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Le Tanztheater Wuppertal à Paris, sans "Pina" mais fidèle à son oeuvre

La chorégraphe allemande Pina Bausch n'est plus, mais "elle est là" : l'un de ses deux successeurs, le Français Dominique Mercy, emmène à Paris les danseurs "orphelins" et "fidèles" du Tanztheater Wuppertal, pour un vibrant hommage au Théâtre de la Ville.

Les deux programmes ("Vollmond" et "Masurca Fogo") à l'affiche à partir de mercredi soir et jusqu'au 28 novembre avaient été programmés avant la mort de la grande dame de la danse-théâtre, le 30 juin, à l'âge de 68 ans.

Ce devait être son 28e passage en trente ans au Théâtre de la Ville, sa deuxième maison après l'Opéra de Wuppertal (ouest de l'Allemagne). Trente-deux spectacles y ont été présentés depuis juin 1979, soit la quasi totalité de ses créations.

Après le décès de "Pina", comme on l'appelle affectueusement entre ces murs, le Théâtre de la Ville a maintenu la reprise des deux spectacles, tout en les intégrant dans un hommage plus vaste.

C'est ainsi qu'il accueillera dès mercredi "Pour Pina", exposition d'une cinquantaine de photographies de Guy Delahaye, qui a saisi les spectacles du Tanztheater Wuppertal dans un beau grain en noir et blanc.

Outre des projections au Goethe Institut ou à la Cinémathèque de la danse et la sortie d'un livre-DVD d'"Orphée et Eurydice" (Bel Air Classiques), splendide "opéra dansé", dix films seront diffusés au Théâtre de la Ville.

On y retrouvera des pièces emblématiques, âpres et sensibles, comme "Café Müller" et "Barbe-Bleue". Mais aussi "Dominique Mercy danse Pina Bausch", évocation d'une collaboration artistique et d'une amitié singulières, d'une longévité exceptionnelle, entre un danseur et une chorégraphe.

Dominique Mercy, 59 ans, qui a commencé à danser avec le Tanztheater à sa création en 1973, a été nommé en octobre codirecteur artistique de la compagnie, au côté de l'Allemand Robert Sturm, l'assistant de Pina Bausch.

Aura-t-il une feuille de route à respecter ? "Il n'y a pas besoin de cahier des charges, il y a suffisamment de travail", répond-il à l'AFP, allusion au répertoire de 25 pièces que la compagnie continuera à interpréter à Wuppertal et en tournée (une centaine de dates au total chaque saison).

"L'oeuvre est là, on a le devoir et l'envie de la faire vivre", souligne Dominique Mercy.

Le danseur évoque aussi la possibilité, "à plus ou moins courte échéance", que la compagnie crée de nouvelles pièces. "Je ne sais pas encore si ça viendra du coeur même de la compagnie ou si l'on fera appel à des gens de l'extérieur, mais rien n'est exclu", ajoute-t-il. Pas question en tout cas d'enfermer ces créations dans une "esthétique Pina Bausch", si tant est qu'il y en ait une.

"Ce serait bien la pire des choses, quand l'on pense à Pina, qui s'est donné à elle-même et nous a donné à tous le plus de liberté possible dans la créativité, de demander à quelqu'un de refaire ou de faire du +sous-Pina+. Ca n'aurait aucun intérêt", estime Dominique Mercy.

L'artiste mesure son "énorme responsabilité" à la tête d'une compagnie de 30 danseurs "magnifique, très forte et en même temps très fragile car on est tous orphelins".

"Il faut continuer à vivre, travailler, danser, c'est la meilleure preuve de fidélité que l'on peut donner à Pina", dit-il, en évoquant un phénomène "très curieux" dans la vie de la compagnie: Pina "est absente et en même temps elle a une présence tellement concrète. Ce n'est pas de la sentimentalité mais... Elle est là, tout simplement".

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