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En Staps, des étudiants soulagés d'avoir franchi l'écueil du tirage au sort

A Orsay, les étudiants de la filière Staps qui forme aux métiers du sport, la plus touchée par le tirage au sort, savourent leur chance d'avoir eu une place mais sont parfois déroutés, en ce début d'année, par le niveau et le contenu des cours.

Sur le campus au sud de Paris, dans l'Essonne, où de nombreux bâtiments des années 1970 jouxtent des terrains de sport en lisière de forêt, les premières années de licence en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) se perdent encore dans le dédale des couloirs, emploi du temps à la main.

"Jusqu'à mardi dernier, je n'étais prise nulle part", confie Estelle, qui après un bac sanitaire et social, se destine à une carrière de professeur d'éducation physique et sportive (EPS). Si elle n'avait pas été admise en Staps, elle aurait été en fac d'histoire, "par dépit".

"J'étais vraiment content d'être accepté", assure aussi Helio, 17 ans, qui a obtenu son premier vœu sur le logiciel d'admission post-bac APB en juillet. Le jeune homme ne pensait toutefois pas que le niveau de certaines matières serait "si poussé".

Pour son camarade Benoît, 18 ans, bac ES, qui a redoublé sa première année, ce fut carrément la douche froide l'an dernier: "quand je suis arrivé, je pensais que je ferais surtout du sport". Les autres matières présentes au programme - anatomie, physiologie, psychologie, ou encore biomécanique - il ne s'y "attendait pas du tout".

Benoît met aussi en garde contre les "pièges de la fac": "on est libre, on peut sécher les amphis si on veut, c'est facile de vite décrocher"...

Comme chaque année, ils ont été nombreux à demander une place en Staps lors de leur inscription sur APB --33.000 premiers voeux en 2017--.

Cette filière est la plus touchée par le tirage au sort, qui a lieu quand les demandes excèdent le nombre de places. Lors de cette rentrée, quelque dix mille jeunes n'ont pu être acceptés pour suivre la première année de licence, selon l'association nationale des étudiants en Staps.

- 'Certains baissent les bras' -

Mardi, des manifestations ont eu lieu dans toute la France pour réclamer l'accueil de tous les candidats et des "conditions d'études décentes". Faute de places, certains étudiants sont en effet contraints de "suivre les cours dans les escaliers par endroit", dénonce l'association.

A Orsay, cette année encore, on a poussé les murs. "On a pris un groupe de plus, à la demande du ministère", indique à l'AFP Christine Le Scanff, directrice de l'UFR Staps. La fac a ainsi accepté 370 étudiants - une trentaine de plus que l'an dernier - pour 950 demandes. En comptant les redoublants, un peu plus de la moitié passeront en seconde année.

"On jongle avec les locaux, les enseignants", soupire la directrice. "On nous demande d'accueillir tout le monde et en même temps, on ne nous en donne pas les moyens."

Comme chaque fois, et pas seulement en Staps, des places dans les amphis devraient se libérer vers la fin du premier semestre, en raison de l'abandon d'un certain nombre d'étudiants. "Certains baissent les bras à cause du niveau, qu'ils trouvent trop élevé, ou parce qu'ils ne s'étaient pas suffisamment renseignés et que ça ne leur plaît pas", explique Charlotte Bronner, vice-présidente de l'association des étudiants en management d'Orsay, en master 2 de Staps.

Selon elle, les débouchés ne sont pas suffisamment connus de tous: "les futurs étudiants pensent qu'on vient en Staps pour être prof de sport mais la filière ouvre aussi sur des métiers d'entraîneurs sportif, d'ergonomes, de managers..."

Beaucoup de jeunes reconnaissent un vrai problème d'orientation dès la seconde. Quant aux prérequis, actuellement en discussion pour l'entrée à l'université, ils y semblent le plus souvent opposés. A l'instar de Lucas, 18 ans, titulaire d'un bac ES: "Certes, cela ferait baisser le nombre de candidats. Mais cela réduirait aussi les chances de gens comme moi", qui arrivent en Staps sans spécialisation scientifique.

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