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"Les larmes aux yeux": ce papa perd la garde alternée de son fils, il ne comprend pas cette décision

Christopher nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous car il a récemment perdu la garde alternée de son fils suite à un jugement. Il le vit comme une injustice, et ne comprend pas une telle décision. Un sentiment partagé par d'autres papas selon lui. D'après la Ligue des familles, 28% des parents pratiquent la garde alternée en Belgique.

"Je n'ose même plus rentrer dans sa chambre, ça me fait mal". Christopher, 38 ans, est papa de trois enfants issus de deux relations différentes. Ses deux aînés sont âgés de 10 et 13 ans et peuvent venir dormir à son domicile quand ils le souhaitent, suite à une bonne entente avec la maman. Mais pour son petit dernier, Liam, âgé de 3 ans, c'est plus compliqué. "Je n'ai plus de contact avec la maman", déplore-t-il. 

Un changement du jour au lendemain

Depuis 8 mois, une garde alternée avait été mise en place, permettant à Liam de profiter de son papa une semaine sur deux. Mais depuis début novembre 2023, Liam ne peut plus s'y rendre qu'un week-end sur deux suite à un jugement. A présent, Christopher voit donc son fils à partir du vendredi après l'école jusqu'au lundi matin, et ce une semaine sur deux. 

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"Du jour au lendemain, on me retire cette semaine-là, alors que tout se passait bien jusqu'à ce que la justice rende un avis défavorable. Mais je ne sais pas pourquoi cette décision a été prise et je dois accepter de ne plus avoir mon fils. C'est très difficile, je pense être un bon papa", déplore-t-il, démuni. 

Je trouve qu’il y a une discrimination

Une décision qu'il a eu énormément de mal à digérer, et qui l'émeut encore aujourd'hui: "Plus bas que ça j’aurais pas su être... Je ne veux pas d'une garde totale, mais une semaine chez la maman et une semaine chez son papa, pour son bien-être. Comment lui expliquer du jour au lendemain qu’il ne va plus venir que 3 jours chez papa et le reste chez maman? Comment expliquer ça a un enfant de 3 ans?", demande-t-il. 

Une décision difficile tant pour le papa que pour le fils: "Il ne comprend pas, il prend mal la situation"

D'autant que son fils semble perturbé par la situation, nous explique Christopher. "Il ne comprend pas, il prend mal la situation. Alors qu'avant, c’était facile, comme ses frères, un peu chez papa et un peu chez maman. Et maintenant, le dernier jour, j’ai dû lui faire comprendre que c’était maman qui allait venir le chercher, et il ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain ce n’était plus son papa qui venait. J’étais très triste... Quand je suis rentré dans ma voiture j’avais les larmes aux yeux", nous raconte-t-il très ému. 

© livre personnalisé Liam, tu seras toujours mon bébé
© livre personnalisé "Liam, tu seras toujours mon bébé"

Pour ce papa, voir les jouets de son fils, ses peluches, et son livre personnalisé, est très douloureux: "Je n'ose même plus rentrer dans sa chambre, ça me fait mal… Le but d’avoir pris cette deuxième chambre c’est qu’elle soit occupée par mon fils".

Alors aujourd'hui, il veut se battre contre ce qu'il considère comme une injustice: "Je trouve qu’il y a une discrimination. J'ai l'impression d'être juste bon à payer, et c'est tout. Et je ne suis pas le seul à être dans cette situation. Comme si les papas n'étaient pas aptes à éduquer leur enfant. On est un peu défavorisés par rapport à tout ça. Aujourd'hui je me bats pour lui, pour moi, et pour tous les papas". 

Sa crainte? Que la situation reste la même et qu'il n'ait plus de droit. "Même si plus tard je pourrais faire appel, ça va encore être un combat, et de l’attente. Et en attendant le petit va grandir, et je pense que c’est maintenant qu’un enfant à besoin de son papa et de sa maman, quand il est petit", estime-t-il. 

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28% des familles Belges ont opté pour une garde alternée, voici les autres types de garde

En Belgique, il existe 3 modes de gardes différents. Jennifer Sevrin, chargée d’étude et d’actions politiques à "La Ligue des familles", détaille:

  • La garde exclusive, c'est-à-dire que l'un des deux parents détient la garde ;
  • La garde alternée égalitaire, à savoir une semaine sur deux ;
  • Et la garde avec hébergement principal et secondaire. 

D'après le baromètre de la Ligue des familles de 2022, c'est la garde exclusive qui est la plus répandue dans notre pays avec 44% des familles séparées dont 50% des mères et 34% des pères. Seuls 28 % des parents pratiquent la garde alternée égalitaire. Vient ensuite les gardes partagées non égalitaires. Et là aussi, ce sont les femmes qui ont majoritairement leurs enfants chez elles. 

Mais sur quelle base un juge décide quel type de garde convient le mieux?

Pour tenter de comprendre comment un juge prend sa décision, nous avons rencontré Nadia Bouria, avocate spécialisée en droit de la famille au barreau de Bruxelles. Elle explique que lorsqu'une demande de garde alternée est faite au tribunal par l'un des deux parents, le juge va l'examiner en priorité.

Mais il y a tout de même une série de contre-indications. "L'âge de l'enfant, s’il y un éloignement géographique du papa, si l'appartement est assez grand, s’il y a un comportement inadéquat du papa, etc. Ce qui va primer dans la décision du juge, c'est toujours l'intérêt de l'enfant", explique Me Bourria. 

© chambre de Liam, fils de Christopher
© chambre de Liam, fils de Christopher

Dans le cas de Christopher, son domicile n'est pas trop éloigné et est adéquat puisqu'assez grand et qu'il dispose d'une chambre séparée. Par contre, son fils Liam est âgé de 3 ans. "Le juge va regarder l'âge de l'enfant et va se baser sur des études de pédopsychologies, Belges ou internationales, qui disent qu’un enfant en dessous de 6 ans ne peut pas être séparé trop longtemps de sa maman. S’il est séparé trop longtemps, ça peut créer un trouble de l’attachement, de l’anxiété également. Ça peut donc avoir un impact sur sa santé mentale", précise-t-elle. 

Ce que conseille l'avocate à ses clients, c'est ce qu'on appelle un herbégement évolutif: "Donc, par exemple, tant qu'il a 2 ans et demi, un week end sur deux chez papa, éventuellement le mercredi après-midi, c'est possible. Et puis l'année d'après, on rajoute le vendredi. L'année suivante, un jour de plus. Pour arriver à quand l'enfant aura 6 ans, à un hébergement strictement égalitaire, et donc une garde partagée", préconise-t-elle. 

Le juge prend également sa décision au cas par cas, et peut différer d'une famille à l'autre. Dans le cas de Christopher, cette décision judiciaire est provisoire. Selon l'avocat de la mère du jeune garçon, le juge a décidé de mettre en place ce système de garde provisoire sur base des arguments déposés par chaque parent. Le juge devrait réévaluer la situation après des vérifications. 

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