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Après les studios Warner, Disney et Sony, la Fox se lance à son tour dans la production de films en mandarin pour le public chinois, espérant se faire une place dans un marché à la croissance fulgurante.
Fox International, une division de la major hollywoodienne, a été créée en 2008 pour "produire des films localement, notamment sur les marchés en forte croissance ou ayant déjà une production nationale abondante et solidement installée", explique à l'AFP son président, Sanford Panitch.
Active dans dix pays --Inde, Japon, Corée du Sud, Chine, Italie, Allemagne, France, Espagne, Brésil et Mexique-- Fox International a signé cette année son tout premier film en mandarin, "Hot Summer days" (Chaudes journées d'été), qui sort cette semaine aux Etats-Unis après sa sortie chinoise en février.
Le film, qui raconte les aventures croisées de plusieurs couples de jeunes chinois dans trois villes du pays pendant un été caniculaire, a récolté 20 millions de dollars au box-office chinois, "un beau succès", selon M. Panitch.
"La Chine est le marché qui croît le plus vite dans le monde et 50% des recettes étant réalisées avec des films chinois, il nous semblait opportun de participer à la production locale", explique-t-il.
"Les films les plus rentables dans l'histoire du pays sont tous sortis en 2009 ou en 2010", ajoute Stanley Rosen, professeur et spécialiste du cinéma chinois à l'Université de Californie du Sud (USC), soulignant le goût de la classe moyenne émergente pour le cinéma.
"Avatar" de James Cameron occupe la première place au tableau général, avec près de 200 millions de dollars de recettes, suivi par le film chinois "Aftershock" et les films américains "2012" et "Transformers 2".
Pour M. Rosen, le rêve des studios américains serait de garantir "l'accès au marché chinois pour les films américains", alors que les salles poussent comme des champignons dans le pays --un millier depuis début 2010. Mais les quotas sont stricts : seuls 20 films étrangers par an peuvent être distribués en Chine.
D'où l'idée de produire directement en chinois pour la Chine, ou de lancer des co-productions bilingues anglais-chinois "orientées vers le public occidental", dit-il, et exportables en Asie, aux Etats-Unis et en Europe.
La Fox n'est pas la première "major" à tenter l'aventure chinoise. La Warner avait ouvert la voix en 2004, suivie depuis par Sony ou Disney, qui développe une version chinoise de son film musical pour adolescents "High School Musical" --un sujet qui ne devrait pas trop effrayer la sourcilleuse censure chinoise.
Car si "Hot Summer days" ne semble pas avoir posé de problème, The Weinstein Company aurait eu quelques soucis avec "Shanghaï", un film sur la seconde guerre mondiale, sorti cet été en Asie, avec des personnages japonais. "Ces derniers étaient trop sympathiques et ça n'a pas plu au gouvernement. Ils ont dû faire des changements", affirme M. Rosen.
Fox International a déjà fini son deuxième film en chinois --"The butcher, the chef and the swordsman", présenté au dernier festival de Toronto-- et prépare le tournage du troisième, début 2011.
"La Chine est un marché très compétitif, car il y a beaucoup de producteurs et de studios locaux", observe-t-il. "Mais la bonne nouvelle, c'est que le marché est tellement vaste qu'il y a de la place pour tout le monde".
Enfin, travailler en Chine offre aussi la possibilité de "travailler avec de nouveaux talents", remarque M. Panitch, qui compte bien trouver "le prochain Ang Lee (le réalisateur taiwanais oscarisé pour +Brokeback Mountain+), le prochain grand cinéaste à qui l'on pourra confier un film hollywoodien".
