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La première battue au loup en Suède depuis un demi-siècle s'est achevée mardi après moins de quatre jours de chasse, alors qu'elle était initialement prévue jusqu'à la mi-février, déclenchant une polémique entre chasseurs et écologistes, qui rejaillit désormais sur le gouvernement.
La présence du loup dont le nombre n'a cessé d'augmenter depuis 30 ans après avoir quasiment disparu, est controversée dans ce pays nordique où élevages de moutons et de rennes sont de plus en plus attaqués et où l'animal est repéré parfois près des centre-villes et en périphérie de Stockholm notamment.
La Suède comptait l'hiver dernier entre 182 et 217 loups, selon les estimations de l'agence suédoise de l'environnement.
Afin d'augmenter la tolérance de la population à la présence des loups, le Parlement suédois a décidé en octobre de limiter leur nombre à un maximum de 210 au cours des cinq années à venir, en instaurant un permis de chasse dans les régions où ils se sont reproduits au cours des trois dernières années.
Un quota de 27 loups à abattre avait été fixé cette année. Mais la chasse qui était prévue pour durer jusqu'à la mi-février, a été fermée dans la plupart des régions après un week-end seulement, suscitant les critiques d'écologistes. Les deux derniers ont été abattus mardi dans le centre du pays.
"Je trouve que la chasse a été menée à un tempo très élevé, qu'il y a eu trop de prises d'un coup", estime Stig-Aake Svenson, directeur de l'agence de l'environnement de Dalécarlie, une région du centre de la Suède où dix loups ont été tués au lieu des neuf autorisés.
"Et dans l'ensemble du pays, sept loups ont d'abord été blessés une première fois avant d'être tués, c'est aussi un chiffre très élevé. Ce sont des problèmes sur lesquels il va falloir enquêter en vue d'une éventuelle nouvelle chasse au loup l'an prochain", dit-il à l'AFP.
Les critiques se sont aussi portées sur le manque de coordination entre les régions. "La chasse était complètement incontrôlée, le quota a même été dépassé en Dalécarlie, des milliers de chasseurs étaient autorisés à participer aux battues", dénonce Mikael Karlsson, président de la Société suédoise de conservation de la nature, qui a déposé plainte contre la Suède devant la Commission européenne.
"Cette chasse n'avait pour but que de contenter des chasseurs influents", dit-il.
Plusieurs chasseurs ont de leur côté déposé plainte après avoir reçu des menaces anonymes.
"La polémique est exagérée", se défend Torbjörn Lövbom, responsable de la chasse aux prédateurs de l'Union suédoise des chasseurs. "La chasse s'est globalement bien passée en dehors de ce loup tué en trop en Dalécarlie. La chasse a été plus rapide parce que la neige nous a facilité la tâche", assure-t-il.
La polémique a rejailli sur le gouvernement et l'image d'ami de la nature du ministre de l'Environnement Andreas Carlgren en ressort écornée.
"La curée se retourne contre Carlgren", titrait mardi l'éditorial du quotidien populaire Aftonbladet, très critique. Le ministre "dit que la chasse doit mettre un terme à la consanguinité dans les meutes suédoises (...) C'est du baratin", dénonce le journal.
"Si les vrais soucis du ministre étaient les malformations cardiaques, du dos et des reins chez les loups, la chasse aurait été organisée différemment, peut-être sous une forme plus protectrice", écrit le quotidien le plus lu en Suède.
Les loups suédois souffrant de consanguinité en raison de leur faible nombre, le gouvernement prévoit d'en lâcher une vingtaine d'ici 2014 pour améliorer les gènes et la santé des meutes.
