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L'appartement de Francine à La Louvière transformé en dépotoir par son locataire: "En plus, c'est moi qui dois tout payer!"

Francine est une propriétaire de la région de La Louvière chez qui tout allait bien… jusqu’au jour où elle découvre l’état dans lequel son locataire a laissé l’appartement qu’il louait chez elle depuis plus de 12 ans. 

Atteint, selon elle, du syndrome de Diogène, l’homme avait transformé les lieux en un véritable dépotoir avant de quitter l’endroit. Face à la justice, Francine est démunie et dénonce : "Mon bien se retrouve dans un état pas possible… et c’est moi qui dois encore payer !"

Comment en est-elle arrivée à une situation pareille ? Explications.

"Je suis condamnée à verser 3.700 euros"

Tout commence il y a deux ans, lorsque le locataire se dispute avec sa mère, qui venait nettoyer toutes les semaines. "Il est schizophrène, agoraphobe et souffre du syndrome de Diogène. La maman le surveillait et nettoyait toutes les semaines, mais les deux dernières années, elle n'a pu y aller, car il l'a molestée", explique-t-elle.

"Ensuite, il est parti en emmenant simplement son ordinateur et sa télé. Les vitres étaient cassées, l’étage manquait de s’effondrer à cause d’une fuite d’eau, sauf que de l’extérieur, tout paraissait normal… J’ai dû tout déménager seule". Après cette mauvaise surprise, Francine décide donc de déposer une requête au tribunal. Seulement, tout ne se passe pas comme elle l’aurait imaginé.

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En effet, la juge en charge de la requête lui a donné tort "du début à la fin". "Elle m’a dit que je mentais, que je ne prouvais pas d’où venait les dégâts. Lors de l’audience, je n’ai même pas pu m’exprimer. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de justice. Tout est cassé, je dois tout réparer, et on me condamne tout de même à 3.700 euros à la partie adverse. À la fin, il ne payait même plus son loyer", s’exclame-t-elle.

Malgré un peu d’argent reçu de l’assurance pour le plafond, Francine se retrouve tout de même avec une sacrée note à devoir régler. Comment l’expliquer ? 

Un manque de vigilance ? 

Pour comprendre cette situation, nous sommes allés à la rencontre de Gilles Oliviers, avocat spécialisé dans le droit immobilier. Selon lui, tout est une question de vérification. 

"Les situations de ce genre sont compliquées, car il faut s’apercevoir du problème et beaucoup de bailleur ne vont pas voir leur bien, alors qu’ils en ont la possibilité une fois par an", détaille-t-il.

Si la loi ressemble à un "qui casse, paie" dans ce cas de figure, la mise en pratique est bien différente. En effet, il faut pouvoir déterminer d’où vient les dégradations, et ce n’est pas toujours évident. "Si l’état des lieux a été fait un peu vite ou sans expert, ce n’est pas toujours simple pour le juge de déterminer d’où elles viennent. De plus, parfois, les personnes ne sont pas solvables et il sera donc difficile de récupérer de l’argent d’elles".

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L’avocat appelle donc à la prudence et au suivi afin d’éviter de mauvaises blagues similaires à celle que vit Francine. "Le propriétaire doit faire un suivi et un état des lieux solides avec un expert. Si on fait un suivi et qu’on constate des manquements, alors on avertit le locataire et si rien ne bouge, on peut agir".

Que faire justement si la situation ne se débloque pas ? La justice est une solution, mais encore une fois, le dossier doit être solide. "Se rendre chez le juge de paix, mais avec les preuves de l’infraction du locataire en invoquant l’état de l’immeuble. Seulement, si le locataire n’a pas les moyens de payer…"

Spécialisé dans l’immobilier depuis plusieurs années, Gilles Oliviers a déjà eu affaire à ce gens de cas. "Ce syndrome ne touche pas énormément de monde, mais si la personne occupe plusieurs biens dans sa vie, cela peut se reproduire ailleurs". En somme, il peut y avoir plus de cas que de personnes…

Des personnes à accompagner

Ce constat, Rachida Bensliman, chercheuse en santé publique à l’ULB et active au sein du projet "Uni – vers - Diogène", le partage également. Cependant, elle affirme qu’il y a plus de personnes touchées par le syndrome de Diogène que l’on pourrait l’imaginer. "Il y a très peu de données car ces personnes vivent recluses et on a donc du mal à détecter des cas. Le chiffre tourne autour de 1 personne sur 1000, mais il pourrait être sous-estimé".

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Comment détermine-t-on alors si quelqu’un est atteint par ce syndrome assez méconnu ? En trois points, selon cette chercheuse. "D’abord, une accumulation des déchets et d’objets, ensuite une insalubrité du logement et enfin un manque d’hygiène", décrit-elle. 

Ce mal est assez complexe : tous les cas ne sont pas les mêmes. "Ce sont des personnes qui ont déjà une maladie sous-jacente, mais dans certains cas, pas du tout. Cela peut-être aussi lié à des traumatismes de l’enfance".

Respecter la dignité de la personne

Méconnu, sous-estimé, et souvent jugé : est-ce possible de sortir de l’engrenage ? Pour Rachida Bensliman, c’est possible, mais il faut savoir comment s’y prendre. "Il est important d’avoir un référent avec qui la personne pourra progressivement se rendre compte de sa situation. Il faut discuter avec elle et être respectueux de l’univers créé".

En effet, une démarche de déménagement brutal, par exemple, pourrait encore empirer la situation. "Le risque, c’est que la personne va récidiver ailleurs, se laisser tomber en dépression ou pire encore, se laisser mourir. L’accompagnement psycho-social est déterminant".

Si la chercheuse comprend les désagréments que cela peut causer dans le cas de Francine, par exemple, elle souhaite tout de même que les interventions se passent au mieux pour la personne touchée. "Les interventions actuelles sont très peu adéquates : il est très important de pouvoir respecter la dignité de la personne", conclut-elle.

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Commentaires

4 commentaires

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  • il est grand temps de prendre des mesures face à ces locataires peu respectueux j'ai moi même été victime , j'ai outrepassé mes droits j'ai mis tout dehors 6 mois de loyer impayé destruction du bien

    rene duchesne
     Répondre
  • bein voyons et tout les pourris et pourries font se faire diagnostiquer de ce syndrome alors qu ils ou elles sont juste fainéants de nettoyer et préfère rester assis devant ka tv ou autre . suffit deja de voir certaines habitation . par contre sortir la ils ou elles ne sont pas fatiguée .

    dominique decarnoncle
     Répondre
  • Cest facils de dire ca quand on a un logement

  • beaucoup de locataires sont des diogènes ...sans gêne !! un conseil ...ne louez jamais vos immeubles ...même sans revenus locatifs vous êtes gagnant ...le peu de loyers que vous toucheriez ne comble souvent pas les frais de remise et ordre et entretient de votre bien !! votre bien vide ne vous coûte que peu et est beaucoup plus intéressant qu'un compte en banque !!

    paul leboulanger
     Répondre