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Carole Bouquet : "La beauté est mon andidépresseur"

Inséparable de son décor vénitien, "Impardonnables" respire la mélancolie d'un nocturne de Chopin. Carole Bouquet, son interprète, voit davantage dans la Sérénissime un prétexte à célébrer la vie.

J'ai toujours pensé qu'il fallait être en paix avec soi pour aborder Venise, une ville qui nous renvoie à la mort, au déclin de notre civilisation. Quel est votre sentiment ?

Je n'éprouve pas cette mélancolie quand je suis à Venise. La beauté est, pour moi, un antidépresseur puissant. Tant qu'a duré le tournage, avoir chaque jour sous les yeux un Tintoret, un Bellini ou un Vivarini me suffisait pour me sentir en accord avec moi-même. Ce qui me déprime, c'est la horde des touristes. Mais, du moment que l'on s'écarte du circuit Rialto-San Marco, il est possible d’être seul et de n’y voir personne.  

La beauté ne préserve pas pour autant de la mélancolie...  

C’est vrai. Cependant, indépendamment de ses merveilles, Venise est une île et a donc son rythme, qui est différent de celui du continent. Le temps y passe avec plus de lenteur, avec une moindre contingence par rapport à la réalité. Mais ce tempo singulier lui a été volé par l’arrivée du train et de ce pont qui la relie à la terre ferme. Les vrais Vénitiens n’aiment pas ce train.  

Le film nous rappelle que, dans nos amours, nous sommes, au final, toujours confrontés au choix d’une seule personne, au détriment de toutes les autres. N’est-ce pas frustrant ?  

C’est moins douloureux pour une femme que pour un homme. Surtout à partir du moment où l’on devient mère. C’est une contrainte que les femmes comprennent très bien.  

Vous avez donc manifestement besoin de liberté au sein du couple...  

Pas forcément. Peut-être aussi est-ce parce que je n’ai pas trouvé ce qui me convient. Et puis, il n’y a pas que moi dans cette communauté. Il y a l’autre. Et l’autre avec une actrice, avec une femme qui travaille, ce n’est pas une situation qui ravit les hommes. Ça les séduit, ça les fascine, certes. Mais, pour les mêmes raisons, ça les éloigne et ça leur fait peur.  

Votre personnage semble en tout cas s’épanouir dans sa solitude, ne revenant vers le couple que de façon saisonnière...  

La solitude n’est pas son choix. Elle aussi n’a pas trouvé ce qui lui convient. Mais elle n’est pas impatiente. Encore un trait féminin. Cette patience n’est d’ailleurs pas étrangère à son âge. Elle a l’intelligence d’attendre.  

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans Ciné-Télé-Revue du 18 août 2011.  

Propos recueillis par Daniel De Belie  

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