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Il y a 35 ans, Mike Brant se suicidait en pleine gloire, à 28 ans: un spectacle biographique, joué pendant deux ans en Israël dont le chanteur était originaire et donné à Paris au Théâtre Comédia, met en scène de façon très directe le mal-être chronique de la star.
En accord avec sa famille, Gadi Inbar a conçu une "pièce de théâtre musicale" mobilisant un sosie, dans une approche psychologique à la mesure de la vie tragique du chanteur, qui a connu un immense succès en vendant 15 millions de disques en cinq ans. Quelque 170.000 albums de Mike Brant s'écoulent encore chaque année.
L'auteur du spectacle "Mike, laisse-nous t'aimer !" a choisi d'officialiser l'une des thèses évoquées à l'époque: pour ses proches, Mike Brant, né Moshe Brand, souffrait du syndrome des enfants de déportés.
"Issu de parents rescapés de la Shoah mais irrémédiablement brisé par cette épreuve, il a été incapable de s'affranchir du poids écrasant de cette tragédie familiale", explique Gadi Inbar, qui n'a pas hésité à symboliser sur scène cette fêlure familiale par l'apparition d'officiers nazis.
Joué en français et monté avec une nouvelle troupe, le spectacle insiste sur l'incapacité du chanteur à faire face à son succès fulgurant mais aussi à l'indigence de certaines de ses chansons qu'il ne supportait plus.
L'impresario des dernières années est présenté comme un affairiste forcené qui l'aurait exploité et surtout entraîné dans la drogue.
Mike Brant est interprété par Grégory Benchenafi, comédien et chanteur dont une ressemblance travaillée et de belles capacités vocales lui permettent de délivrer une composition troublante. Accompagné par cinq musiciens, il interprète les grands tubes de la star: "Qui saura ?", "C'est ma prière", "Rien qu'une larme"...
Le spectateur suit Mike Brant de ses débuts de chanteur dans des bars d'hôtels, à l'origine d'un conflit irrémédiable avec son père, jusqu'aux années de gloire en France et dans plusieurs pays européens, sans oublier sa rencontre décisive à Téhéran en 1969 avec Sylvie Vartan et Carlos.
"Laisse-moi t'aimer", chanson prévue à l'origine pour un autre débutant resté dans l'ombre, sera son premier succès en 1970, avant une dizaine d'autres tubes qui l'installeront en quelques mois en idole d'une génération.
En pleine dépression nerveuse, et après une première tentative de suicide quelques mois plus tôt en Suisse, Mike Brant s'est défenestré le 25 avril 1975, à Paris. Il repose au cimetière de Haïfa, en Israël.
