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Fusillade à Bruxelles: "Un tueur froid, quelqu'un qui a déjà vu la mort et qui a déjà tué"

La fusillade du Musée juif de Bruxelles qui a fait trois morts et grièvement blessé une quatrième personne pose encore beaucoup de questions. Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme, a tenté de répondre à certaines d'entre elles sur Bel RTL.

Claude Moniquet était l’invité de Bel RTL ce mardi midi et Frédéric Bastien lui a posé plusieurs questions sur la fusillade qui a eu lieu samedi au Musée juif de Bruxelles. Pour l’expert en contre-terrorisme, la menace est encore très clairement d’actualité. "Je crois qu’il y a plusieurs hypothèses : on peut être en face de l’acte d’un dément, c’est peu probable. On peut être face à un acte ciblé dû à la qualité de certaines des victimes, on y reviendra, mais ça me semble peu probable également. Ça pourrait être un acte lié à l’extrême droite, mais en Belgique aujourd’hui, à nouveau peu probable. Il reste donc une piste sur laquelle se focalise beaucoup d’énergie pour le moment qui est celle d’un djihadiste de type Merah, et Merah on le sait, avait agi à plusieurs reprises sur un laps de temps assez court, une dizaine de jours."

"C’est quelque chose d’un peu brillant qui pourrait être également la boucle d’une sangle de sac"

Concernant la possibilité que le tueur ait filmé son acte, M. Moniquet n’en est pas sûr. "De manière intéressante, le parquet ne confirme pas, mais ne dément pas donc on peut penser que c’est vrai. Cela étant, très clairement, il faut nettoyer les images et c’est ce qui est en train de se faire. Parce que ce qu’on voit, c’est quelque chose d’un peu brillant qui pourrait être également la boucle d’une sangle de sac."

"Le risque, la quasi-certitude qu’il va essayer de recommencer"

Pour l’expert en contre-terrorisme, les enquêteurs ont fait appel au public et de manière un peu originale. "Ça arrive assez souvent, la diffusion de portraits-robots par la police, c’est quand même un grand classique des enquêtes criminelles, mais pas toujours aussi rapidement. Là très clairement ce qui joue c’est l’urgence, c’est la nécessité, si on est en face d’une piste d’un djihadiste de type Merah, il y a le risque, la quasi-certitude qu’il va essayer de recommencer donc il faut le mettre hors d’état de nuire le plus vite possible."

Quelqu'un peut le reconnaître sur les images diffusées

Grâce aux images de vidéosurveillance, quelqu’un pourrait effectivement reconnaître le tueur. "Sur la vidéo on peut reconnaître les vêtements, on peut reconnaître certaines attitudes physiques, on peut reconnaître la casquette, quelqu’un pourrait dire j’ai croisé quelqu’un qui était habillé comme ça à 200 ou 300 mètres de là, un ami ou un membre de la famille pourrait dire que c’est comme ça qu’il s’habille. C’est une possibilité assez ténue il faut le dire, après maintenant il y a un travail qui se fait sur les images, il y a un travail de nettoyage d’une part et puis il y a un autre travail qui se fait aujourd’hui qui est de travailler sur des heures d’enregistrement sur des semaines de profondeurs", a précisé M. Moniquet.

"Voir si cette personne est venue faire des repérages"

Çe qui veut dire qu’on va aller rechercher des images de cette caméra qui l’a filmé, mais peut-être aussi de retracer son parcours. "Il y a deux choses, d’abord on voit où les caméras le perdent donc on va essayer de trouver différents endroits où d’autres caméras auraient pu récupérer son image pour essayer d’avoir quelque chose de plus utilisable et puis des images qui ont été prises par des caméras de sécurité de surveillance dans les semaines qui précèdent l’attentat pour voir si cette personne est venue faire des repérages ou d’autres sont venues faire des repérages et à ce moment-là essayer à nouveau d’identifier des auteurs."

La personnalité du tueur

Sur la personnalité du tueur, M. Moniquet s’intéresse principalement à une piste, celle d’une personne qui a déjà tué. "Je pense que c’est quelqu’un qui aurait pu être formé dans un camp en Syrie puisqu’on sait qu’il y a des centaines de jeunes Européens qui sont actuellement en Syrie ou dans des camps du Jihad. Il a beaucoup de sang-froid, c’est peut-être quelqu’un qui a déjà vu la mort, qui a déjà tué. Si on prend la séquence, on voit la personne contourner les deux corps des Israéliens qu’il vient de tuer pour ne pas marcher dans le sang, pour ne pas laisser de traces. Aller au bout du couloir, sortir sa deuxième arme très posément, tirer, tirer à bras tendu, de haut en bas parce que manifestement les deux autres victimes tentent de se protéger, ce qu’on ne voit pas fort heureusement, puis remettre son arme dans son sac et repartir, à nouveau en évitant les corps, sans une ombre de panique. On est en face de quelqu’un qu’on appelle un tueur froid alors que tuer, tirer c’est du bruit, c’est des éclairs de feu sortant de l’arme, dans un lieu bien clos donc beaucoup de bruit, de la fumée, des cris, la panique, la nervosité, l’adrénaline et il reste d’un calme olympien donc on est en face de quelqu’un qui sait ce que c’est une arme et qui, malheureusement, sait ce que tuer veut dire."

Qui était ciblé?

Mais il y a aussi la question de la cible de cette attaque : le musée, le personnel, le couple d’Israéliens ? "Si ce sont les personnes et non le musée qui étaient visées, on peut penser à un règlement de compte avec des personnes du musée, peu probable quand même, ou comme on l’a dit le ciblage des deux Israéliens qui ont un passé dans les renseignements. Il y a des milliers d’anciens des services secrets israéliens, donc pour que deux d’entre eux soient l’objet d’une opération ciblée, il faut qu’ils aient eu un rôle particulièrement important ou qui a particulièrement heurté une sensibilité particulière au Moyen Orient et si c’est le cas pourquoi les tuer dans ce musée et pas dans leur hôtel, dans un parc, dans un parking, dans un garage, dans un restaurant, dans la rue le soir quand ils rentrent chez eux."

"Malheureusement si on est sur la piste djihadiste, nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, on savait qu’un jour Bruxelles serait la cible d’un attentat, c’était écrit, ce n’était pas "si", mais "quand ?"", a-t-il conclu.

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