Partager:
A cinq jours de sa sortie, le film-événement "Coluche, l'histoire d'un mec" a bénéficié d'une publicité dont il se serait bien passé, l'ancien agent de l'humoriste, Paul Lederman, réclamant à la justice la suppression du sous-titre, sur lequel il détient des droits.
"Je veux que le film sorte", affirmait vendredi Paul Lederman.
Faux, lui répondaient les producteurs, convaincus que "cette procédure a pour unique objet de faire interdire la sortie de ce film" relatant la candidature du comique à la présidence en 1981.
"Il y a 470 copies dans la nature, le film sort mercredi prochain", a rappelé Me Isabelle Wekstein au tribunal, assénant qu'"une telle mesure, si elle aboutissait, arriverait à ce qu'il ne sorte pas", puisqu'il faudrait rappeler toutes les copies pour modification.
Le juge des référés Véronique Renard tranchera mardi à 14H00.
Concrètement, Paul Lederman, qui fut l'agent de Coluche jusqu'à sa mort en 1986, réclame la suppression du sous-titre "Histoire d'un mec", inspiré du titre du sketch "Histoire d'un mec sur le pont de l'Alma", dont Paul Lederman détient les droits.
Pour son avocat Me Louis de Gaulle, les sociétés de production Cipango, Studio 37 et France 2 Cinéma "ont utilisé la renommée de Coluche sans payer les droits. C'est proprement scandaleux".
Dénonçant "un trouble manifestement illicite", l'avocat réclame en outre 150.000 euros de dommages et intérêts dont l'intégralité, et non plus seulement la moitié comme promis au début, seraient reversés aux Restos du Coeur. Un montant à ses yeux "tout à fait proportionné" par rapport aux 1,7 million d'euros dépensés pour la promotion du film.
Devant Mme Renard, l'avocat a stipendié "le comportement frauduleux de Cipango" qui selon lui "a dissimulé le vrai titre du film jusqu'au dernier moment", provoquant lui-même le déclenchement d'une procédure d'urgence.
"Quand on me dit +J'ai découvert que le film sortait sous ce titre-là en septembre 2008+, on se moque du monde", a réagi Me Wekstein, produisant plusieurs courriers envoyés à M. Lederman à l'été 2007 où le titre "Histoire d'un mec" est déjà clairement cité.
"Les choses ont été faites dans les règles", a confirmé à l'issue de l'audience Antoine de Caunes, réalisateur de ce long-métrage interprété par un François-Xavier Demaison extraordinaire de mimétisme.
Le problème c'est que Paul Lederman pense que "personne d'autre que lui ne peut parler de Coluche. Il s'est approprié sa mémoire", a estimé le réalisateur, déplorant "une volonté de nuire".
D'un point de vue purement juridique, les défenseurs du film ont soutenu que le titre du sketch "Histoire d'un mec sur le pont de l'Alma" n'était "pas repris à l'identique" dans le titre du film. On ne peut donc selon eux parler de contrefaçon.
D'autant moins, selon Me Christophe Caron, que le titre "Histoire d'un mec" est une expression "désespérément banale", qui ne peut prétendre à être protégée en raison de son originalité.
Dénonçant "une mesure totalement disproportionnée qui porterait atteinte à la liberté d'expression", ainsi qu'un "abus (...) assez extravagant et invraisemblable", Mes Caron, Wekstein et Philippe Missika ont demandé au tribunal de débouter M. Lederman.
Ce dernier de son côté a assuré ne pas être "animé d'un esprit de lucre", comme on l'en accuse, mais vouloir protéger Coluche et son public. Avec un tel titre, le public va "s'attendre à un film sur la vie de Coluche, alors qu'on en prend juste un bout".
