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Le Palais Fesch d'Ajaccio, qui abrite la plus vaste collection de peinture italienne en France après celle du Louvre, rouvre ses portes cette semaine après deux ans de travaux, le plaçant désormais parmi les grands musées des beaux-arts français.
Avec un nouveau parcours de visite et des aménagements qui lui ont rendu son caractère italien original, le Palais, construit en 1828 sur la volonté du cardinal Joseph Fesch, oncle de Napoléon 1er, accueillera le public samedi.
Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est attendu en juillet dans cet imposant édifice de pierre claire à l'aspect austère mais dont les salles en façade sont éclairées par la lumière du port d'Ajaccio.
Le musée a été modernisé avec une climatisation qui assure confort et conservation des 450 oeuvres exposées, soit 130 supplémentaires, notamment des plus grands maîtres italiens.
Flanqué de la chapelle impériale, au coeur de la vieille ville, il présente une des plus remarquables collections de portraits de la famille Bonaparte. Une aile est aussi désormais réservée à un ensemble unique de peinture corse.
Le parcours de visite permet de découvrir des collections présentant en particulier cinq siècles de peinture italienne (du XIVème au XVIIIème) sur quatre niveaux, par ordre chronologique, en commençant par la grande galerie des rétables au deuxième étage.
La révolution effectuée par le conservateur Philippe Costamagna et ses équipes est l'accrochage des oeuvres à la manière des palais italiens, notamment avec la galerie des natures mortes, la plus importante de France.
"Les tableaux y étaient présentés +cadres contre cadres+, parfois l'un au-dessus de l'autre, sans prendre en compte l'époque ou le thème", explique Catherine Cristofari, responsable de la communication.
Pour sa première expérience de conservateur, Philippe Costamagna, historien de l'art spécialiste du XVIème siècle italien, se réjouit d'avoir pu rendre son caractère à "ce bâtiment achevé sous Napoléon III et construit, à partir de 1828, comme un palais italien."
Le choix a ainsi été fait d'abandonner le blanc des murs "qui convient bien à l'art contemporain mais +mange+ l'art ancien" et de repeindre la grande galerie et les salles réservées à la peinture italienne sur le principe de la "pietra serena" florentine, soit une teinte pierre grise assortie de gris plus pâles.
Ces teintes mettent en valeur l'art italien réparti en trois fonds majeurs: Primitifs et Renaissance, XVIIème siècle et peintres de Rome au XVIIIème. Dépouillée des piliers qui entravaient la perspective, la grande galerie en retrouvant sa majesté pourra être utilisée pour des concerts et des réceptions.
D'importantes campagnes de restauration des oeuvres, pour un coût de 456.000 euros, ont été effectuées depuis deux ans.
Financées notamment grâce à une exposition itinérante au Japon d'une partie des collections, elles ont permis de sortir des réserves du musée des pièces majeures issues de la collection du cardinal Fesch, comme un portrait de Pétrarque par Vasari (XVIème). Plus grand collectionneur de son temps, le prélat possédait plus de 16.000 oeuvres.
Trois expositions célèbrent la réouverture du Palais. La première est organisée autour d'une oeuvre maîtresse du musée, "L'homme au gant" de Titien. Les deux autres sont consacrées l'une à "Lucien Bonaparte, un homme libre", frère de Napoléon et grand collectionneur, et l'autre au "Dessin à Florence du temps de Michel Ange" pour inaugurer le nouveau cabinet des arts graphiques du musée.
