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Avec son physique râblé et son oeil bleu malicieux, Pierre Mondy, décédé samedi à 87 ans, avait su établir, à travers les multiples aspects de sa carrière, au théâtre, à la télévision ou au cinéma, une joyeuse connivence avec le public.
"La comédie, c'est un terrain de jeu où j'ai joué junior, senior et vétéran!", lançait le comédien. Pourtant, rien ne semblait prédestiner aux planches ce fils de directeur d'école né à Neuilly-sur-Seine le 10 février 1925. Il grandit à Albi, dans le Tarn, et commence sa carrière à Paris en 1949 dans Rendez-vous de juillet , de Jacques Becker. Un peu corpulent, le sourire généreux, amoureux de la bonne vie et cultivant l'amitié, mais aussi très sensible, il ne s'est presque jamais connu d'ennemis. Son seul regret fut sans doute d'avoir trop rarement joué les tout premiers rôles au cinéma. Pour beaucoup, il est le commissaire Cordier , de la série télévisée très populaire Les Cordier, juge et flic , créée en 1992. Il y incarnait la sagesse et la sévérité, dans des histoires compliquées à souhait où sa fille (Charlotte Valandrey), journaliste imprévisible, et son fils (Bruno Madinier), juge exigeant, lui menaient la vie dure. Mais, comme dans sa vie, c'étaient toujours la sincérité et la tendresse qui l'emportaient. "C'était un sage", a confié samedi Line Renaud à l'AFP. Entre 1949 --il a 24 ans-- et 2009, Pierre Mondy, de son vrai nom Pierre Cuq, a joué dans 95 films, son plus grand rôle étant sans doute Napoléon Bonaparte dans Austerlitz d'Abel Gance (1960). Il se produit dans de très grands succès comme Le comte de Monte-Cristo de Claude Autant-Lara (1961), Week-end à Zuydcoote d'Henri Verneuil (1964) ou Tranches de vie de François Leterrier (1985) et met en scène un film ( Appelez-moi Mathilde en 1969). "Si j'arrête, je me rouille" Mais la comédie sera son genre de prédilection et son nom restera associé à La 7ème Compagnie de Robert Lamoureux (1973, 1975, 1977), où il incarnait le sergent-chef Chaudard. Il mène parallèlement une carrière prolifique sur les planches et fera les belles heures d'au Théâtre ce soir comme acteur, mais surtout en dirigeant des monstres sacrés tels que Jacqueline Maillan, Poiret ou Serrault dans des pièces de Feydeau, Achard, Guitry, Francis Veber, Neil Simon. Il dirigea La Vénus de Milo de Jacques Deval, en 1962, Monsieur de Pourceaugnac de Molière, à la Comédie française, ou La poudre aux yeux d'Eugène Labiche, tous deux en 1987. Sous sa direction, La cage aux folles , écrite par son alter ego Jean Poiret, remporte un succès considérable. L'ami Jean et Michel Serrault la jouent plus de 1.500 fois. Une autre passion fut la télévision. Il a joué dans 90 films, feuilletons ou séries télévisés, sans compter les Cordier (60 épisodes). Pierre Mondy n'avait jamais songé à déserter la scène ou les plateaux. "Si j'arrête, je me rouille. Tant que vous avez la mémoire, l'énergie et l'envie, il n'y a pas de raison d'arrêter", expliquait-il récemment. Atteint d'un lymphome (cancer) soigné à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, l'acteur, confiait il y a deux ans: "Il faut relativiser beaucoup, chaque jour qui passe est un jour de gagné". "Revenir au théâtre, ça pourrait me tenter", ajoutait-il. Et celui qui fut Napoléon et soldat de La 7ème compagnie concluait: "Dans ma tête, je ne suis pas à la retraite".
