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Naufrage dramatique en Méditerranée: voici la première réponse de l’Europe

La Commission européenne a présenté ce lundi aux ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des 28 un ambitieux plan en 10 points pour tenter, après un nouveau naufrage qui aurait fait des centaines de morts, d'apporter des réponses au drame des migrants en Méditerranée, en renforçant notamment les patrouilles en mer et en s'attaquant aux trafiquants d'êtres humains, ce qui pourrait aller jusqu'à la destruction de leurs embarcations avant l'embarquement de passagers.

1. Renforcement des opérations de contrôle et de sauvetage Triton et Poséidon, mises en oeuvre par Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières, en augmentant leurs moyens financiers et matériels. Leur champ d'action, actuellement limité aux eaux territoriales des pays de l'UE, doit être élargi, éventuellement aux eaux territoriales des pays de transit, comme la Libye.

2. Confiscation et destruction des embarcations utilisées pour transporter les migrants, à l'image de l'opération Atalanta de lutte contre la piraterie somalienne au large de la Corne de l'Afrique.

La Belgique est prête à étudier une participation une opération militaire inspirée de l'exemple d'Atalanta -la force navale européenne qui lutte contre la piraterie somalienne dans la région de la Corne de l'Afrique-, a indiqué le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Luxembourg, élargie en dernière minute à ceux de l'Intérieur. Concernant l'accroissement des moyens financiers, M. Reynders a mentionné un doublement des crédits. Le commissaire européen aux affaires intérieures et aux migrations, Dimitris Avramopoulos, a ainsi annoncé "un effort systématique pour capturer et détruire les vaisseaux utilisés par les trafiquants" d'êtres humains. "Si nécessaire à la source", a précisé M. Reynders, soulignant que l'UE devrait dans ce cas disposer d'un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU pour intervenir dans des eaux territoriales, par exemple libyennes. Evoquant des contacts avec son collègue de la Défense, Steven Vandeput, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que le gouvernement était prêt à examiner "ce que l'on peut faire" pour participer au renforcement des opérations de contrôle et de sauvetage en cours. Le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, lui aussi présent lundi à Luxembourg, a pour sa part préconisé de s'attaquer aux causes de l'immigration suite au naufrage de centaines de migrants en Méditerranée, tout en reconnaissant que ce n'était pas chose facile. "Le plus important est de veiller à ce que ces personnes ne puissent plus monter à bord de ces bateaux de trafiquants d'êtres humains", a-t-il confié.

3. Coopération accrue entre les organisations EUROPOL, Frontex, EASO et EUROJUST pour réunir des informations sur les modes opératoires des trafiquants.

4. Déploiement d'équipes du Bureau européen de soutien à l'asile (EASO) en Italie et en Grèce pour aider à la gestion des demandes d'asile et à leur harmonisation.

5. Prise systématique des empreintes digitales de tous les migrants à leur arrivée sur le territoire des Etats membres.

6. Examen des options pour une répartition plus équitable des réfugiés entre les Etats membres de l'UE.

7. Programme de réinstallation dans les pays de l'UE de personnes ayant obtenu le statut de réfugié auprès du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Les Etats membres sont invités à participer à ce programme sur une base volontaire. Aucun chiffre n'est cité dans la proposition. Mais selon la Commission, il devrait bénéficier à 5.000 personnes initialement.

8. Programme pour les renvois rapides des candidats à l'immigration non autorisés à rester dans l'UE. Il sera coordonné par Frontex, avec les Etats membres en première ligne pour les arrivées en Méditerranée.

9. Action avec les pays voisins de la Libye pour bloquer les routes utilisées par les migrants. Le Niger est un des pays de passage et la présence européenne devra y être renforcée.

10. Envoi d'officiers de liaisons pour l'immigration au sein des délégations de l'UE dans un certain nombre de pays tiers. Ils seront chargés de collecter des informations sur les flux migratoires. Les 41 ministres présents ont apporté leur soutien à ce plan de la Commission pour faire face rapidement à l'afflux de réfugiés. Ces 10 points seront discutés lors du sommet extraordinaire des dirigeants de l'Union européenne prévu jeudi à Bruxelles.


Sommet européen extraordinaire jeudi

D'éventuelles décisions pourront peut-être être prises à l'occasion du sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement, jeudi. Un sommet européen extraordinaire sur le drame des migrants en Méditerranée aura en effet lieu ce jeudi à Bruxelles, après les dernières tragédies au large des côtes libyennes, a annoncé lundi le président du Conseil européen, Donald Tusk, tout en prévenant qu'il n'y avait "pas de solutions rapides".

"J'ai décidé de convoquer un sommet européen extraordinaire ce jeudi au sujet de la situation en Méditerranée", a annoncé M. Tusk sur son compte Twitter, après les derniers naufrages qui ont fait des centaines de morts. Une telle réunion avait été demandée dimanche par le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, et soutenue par plusieurs de ses homologues, dont le Britannique David Cameron et l'Espagnol Mariano Rajoy.

"Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe", a souligné M. Tusk dans un message vidéo. Il a listé "certains des sujets à aborder en urgence: comment arrêter les trafiquants d'êtres humains, comment augmenter nos efforts communs pour sauver les gens dans le besoin, comment mieux aider les Etats membres les plus touchés, et comment accroître notre coopération avec les pays d'origine et de transit". La situation en Méditerranée "nous concerne tous, c'est pourquoi nous devons agir et agir ensemble maintenant", a-t-il ajouté.

Mais M. Tusk a prévenu "ne pas attendre de solutions rapides aux causes profondes des migrations, parce qu'il n'y en a pas". "S'il y en avait, nous les aurions mises en oeuvre depuis longtemps", a-t-il insisté.

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