussette'. C’était une situation compliquée… De mon côté, j’ai tenu mon American Staff qui a eu des égratignures. Pour mon petit chien, la propriétaire a proposé de nous emmener directement chez le vétérinaire le plus proche", poursuit-elle.  

Son Yorkshire est décédé

La Remagnaise s’est rendue avec son animal de compagnie dans une clinique vétérinaire pour tenter de le sauver, en vain. Les blessures étaient trop importantes et le Yorkshire n’a pas survécu. Après avoir perdu tragiquement son chien, Jessica a décidé de porter plainte auprès de la police.  

"La propriété n’était pas clôturée. On n’a rien vu venir et ils ont sauté sur mon chien. Si on ne les retenait pas, ils allaient vraiment le déchiqueter sous nos yeux. On a donc été porté plainte auprès de la police. Dans notre village, il y a beaucoup de chiens qui se promènent sans laisse, mais ils sont tous très gentils. On n’a jamais eu de soucis. C’est la première fois que je voyais ces chiens. Les propriétaires assument complètement ce que leurs chiens ont fait. La police dit qu’une clôture pourrait être imposée et que des tests comportementaux pourraient être réalisés via des maîtres-chiens pour voir si les chiens sont dangereux pour l’homme. C’est le strict minimum. Les chiens ne se sont pas retournés contre nous, mais ça aurait pu arriver…" 

Nous avons contacté la police de Libramont-Chevigny qui confirme le dépôt de la plainte, sans faire de commentaires sur ce cas particulier. 

Je ne veux pas revoir le lieu de la bagarre 

Jessica ne prévoit en tout cas plus d’aller se promener à cet endroit dans les mois à venir. "C’est la première fois qu’un de mes chiens se faisait attaquer. Cela fait un peu plus d’un an qu’on est dans ce village. Mon petit chien avait 8 ans et demi… A présent, je n’ai plus très envie d’aller me promener par là. J’évite même de passer en voiture à cet endroit. Pas par peur des chiens, mais je ne veux pas revoir le lieu de la bagarre. On se repassait les images en boucle pendant des jours. C’était assez dur. Je revois encore ma sœur qui avait deux grosses taches de sang sur elle."

Que pourrait amener la plainte de Jessica ?

Les propriétaires des chiens agresseurs pourraient-ils être sanctionnés ? Pour répondre à ces questions, nous avons contacté Stéphane Herbay, substitut au parquet de Namur, qui a l’habitude de traiter ce genre de dossiers. Le magistrat indique qu’il n’y a visiblement pas d’infraction commise au niveau pénal. Il explique qu’il faut, de manière générale, distinguer deux cas dans le cadre d’attaques de chien. 

"Le cas où un chien attaque un être humain et le cas où un chien attaque un animal. C’est très différent car le code pénal prévoit qu’il y ait des sanctions pénales contre la personne qui a laissé divaguer un chien, qui a attaqué quelqu’un. Il existe alors le délit de coups et blessures involontaires par défaut de prévoyance ou de précaution. La personne, responsable, est celle qui a la garde. Si les propriétaires du chien étaient dans la maison à Remagne au moment de l’attaque, ce sont eux qui sont responsables pénalement, si un chien sort de la propriété et blesse quelqu’un, une personne humaine. Il y a des infractions et cela peut aller en justice. D’autant que les dommages peuvent être importants car les chiens font des blessures très graves."

Stéphane Herbay poursuit avec d’autres exemples : "Si dans la situation vécue par Jessica, la maison avait été laissée à la garde de quelqu’un d’autre que les propriétaires, et que le chien s’échappe, à ce moment-là, c’est la personne qui occupe les lieux qui serait responsable du chien. Même chose si un chien va faire une promenade avec quelqu’un d’autre que le propriétaire. C’est cette personne-là qui doit prendre toutes les précautions pour que le chien ne morde pas quelqu’un d’autre."

Le substitut explique enfin que si un chien attaque un autre animal, il n’y aura pas de sanction pénale car le délit de coups et blessures involontaires prévu par le code pénal ne concerne que les coups à des personnes humaines.  

Jessica pourrait en revanche demander une indemnisation au niveau civil. 

