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Un tribunal ordonne à l'Etat belge d'améliorer la détention d'un terroriste présumé: son isolement ne serait pas bon pour sa santé mentale

La Belgique ne sait toujours pas quoi faire des islamistes radicaux détenus en prison. La création de d’ailes spécifiques dans les prisons d’Ittre et de Bruges, décidée par le gouvernement, n’est toujours pas une réalité, les syndicats estiment d’ailleurs que c’est irréaliste. Du coup, pour l’instant, les personnes soupçonnées de terrorisme sont placées à l’isolement. C’est le cas d’un suspect incarcéré à Lantin et à Huy, qui a obtenu du tribunal un jugement pour traitement dégradant, ses conditions de détention doivent être améliorées sous peine d’astreinte pour l’Etat belge.

Le tribunal des référés de Liège a ordonné mardi après-midi à l'Etat belge d'améliorer les conditions de détention d'un détenu placé sous régime spécial car présumé terroriste. En cas de non-application de la décision, l'Etat belge devra payer une astreinte de 500 euros par jour de retard.

Karim O., un Liégeois de 39 ans suspecté de faits de terrorisme, se plaignait de traitements dégradants depuis qu'il avait été placé en régime de surveillance rapprochée à la prison de Lantin, puis à celle de Huy. Cet homme suspecté d'avoir combattu en Syrie durant 7 jours en 2013 et d'appartenir à un groupe terroriste est en détention préventive.

Il avait fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. Il avait été interpellé en Espagne en juillet dernier, alors qu'il se rendait en Algérie, puis avait été transféré vers la Belgique.

Il est suspecté de s'être livré à des activités terroristes après la découverte d'une photo le montrant exhibant une arme. Selon son conseil, cette photo constituerait le seul élément à sa charge mais elle aurait été prise en Algérie, et non en Syrie.

L'inculpé a été placé en isolement total afin d'éviter qu'il propage son idéologie terroriste présumée aux autres détenus. Une évaluation psychiatrique a démontré que ses conditions de détention provoquent son isolement social et ont des conséquences sur sa santé mentale.

Le juge des référés a estimé que les mesures de sécurité imposées au détenu ne sont plus justifiées. Il n'existe pas d'observation concrète d'un comportement dangereux de ce détenu à l'intérieur de la prison. Rien ne démontre qu'il a tenté ou qu'il tentera de recruter des adeptes ou d'imposer ses idées, a estimé la justice.

Le juge ordonne à l'Etat belge de ne plus appliquer les mesures qui ont été décidées contre lui le 6 novembre dernier et a prévu une astreinte de 500 euros par jour de retard dans l'application de cette ordonnance.


Un endroit spécifique pour les détenus radicalisés

À Ittre et à Bruges, un projet pilote de section spéciale pour les détenus radicalisés a été annoncé. Mais il semble très compromis, car sur le terrain, il est impossible de séparer complètement les détenus: ils pourront toujours se parler à travers le grillage du préau.

Sur le fond, on ne sait pas si ces sections seront efficaces. Pour Michaël Dantinne, criminologue à l'université de Liège, c'est un pari risqué : "Le danger, c'est d'avoir un raffermissement de leur radicalisation, un effet d'entrainement, une sous-culture négative qui viendrait à se renforcer dans un contexte de détention qui est quand même favorable à un repli", a-t-il expliqué à Céline Hurner pour Bel RTL.

Ces détenus devraient donc être bien encadrés par des conseillers islamiques. Des formations anti-radicalisation des accompagnants doivent être prévues. Un bilan pourra seulement être dressé dans quelques années. Actuellement, les agents pénitentiaires attendent toujours des réponses et se demandent quand ces sections spéciales seront enfin mises ne place.

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