"La personne qui a vu son chien être tué peut réclamer des dommages au civil pour la perte de son chien. Il faudra qu’elle prouve une faute ou le dommage. Il n’y a pas une action en justice évidente. L’absence de clôture est une faute, mais la vraie faute est que le chien, qui pouvait être dangereux, n’a pas été sous la garde constante du maître. L’absence de clôture n’est pas quelque chose qu’on peut reprocher. C’est plutôt le défaut de prévoyance ou de précaution de la part du maître."

Jessica pourrait donc entamer des démarches pour obtenir une indemnisation, via son assurance familiale.  

"Toutefois, si quelqu’un laisse échapper un chien, elle peut être en contravention envers le règlement communal, qui explique qu’on ne peut pas laisser divaguer les chiens sur la voie publique. Les sanctions pour infraction à un règlement communal sont beaucoup moindres. On est dans quelque chose de moins grave", ajoute Stéphane Herbay. 

Une sanction au niveau communal ? 

Les propriétaires des bergers allemands pourraient aussi être sanctionnés au niveau communal. Les Régions s’occupent de la protection et le bien-être animal, et les communes dictent leurs règles concernant les "chiens dangereux". Des règlements qui varient quelque peu d’une commune à l’autre.  

Sur son site internet, la commune de Libramont-Chevigny indique les dispositions que tous les détenteurs de chien doivent prendre. On peut en autres y lire qu’en toute occasion, sur le domaine public et privé, "il est interdit de laisser divaguer sciemment, par défaut de prévoyance ou de précaution, un animal malfaisant ou féroce ou encore des bestiaux dont on a la garde, que ce soit sur le domaine public ou sur les propriétés privées d’autrui. Tout propriétaire ou détenteur d’un chien est tenu de prendre les dispositions qui empêchent celui-ci de porter atteinte illégalement aux personnes, aux animaux et/ou aux biens d’autrui." (Découvrez le règlement complet de la commune de Libramont-Chevigny en cliquant sur ce lien).

De son côté, la police jugera au cas par cas

Parmi les sanctions possibles envers les propriétaires, le règlement indique ainsi que toute "violation des dispositions édictées dans le Règlement Général de Police" peut entraîner la saisie conservatoire du chien "qui sera, le cas échéant remis à la société s’occupant de la réception des animaux errants sur le territoire de la zone de police." 

Par ailleurs, le dressage pourrait-il être (ou devenir) obligatoire avec certaines races de chien ? Y a-t-il des projets en vue pour modifier la loi afin de sanctionner les propriétaires ou de leur apprendre à prendre toutes les précautions ? Nous avons posé ces questions au cabinet de Céline Tellier, la ministre du bien-être animal. 

"La Ministre Tellier est très touchée par les dégâts engendrés par les morsures de chiens, parfois d’une gravité extrême. Il est évident qu’il faut tout mettre en œuvre pour que ces drames n’arrivent plus. À ce stade, il n'existe pas de législation spécifique concernant les chiens dits dangereux, ni de liste. Aucune étude scientifique ne permet d’établir une agressivité plus ou moins grande selon la race. La race de l’animal ne peut donc pas être un critère discriminatoire", indique la porte-parole Estelle Toscanucci.  

"Par contre, la manière dont l’animal est élevé et socialisé, quelle que soit sa race, aura un impact sur sa potentielle agressivité. La socialisation du chien et la formation des éleveurs constituent en ce sens un aspect primordial du projet d’arrêté relatif aux agréments pour les élevages de chiens. L’objectif est d’agir dès les premières semaines de la vie du chiot durant lesquelles se joue une partie de leur équilibre social et psychique." 

La sensibilisation constituant aussi un élément important, le cabinet de la ministre Céline Tellier dit soutenir le projet PEACE, qui organise des séances de sensibilisation dans les écoles pour prévenir les risques de morsures. 

"Pour éviter de nouveaux drames à l’avenir, la ministre est convaincue que nous devons travailler à la fois sur la socialisation des chiens dans les élevages, mais aussi sur la responsabilisation des propriétaires d’animaux de manière plus générale", conclut la porte-parole Estelle Toscanucci.  

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Commentaires

1 commentaire

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  • Socialiser les chiens se fait quand ils sont jeunes. Les chiens de races réputées dangereuses qui sont adultes sont des bombes à retardement ! Surtout que les gens qui achètent ce genre d'animaux vient en leur bête un moyen de faire les malins , voire une arme.

    roger rabbit
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